Nicolas Sarkozy : l’emballage change mais le contenu reste le même

Il se veut plus humble, moins personnel, plus « humain » peut-être, plus sage en un mot. Mais le fond, comme la forme restent les mêmes. La hauteur qu’il souhaite afficher, la sérénité avec laquelle il entend désormais gouverner, prenant le temps pour éviter l’emballement de l’immédiateté, si elles se confirment, auront le mérite d’éviter, peut-être, de désastreuses précipitations. Mais malheureusement, la retraite de Nicolas Sarkozy ne lui a, semble-t-il, pas ouvert les profondeurs du réel. Nous aurons donc, et tel est bien notre drame, un énième débat de premier ministre. Et en 2017, nous n’aurons à nouveau pas le choix entre des programmes présidentiels, faits des grandes questions fondamentales, mais nous serons encore une fois condamnés à voter pour des recettes de cuisine pour apprenti-sorciers.

Il est vrai que le journaliste lui posait des questions précises et que, peut-être, au-delà de celles-ci et des réponses du candidat à la présidence de l’UMP, se trouve un fond que l’entretien n’a pas permis de rendre. Il est vrai aussi que les journalistes, de plus en plus étriqués, et esclaves d’une opinion publique qu’ils ont façonnés, mais dont ils sont devenus dépendants, sont désormais incapables de sortir des cadres prémâchés qu’ils ont imposés au monde. Sortir du technique et de l’agencement de cubes sur une étagère bien étiquetée leur est aujourd’hui impossible. En un mot, le journaliste moyen ne sait plus penser par lui-même. Il reproduit des schémas à l’aide de données qu’il est formaté à identifier. Arrachez-leur cette sécurité pré-pensée et ils perdent pied.

Voilà à quoi ressemblait cette interview du grand retour. Un dialogue attendu autour d’un jeu de cubes bien connus. Qu’a dit l’ancien président ? Rien d’autre que des formules techniques entendues et identifiables par le journaliste. Qu’a fait ce dernier ? Rien de plus que disposer ces formules selon l’algorithme préconçu d’un discours dit de droite, comme il combinait en parallèle le jeu de cubes Hollande selon l’algorithme de gauche.

Bref, nous n’en sortons pas, parce que les responsables politiques sont aujourd’hui obligés de se soumettre à la dictature du langage médiatique. Or ce langage est construit pour favoriser non la pensée et la liberté, mais le lavage de cerveau et la contrainte. Il est aujourd’hui impensable de faire de la politique au sens fort et noble du terme, car pour s’adresser au peuple, il faut se résoudre à n’être que des techniciens, des chefs de services d’une bureaucratie économico-sociale.

Ainsi ce pays est-il désormais figé dans un schéma étroit. A tel point qu’il est parfois bien difficile de cerner où est la gauche, où est la droite. Mais il est une alternative à cette asphyxie du système politico-médiatique. Les sites et blogs appelés médias alternatifs. Or, comme c’est curieux, la loi Cazeneuve, adoptée la semaine dernière, permet désormais de fermer sans décision de justice un site internet (pour l’heure pour cause de terrorisme présumé).

La France est de moins en moins un pays de liberté. La liberté de choix nous est interdite, dès lors qu’il n’y a pas de choix. La liberté de penser nous est refusée, dès lors qu’il n’y a plus de matière en dehors de la pensée unique. La liberté d’expression nous est retirée, dès lors que la censure (gouvernementale ou médiatique) se fait couperet voire guillotine. La liberté la plus fondamentale nous est confisquée, dès lors que les choix les plus fondamentaux sont esquivés. Et c’est bien notre drame et la marque du totalitarisme dans lequel nous nous enfonçons. Il n’y a plus de discussion possible sur les fondamentaux, car ils sont ignorés, rejetés ou camouflés sous des amas de débats secondaires qui sont autant de contrefeux allumés par ceux-là même qui les nient.

Si nous voulons transformer l’essai de mois et de mois de mobilisation, il nous faut bousculer l’échiquier politique et obtenir de déplacer les enjeux électoraux. Certes, le chômage, la précarité et l’immigration sont des questions premières dans l’ordre du vécu. Mais le chômage est avant tout une certaine conception de l’économie et du travail. La précarité est en dépendance de la vision de l’homme, de la solidarité et de la charité. L’immigration suppose une véritable question éthique et identitaire. Tant que nous mettrons la charrue avant les bœufs, tant que nous chercherons à traiter la brûlure du corps sans régler la maladie qui le consume, toute politique est vaine, toute marche, fut-elle portée par des millions de pieds, est vouée à l’échec. La seule réforme possible est celle des racines mêmes du système. Et pour ce faire, il faut contraindre les médias et les politiques qui passent par eux de braquer leurs projecteurs sur le fondement même du problème !

Il est urgent qu’un programme politique, qu’une diffusion médiatique se fassent les hérauts de la vérité anthropologique. Tant que l’Homme ne reprendra pas droit de cité dans les débats, il est inutile d’espérer changer quoi que ce soit. Et pour les esprits chagrins qui voudraient me taxer de maçonnerie, je leur répondrais qu’existentiellement et essentiellement l’Homme suppose Dieu. Pour les autres esprits chagrins qui se plaisent à me décrire intégriste, je leur répondrais de faire un petit tour d’horizon. Partout où Dieu a été exclu du processus de pensée et d’action, l’Homme en tant qu’être porteur d’une dignité intrinsèque et en tant qu’acteur privilégié de son sort, s’est effondré.

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14 Comments

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  • pas dupe , 26 septembre 2014 @ 15 h 14 min

    Une chaîne info a rapporté que Sarkozy avait déclaré que ceux qui touchent le RSA devront travailler pour la collectivité !!!!
    Il nous prend pour des billes !
    C’est la politique allemande. C’est appliqué en Allemagne où des allemands sont payés 1 euro de l’heure !!!
    Ce monsieur qui habite un appartement aux frais des Français alors qu’il possède un appartement à Paris et qu’il ambitionne même d’aller vivre à Londres. Pourquoi pour cacher son train de vie et surtout l’utilisation de fonds pour lesquels il est poursuivi en France ????

  • montecristo , 26 septembre 2014 @ 18 h 31 min

    Monsieur Cyril Brun …vous m’avez emballé !

    Voilà un article fondamental qui devrait être la Bible de tous les politiques qui nous gouvernent.!

    Je verrais bien cet article en préambule de toutes les décisions du gouvernement.

    Il touche aux fondements mêmes de notre civilisation.

    J’estime que les prochaines élections ne devraient tourner qu’autour des concepts que vous formulez ici … avec sagesse et clairvoyance !

    Depuis trop longtemps je suis désolé de n’entendre que des “micros trottoirs” de nos politiques et de nos journalistes.
    Depuis trop longtemps il m’apparaît qu’aucun ne semble considérer les problèmes de fond !

    Malheureusement … on a toujours tort d’avoir raison avant les autres.

    Mais je pense que votre discours arrivera sur le tapis un jour où l’autre … parce que vous mettez le doigt précisément sur l’essentiel … voire même vital !

    Personnellement … je le conserve précieusement !

    Un grand MERCI !

  • pas dupe , 27 septembre 2014 @ 9 h 04 min
  • Damien , 27 septembre 2014 @ 20 h 44 min

    Il ment comme il respire! Par exemple, JAMAIS Marine Le Pen n’a incité ses sympathisants à voter pour Hollande! C’est faux! Qu’il le prouve!

  • Damien , 27 septembre 2014 @ 20 h 48 min

    C’est par défaut que des gens ont voté pour Hollande! Parce qu’ils ne pouvaient plus voir la gueule de ce Pinocchio !
    Du même avis que “Pas dupe” !

  • Allonzenfants , 30 septembre 2014 @ 12 h 28 min

    Ce que dit Mr Brun est bel et bon ! Mais je note une contradiction au fil de sa démonstration et lorsqu’il affirme qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs, c’est parfait….sauf qu’il me semble tomber dans ce travers ; incompréhensible compte tenu de la justesse de son analyse, très partielle cependant.
    Je m’explique : s’il est vrai que “chomage, précarité, immigration” sont des manifestations de désordres beaucoup plus profonds, il oublie, d’une part, de relier ces problèmes concrets donc, aussi, éminemment politiques au problème majeur qu’il traite pourtant auparavant : le totalitarisme de la pensée politiquement correcte, verrouillé par un système de plus en plus liberticide : celui-ci a été initié -il faut le rappeler- par la droite, aggravé puis confirmé par toutes les alternances gauche/droite depuis. Alors, lorsque Mr Brun (bonjour, Escartefigue :-) pardon, je n’ai pas pu résister), Cyril Brun, donc, écrit : “..diffusion médiatique..hérauts de la vérité anthropologique..l’Homme reprenant droit de cité dans les débats..INUTILE D’ESPERER CHANGER quoique ce soit ” ! Je me dis – bon sang mais c’est bien sûr ! Il faut D’ABORD RESTAURER LA LIBERTE, politique notamment et, par exemple, en inscrivant la liberté sur le Net dans la constitution; et pour cela il faut PRENDRE LE POUVOIR. Et qui, depuis longtemps a, non seulement promis et se bat pour cela, mais démontré qu’il était possible de bousculer le conformisme journalistique pour tenir un langage de vérité (qu’on peut discuter, la question n’est pas là), contrairement à ce mauvais VRP qu’est N.Sarkozy? Pourquoi Mr Brun n’évoque-t-il même pas le combat que mène le FN depuis plus de 30 ans, avec des succès grandissants qui nous redonnent ESPOIR ? C’est politiquement incorrect?
    Pour finir et donner la réplique à mon “d’une part”, j’ajoute que “d’autre part”, il n’est fait aucune mention du poids liberticide considérable de l’Union Européenne : les défenseurs des “valeurs-fondamentales-de-droite” sont en train de s’en rendre compte; aucun combat dans ce domaine ne vaut sans sortie de cette Europe . Or, une fois encore, qui mène cette bataille, où ce trouve le clivage politique ?

  • Grégoire , 6 octobre 2014 @ 9 h 45 min

    En France malheureusement nous n’avons ni fondamentaux ni politiques concrètes et efficaces.

    Les hommes politiques français, pour reprendre le classement de Cyril Brun, que je remercie pour son article, ne sont ni bons “premiers ministres”, ni “hommes d’Etat”.

    Car il leur manque la même profondeur d’analyse et le même désintéressement, à la fois pour résoudre les questions concrètes posée par la gestion désastreuse de l’Etat et par la santé chancelante de l’économie, responsable de la précarité, mais également pour donner les grandes orientations de fond qui permettront à la France d’éclairer à nouveau les nations : ces questions, plus fondamentales, sont celles de la souveraineté, de la laïcité, de la politique étrangère, de la bioéthique, de la natalité etc.

    Pour les recettes économiques une Angela Merkel nous aiderait beaucoup. Mais avons nous une seule personne compétente courageuse et désintéressée parmi nos grands élus ? Qui puisse sans idéologie mener la barque ?

    Pour le reste, il faudra un choc plus fort pour une prise de conscience plus libre. Malheureusement, elle parait encore loin !
    C’est à nous d’y travailler !

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