La réforme des retraites aux risques du barreau

Avant même de capituler… comme il risque de le faire dans la perspective des grèves de décembre sur le régime des cheminots… comme l’avait fait un Juppé en 1995, quitte disait droit dans ses bottes… le pouvoir semble en passe de renoncer à intégrer la retraite des avocats dans son projet de réforme instituant un soi-disant régime universel.

“Universel”, rappelons-le, signifie, dans le langage technocratique du modèle français : applicable à l’ensemble des habitants de l’hexagone. Les principes juridiques en vigueur interdisent à cet égard de distinguer l’étranger du régnicole. Et il ne s’agit pas en l’occurrence d’un point de détail. Le système étatiste de monopoles assurantiels que nous nommons “sécurité sociale” agit puissamment sur un mouvement démographique dont les effets s’aggravent d’année en année : les “bons”, les actifs, les créatifs, les productifs tendent à s’évader ; les improductifs au contraire alourdissent les flux migratoires.

Pour leur part les avocats français, incorporés de force à un régime corporatif réorganisé en 1979, n’ont guère à se poser le problème de l’immigration. Le fait est que leurs cotisations sont lourdes et leurs pensions légères, quand ils en bénéficient, c’est-à-dire rarement. Ils n’ont pas le choix : c’est le seul métier qu’il est effectivement interdit d’exercer (en allemand : “Berufverboten”) dès lors qu’on s’avise de ne pas être affilié à la Caisse nationale des barreaux français, accessoirement la seule caisse dont les comptes n’apparaissent pas en rouge.

Rappelons aussi que le barreau reste une “corporation”, au sens de la législation de l’État français, à l’instar de quelques métiers organisés de manière monopoliste en “ordres” comme la médecine, la pharmacie, les géomètres arpenteurs, etc.

Il est donc parfaitement logique que cette profession qui, par ailleurs dispose par définition de juristes compétents, se mobilise pour faire reculer le projet consistant à lui faire payer encore plus cher une assurance vieillesse largement inutile.

Cette situation empêcha, d’ailleurs, au sein du défunt CDCA que les avocats sympathisants puissent se joindre, et participer effectivement à la grève interprofessionnelle des cotisations, ce qui eût renforcé singulièrement cette lutte, ancêtre d’une partie des Gilets jaunes, et comme eux dépourvue de cadres.

Or, si le pouvoir cède sur ce cas, apparemment ponctuel, pour ne pas dire marginal, il ne pourra pas prétendre tenir bon face à une mobilisation des syndicats de cheminots, autrement plus lourde de conséquences pour la vie quotidienne du pays. Dès lors qu’elle cesserra de faire semblant d’être “universel” par une exception, la réforme des 42 familles de “Régimes de retraite”, un mot ambigu utilisé à la fois pour les caisses et pour les obligations d’affiliation, se révélera impossible.

À vrai dire, les embûches se multiplieront.

Annoncée en 2017, la réforme des retraites était présentée dans un lot de promesses inconsidérées, comme la suppression de la taxe d’habitation, qui, toutes, posent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent, ne serait-ce que parce qu’elles ne s’appuient sur aucune réflexion organisée. En 2019, le nouveau pouvoir issu de ce bonneteau présidentiel n’a pas su entreprendre dans les 100 premiers jours du gouvernement les chantiers qu’il avait évoqués, sans les avoir vraiment préparés, et auxquels une partie de l’électorat avait cru

On en repoussera donc l’échéance, de façon commode, au prochain quinquennat. Et les calendriers parlent désormais de 2025 sans que l’escroquerie soit dénoncée.

La supercherie initiale a consisté à se réclamer d’un “réformisme” tous azimuts qui séduisit naguère une partie de l’électorat mais qui se révèle aujourd’hui vide de sens. Interrogeons-nous aussi de la véritable fonction d’un chef de l’État qui, souvenons-nous, après s’être laissé surnommer Jupiter, et maître des horloges, essaye de faire croire aux Français d’outre-mer après ceux de la métropole, qu’il va faire baisser les prix dans les supermarchés tout en rémunérant mieux les fournisseurs des centrales d’achat…

N’est pas réformateur qui veut, et les affligeantes déclarations d’un amour “éperdu” lancées en direction du peuple français auraient dû mettre la puce à l’oreille d’un peuple qui se targuait naguère de “vivre de bonne soupe et non de beau langage”.

Les nez de Pinocchio remue étrangement. À voir ses gestes nerveux, on pourrait croire qu’il sniffe. Hélas, une prise de coke ne remplacera jamais la flamme d’une volonté réelle de réveiller, de responsabiliser et de redresser la nation.

> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog LInsolent.fr.

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2 Comments

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  • Boutté , 26 octobre 2019 @ 20 h 40 min

    Le but de la manœuvre est de récupérer la tirelire des professions qui ont bien géré leur magot pour le donner aux caisses de celles gérées par l’Etat ou par les syndicats .

  • Sonja , 27 octobre 2019 @ 14 h 19 min

    Et continuer à piller les français qui travaillent ont travaillé, ont construit notre France et offrir tout notre pays à des populations sans scrupules qui ne savent que détruire sans respect comme elles l’ont pratiqué en Afrique où pendant + d’1 siècle on les a aidées à évoluer en termes de moyens financiers et d’éducation qu’en terme de technologies et qui, leur indépendance acquise, ont tout pulvérisé parce que dans l’incapacité totale à se gérer. Des populations qui n’ont jamais cotisé, ne cotiseront jamais parce qu’inaptes au labeur pour subvenir à leurs besoins.
    C’est par la fripouillerie politique depuis 40ans qui nous ponctionne hic und nunc pour remplir des caisses que l’on alimentera à perpète sans remettre en question ses défections et celles des syndicats gauchistes . Mais avec le dangereux au pouvoir c’est puissance 1000.

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