La sortie du sénateur UMP Éric Doligé, qui a “des instincts meurtriers” contre “Hollande et sa bande” fait dire dans Le Figaro à Christian Delporte, spécialiste de la communication politique, que « la violence verbale est symptomatique d’un clivage politique fort ». “L’utilisation d’une rhétorique guerrière est symptomatique de la violence du clivage politique, particulièrement forte aujourd’hui”, affirme le spécialiste, qui s’en tient aux déclarations. C’est toute l’erreur de son analyse. Car si l’on croit Nicolas Doze, la politique fiscale en cas de réélection de Nicolas Sarkozy n’aurait sans doute pas été très différente de l’actuelle tandis que, selon Éric Zemmour, la réforme de la justice de Christiane Taubira n’est rien d’autre que le prolongement de la réforme de Rachida Dati.
On le voit bien, en matière d’actes, la différence entre la gauche et la “droite” n’est perceptible qu’à la marge. En gros, la “droite” (je mets des guillemets car il s’agit d’une fausse droite, légèrement moins à gauche que la gauche et ce, d’ailleurs, uniquement à cause des électeurs) a dix ans de retard sur la gauche, s’abstient généralement d’initier les processus, et les rares fois où elle initie, le fait avec le soutien de la gauche et de manière hypocrite (loi Veil qui commençait par poser un beau principe dont on savait qu’il ne serait, en pratique, pas respecté, plus récemment le projet d’union civile, etc.), ne revient pas sur ceux enclenchés par la gauche – sens de l’histoire oblige, et les consolide même ou prépare le terrain à leur renforcement par la gauche (PaCS, loi SRU, ISF, 35 heures, etc.).
Éviter le sentiment de connivence dans l’opinion. En matière de déclarations, vous l’avez compris, tout est fait pour nous donner l’impression que l’opposition entre la droite et la gauche est irréductible. La violence est là pour nous faire penser que tous ces politiciens ne peuvent pas se fréquenter dans les loges et autre cercles (le siècle, etc.), qu’ils ne défendent pas les mêmes intérêts, etc.
Plus les électeurs ont des doutes sur la différence entre les non-projets de “droite” et de gauche, plus il faut en rajouter. C’est ce qu’ont fait Nicolas Sarkozy et le PS avec le kärcher. L’opération fut excellente pour les deux camps : donner l’illusion de la droite décomplexée aux électeurs de droite, faire croire aux électeurs PS que le PS est anti-fasciste, etc. Depuis quelques années, “droite” et gauche jouent à ce petit jeu très régulièrement.
Malheureusement, cette opposition violente et frontale n’existe qu’en paroles. La droite n’existe plus depuis longtemps, ceux qui se réclament de cette étiquette étant généralement ultra-étatistes et interventionnistes ainsi que progressistes. Aujourd’hui, qui remet en cause le fiscalisme ou l’avortement, par exemple ?
“Être diabolisé par la gauche est et doit rester un honneur, cela signifie simplement que l’on n’est pas de gauche !”
Être vraiment de droite aujourd’hui, c’est être selon la gauche (à la fois adversaire et arbitre, comme c’est commode !) et la “droite” (les traîtres) d’« extrême-droite”. Comme si être extrêmement bon gestionnaire, pro-famille, favorable aux libertés et anti-dénaturation de notre identité française était une tare… Le seul objectif de “l’extrême droite” étant d’être mieux vue par la “droite” et la gauche, elle se gauchise sans comprendre qu’il n’y que lorsqu’elle sera de gauche qu’elle sera totalement tolérée par la gauche. Être diabolisé par la gauche est et doit rester un honneur, cela signifie simplement que l’on n’est pas de gauche !
Des notions d’actualité mais dénaturées. Contrairement à ce que pensent de nombreux éditorialistes, la droite et la gauche sont des notions théoriquement pertinentes. Pratiquement, ce n’est plus le cas, nous sommes d’accord. Mais ne faisons pas semblant de croire, comme certains pour mieux enterrer le concept, que la “droite” d’aujourd’hui est de droite.
Osons justement définir la droite. Être de droite, c’est être favorable à la souveraineté et à l’identité française, à un État efficace limité à sa fonction régalienne, à la libre-entreprise, à la famille et aux valeurs traditionnelles. Plus généralement, être de droite, c’est renoncer à changer l’homme, imparfait et blessé par ce que les catholiques appellent le péché originel (cause d’ailleurs de l’existence de la gauche), c’est refuser l’idéologie, toutes les idéologies, et préférer une gestion pragmatique du quotidien à des constructions intellectuelles certes brillantes comme le marxisme mais bien trop simplistes pour une réalité infiniment plus complexe.
Les différentes familles de droite (libérale/libertarienne, identitaire/nationale, conservatrice/sociale) insistent chacune plus ou moins sur un point mais se retrouvent sur l’essentiel, j’entends la défense des libertés (d’expression, de circulation, religieuse, d’éducation, d’instruction, d’entreprise, etc.) et de la responsabilité (envers son peuple, son pays, son employeur, ses employés, ses clients, ses descendants, ses ascendants, ses engagements publics, etc.)
Privilégier le concret. Contrairement à la “droite” actuelle, la (vraie) droite n’accepte pas les injonctions venant de la gauche. Elle n’est pas violente sur le plan verbal, elle agit sereinement et concrètement pour la subsidiarité, contre le fiscalisme, etc. Bref, elle n’a pas à en rajouter pour compenser l’absence d’actions de droite. De ce point de vue, les hommes de “droite” qui “dérapent” à dessein comme Jean-François Copé avec son histoire de pain au chocolat doivent éveiller notre méfiance : ce sont des ambitieux qui veulent nous berner, exactement comme l’a fait Nicolas Sarkozy en 2007. Pour être convaincus, les électeurs de droite doivent demander des actes de droite. Autant, Jacques Bompard ou Philippe de Villiers ont montré très concrètement – à l’échelle locale – qu’ils sont de droite, autant Jean-François Copé n’a pour l’instant rien prouvé du tout, si ce n’est le contraire…
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