Un Français nommé Hervé Gourdel vient d’être décapité. C’est horrible, c’est dramatique, c’est insupportable, c’est injuste, c’est… tout ce que l’on n’aurait pas voulu, mais cela est.
Un Français vient d’être décapité… un de plus. Mais les autres ne comptaient pas. Tous ceux qui furent décapités, émasculés, éventrés, coupés en morceaux, ébouillantés, Français remis à leurs bourreaux, Français européens ou Français musulmans.
Ils ne comptaient pas parce qu’il fallait se débarrasser de l’Algérie française. Ils ne comptaient pas parce qu’il ne fallait pas dire, pas voir, pas faire savoir que les mêmes forces d’extrême islamisme étaient en jeu.
Il ne comptaient pas parce que De Gaulle bradait tout, trahissait ses promesses, emprisonnait les meilleurs de ses armées, éliminait les ralliements des rebelles épuisés, méprisait ses compatriotes qui l’avaient porté au pouvoir pour une mission précise. Oui, le trop fameux général, était pressé d’aller jouer dans la cour des grands, ne comprenant pas que l’équilibre du monde se jouait bien plus dans l’émergence de la troisième vague islamique que dans le souk des marchands européens. Il avait volé « vers l’Orient compliqué avec des idées simples ».
Ils ne comptaient pas parce que le minimum de sécurité qui aurait dû leur être accordé fut bafoué lors des massacres d’Oran du 5 juillet 1962, l’armée française – à quelques exceptions près – restant vraiment « la grande muette », l’arme au pied pendant que les Pieds-Noirs (des Français… mais de seconde zone) se faisaient massacrer. Ils ne comptaient pas parce que, de toute façon, l’armée française avait tiré sur une foule désarmée le 26 mars à Alger, faisant près de 80 morts.
“Un Français vient d’être décapité… après tant d’autres… avant combien d’autres ?”
Ils ne comptaient pas puisque les traîtres « porteurs de valise » furent protégés, récompensés, promis et promus à de hautes fonctions officielles.
Ils ne comptaient pas non plus pour les millions de bons Français de Métropole qui votèrent en masse, à plus de 90% pour sa politique algérienne, des Français qui ne voulaient pas voir, pas savoir, pas comprendre.
Ils avaient à peine compté lorsqu’ils étaient venus, quelques années auparavant, par l’Italie, en passant par Cassino, débarquant sur les côtes de Provence, remontant jusqu’à Berchtesgaden. Mais ils ne comptaient plus. Ils avaient déplu à « Sa Hauteur. »
Ils ne comptaient pas pour la France. Mais ils comptaient pour leurs bourreaux : autant de points acquis dans le terreau des masses musulmanes, et dans celui de la lâcheté européenne. Ils comptaient comme autant de jalons dans une stratégie de long terme. Ils comptaient autant que la lâcheté des grandes nations devant la montée de l’hitlérisme, ils comptaient autant que ces foules d’imbéciles heureux allant au Bourget saluer les accords de Munich signés par Daladier qui s’exclama « Ah ! Les cons ! »
Et nous pouvons dire, depuis 1958 : « Ah ! Les mêmes cons !
Un Français vient de se faire décapiter. Souffrance d’un homme, d’une famille, des amis, et des inconnus, dont l’auteur de ces lignes. Oui, mais aussi, lâcheté grandiloquente d’un pays depuis une soixantaine d’années. Cela compte dans une guerre que l’on se refuse à mener.
Un Français vient de se faire décapiter. Ceux qui ont porté le coup fatal s’en vantent. Mais ceux qui ont laissé leurs bras s’armer vont-ils encore se payer de phrases toutes faites ? Vont-ils s’exempter de leurs responsabilités en ajoutant le chaos de quelques bombardements mal ciblés à la lâcheté intérieure ? Vont-ils enfin comprendre qu’à vouloir renverser des dictateurs, certes peu tendres, ils ont bousculé la fourmilière et laissé le champ libre au pire ? Vont-ils enfin comprendre que toutes les nations du monde ne sont pas miscibles ? Vont-ils enfin comprendre qu’il faut préférer l’injustice à un désordre ?… Parce que le désordre entraîne une injustice plus grande encore. Vont-ils enfin vouloir exister ? Veulent-ils encore… survivre ?
Survivre… le veulent-ils vraiment, tous ces « ils », ceux qui se parent de grands mots, qui ont périodiquement déposé leur petit chèque en blanc dans l’urne, pour en arriver où nous en sommes, ce qui, en démocratie, s’appelle… être responsable.
Un Français vient d’être décapité… après tant d’autres… avant combien d’autres ?
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