Histoire des rapports France-Algérie ou l’infamie d’une repentance illégitime (2/3)

Tribune libre de François Préval*

François Hollande l’avait promis dans son programme, il l’a fait, il a condamné solennellement la répression de la manifestation FLN du 17 octobre 1961. Avec moult trémolos et solennités, le chef de l’État fraîchement élu a, avec la bénédiction des grands médias, des élites gauchistes et des associations stipendiées, flétri l’action de la France et rendu hommage à ses ennemis. Encore une fois, nous avons versé dans la repentance la plus honteuse et la plus injustifiée et, encore une fois, tout le monde (ou presque) a accepté que soit salie la France et son histoire. Cet acte de repentance n’a pourtant absolument pas lieu d’être, non seulement parce qu’il repose sur des mensonges avérés (nous y reviendrons plus en détail) mais aussi parce qu’il fait totalement abstraction d’un contexte propre très particulier, celui de la Guerre d’Algérie. Il importe de connaître réellement cette période de notre histoire ainsi que celles qui l’ont précédées, celle des attaques des pirates barbaresques qui écumèrent l’Europe côtière jusqu’au XIXe siècle et bien sûr celle de la période coloniale française de l’Algérie…

I – XVIe-XIXe siècles, les razzias des barbaresques

II  XIXe-XXe siècle, l’Algérie française

D’abord limitée à Alger et à ses environs immédiats, la conquête française va se prolonger dans l’arrière-pays. Les années 1830-1837 voient la conquête du littoral et de Constantine, tandis que la période 1839-1847 est caractérisée par les campagnes contre l’émir Abd-El-Kader et sa soumission finale. Une ultime campagne en 1854-57 permet la soumission des tribus kabyles de Lalla Fatma N’Soumer. Dès lors, les principales campagnes militaires françaises en Algérie seront essentiellement des pacifications, comme celle réprimant la révolte des Mokranis en 1870-71. Le Sud du Sahara ne sera complètement pacifié qu’en 1902 avec la capitulation des derniers chefs rebelles. Mais les Français ne se contentent pas de conquérir l’Algérie, ils tâchent également de l’administrer. Ce sont d’abord les militaires qui se chargent de cette tâche, par le biais des Bureaux Arabes créés en 1844. Le statut de l’Algérie change en 1848 : de colonie, elle devient territoire français et est découpée en départements. C’est également à partir de cette période qu’elle devient une colonie de peuplement, avec notamment l’arrivée des révolutionnaires de 1848 et des opposants au coup de force de Napoléon III en 1852, tous déportés en Algérie. Ils seront rejoints après 1870 par des Alsaciens et des Lorrains désireux d’échapper à la tutelle allemande. On verra également venir des colons originaires d’Espagne, d’Italie et de Malte. Sous la IIIe République, le pouvoir est transféré aux fonctionnaires civils et une vraie politique de francisation est entreprise. C’est surtout sur le plan du développement économique et des infrastructures que la France va réaliser son œuvre la plus remarquable. Un grand soin est apporté au développement de l’artisanat, des industries agro-alimentaires, des industries chimiques et de la métallurgie. Le travail continu apporté à ces différents domaines a donné des chiffres impressionnants : ainsi, dans les années qui précédaient la guerre d’indépendance, l’Algérie produisait plus de 27 000 tonnes d’acier, plus de 480 000 tonnes de ciment et plus de 280 000 tonnes de briques. Pour ce qui concerne les voies ferrées, la construction du réseau démarra en 1859 avec la ligne Alger-Blida pour s’étendre sur 1 365 kilomètres. En 1940, le réseau était passé à 5 015 kilomètres. Le réseau routier avait atteint 54 000 kilomètres, dont 31 routes nationales, à son apogée, avec un parc automobile de 100 000 véhicules. Le symbole de cet enrichissement de l’Algérie par l’action de la France demeure la plaine de la Mitidja à Boufarik (photo), qui servira de cadre aux célébrations du centenaire de l’Algérie française en 1930. Déserte, cette région fut entièrement irriguée et cultivée par les Français pour devenir l’un des plus grands terrains agricoles du pays, produisant notamment le quart du vin algérois en 1930 ! Face à un tel investissement de la France métropolitaine, la question se pose alors de savoir si l’Algérie a rapporté financièrement à la France. Jacques Marseille a parfaitement démontré l’inanité du cliché de la métropole exploitant jusqu’à la sève sa colonie, calculant qu’entre 1830 et 1900, la France investissait près de 5 milliards de francs pour seulement 12 milliards de chiffres d’affaire de commerce extérieur alors que l’étranger pouvait en obtenir 6 milliards sans frais. De même, il démontre que l’extraction du pétrole saharien à partir du milieu des années 1950 risquait de coûter d’avantage que de rapporter, y compris dans circonstances optimales. Il apparaît donc évident que, loin d’être une bonne affaire, l’Algérie a coûté beaucoup à la France et qu’en aucun cas, elle ne fut pillée par cette dernière. De manière attendue, les centres urbains s’étendent et la population augmente. Après une stagnation autour de trois millions jusque dans les années 1890, la population arabo-musulmane augmente rapidement, passant environ sept millions à la veille de la guerre, tandis que la population européenne, après une forte croissance entre les années 1860 et 1880 (de 200 000 à 800 000), se stabilise à un peu plus d’un million jusqu’en 1954. On peut donc difficilement parler de génocide, sauf à faire preuve d’ignorance ou de malhonnêteté, concernant les populations arabo-musulmanes d’Algérie durant la période coloniale française.

*François Préval est docteur en Histoire.

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22 Comments

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  • labik , 28 décembre 2012 @ 9 h 12 min

    Tahar ! ce n’est pas vrai ! Les écoles publiques étaient ouvertes à tous , sauf les écoles religieuses . Quel âge avez vous ? avez-vous connu ce dont vous parlez ?
    Qu’il y ait eu , à l’âge adulte , beaucoup plus d’algériens arabes ou kabyles que français , italiens , ou espagnols , oui . Mais la scolarisation était obligatoire et gratuite pour TOUS .
    Au lycée Bugeaud , à Alger , un seul étudiant ou écolier était amené en voiture , avec chauffeur ;: le fils d’un limonadier arabe très riche .
    Il faut noter aussi , que dès ses débuts , le FLN avait interdit la fréquentation des écoles et faculté française . Je vous laisse juge de l ‘opportunité de la mesure ; mais çà n’a bien sûr pas donné un coup d’accélérateur à l ‘alphabétisation de la population autochtone .

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