L’aveuglement ou le mensonge délibéré des princes qui veulent gouverner nos corps et nos esprits donnent le vertige. Alors que des crises se développent, des discours anesthésiants, soporifiques tentent d’en noyer les contours. Le Titanic, c’est connu, est insubmersible. Parmi ces questions qui fâcheraient les passagers au point qu’ils soient capables de jeter les officiers par-dessus bord après les avoir sortis de leurs cabines confortables, si la vérité était connue, il y a la question de l’islam et de sa place dans les migrations vers l’Europe. Plus la parole sur la religion musulmane se veut rassurante, plus cet effort pour manipuler l’opinion devrait inquiéter.
Toutes les religions ne sont pas semblables. Même avec une source apparemment commune, la Bible, pour les trois grandes religions monothéistes, elles ont une identité forte qui les oppose plutôt qu’elle ne les rapproche. Les laïcistes, les libéraux qui prétendent les traiter de manière identique se trompent grossièrement. La naissance, l’histoire et le présent différencient « les religions du Livre ».
La religion juive est celle d’un peuple qui dit jouir d’une relation privilégiée avec Dieu pour son bonheur comme pour son malheur. Il n’a jamais prétendu imposer sa foi à l’humanité par la force ou la séduction. Il a sauvegardé une identité sans cesse en butte à des tribulations, des exodes, des déportations jusqu’à une tentative d’extermination qui n’ont pas découragé, bien au contraire, le désir de la Terre Promise.
Le Christianisme est issu de la parole, la « Bonne Nouvelle », annoncée par un Juif qui parlait sans doute araméen, considéré par ses disciples comme Fils de Dieu. Ce message se veut universel et intemporel. Au travers des Apôtres et singulièrement d’un Juif converti, parlant grec et citoyen romain, Saint-Paul, il se répand, rencontre la philosophie grecque, et finit par devenir la religion de l’Empire dont il va perpétuer l’existence politiquement à Byzance et spirituellement, mais pas seulement, en Occident. Le Nouveau Testament est novateur. Il prêche l’amour et la paix, l’égalité, le respect des faibles, le rachat des fautes. Comme l’a montré René Girard, il inverse la fatalité du Bouc émissaire, puisque loin d’exiger le sacrifice d’Isaac, Dieu s’offre aux hommes en son Fils, en rémission de leurs péchés. C’est une religion de l’Esprit, peu encline au formalisme rituel. L’esprit l’emporte sur la lettre. Ce sont les coeurs qui doivent être circoncis. ( Saint Paul Romains 2/29)
Que le message de Mahomet soit présenté comme une suite innovante par rapport à celui du Christ est sidérant. Formulés dans une tribu animiste installée autour d’un lieu sacré préislamique, la fameuse Kaaba, les textes qui le fondent mêlent des considérations étroitement liées à la vie des caravaniers des confins du désert, pillards parfois, à des éléments religieux juifs et chrétiens glanés au cours des échanges. Le Dieu de l’islam n’est pas débordant d’amour comme le Dieu-Père des chrétiens. S’il est proclamé miséricordieux, ses vengeances et ses punitions dont on souligne à plaisir la cruauté, en font un Dieu de l’Ancien Testament, en plus vindicatif.
L’histoire a opposé encore davantage ces religions. Discriminations des Juifs, guerres saintes des musulmans, croisades, « reconquista », conversions forcées lors des colonisations pour les chrétiens, ne doivent toutefois pas entretenir la confusion. La violence et la conquête sont intrinsèquement liées à l’islam. Il suffit pour s’en convaincre de lire le Coran et les hadiths, notamment ceux qui évoquent « le combat dans la voie de Dieu », le djihad, qui n’est pas un effort spirituel, mais une guerre contre les infidèles en vue de les soumettre et de conquérir leur territoire. Les batailles, les exécutions, les sévices corporels, le butin, l’humiliation des ennemis vaincus, l’esclavage, sont présents dans ces textes alors que les Evangiles les ignorent ou les rejettent. Imagine-t-on Jésus qui demande de rentrer son glaive à celui qui veut le défendre lorsqu’on vient l’arrêter (Matthieu 26/52) dire comme Mahomet à la bataille de Badr contre les Qurayshites : « lorsqu’ils seront à portée, lancez-leur des flèches » ( hadith 1253 Abrégé d’Al-Bukhârî) ? Chez les musulmans, la guerre s’est toujours faite au nom d’Allah et elle n’a pratiquement jamais cessé à l’encontre des voisins qu’il faut soumettre entre 622 et le XIX e siècle, au travers de califats successifs et parfois concurrents. Les luttes fratricides n’ont pas manqué non plus. Les Chrétiens ont eu plus de mal à justifier la violence par la foi et dans bien des cas, les ordres religieux catholiques, l’Eglise elle-même, ont tempéré une soif de domination qui était plus politique et économique que religieuse, en Amérique, par exemple.
Depuis la décolonisation, avec le recul de l’Europe chrétienne culpabilisée par le nazisme, la création d’Israël sur le territoire de la Palestine, l’enrichissement prodigieux de la péninsule arabique grâce à l’énergie fossile, l’islam affaibli, endormi, dépassé par le nationalisme arabe, s’est réveillé en renouant avec ses origines. D’une part, le poids du salafisme, du retour à l’intégrisme et à la lecture littérale de textes vieux de 14 siècles, s’est accru, porté par la puissance financière de l’Arabie wahhabite et du Qatar. Le mouvement des Frères Musulmans a d’autre part ouvert à l’islam une voie politique ambivalente. En s’appuyant sur le fondamentalisme religieux, l’application de la charia, pour faire la révolution politique, cette organisation a développé une stratégie très moderne associant une communication habile à des réseaux d’aide sociale efficaces. Certains dirigeants occidentaux particulièrement incompétents ont cru voir se dessiner une sorte d’équivalent musulman à la démocratie chrétienne. Dans les deux cas, l’objectif est celui de l’islam : s’imposer au monde entier. Peu de nos responsables semblent conscients du fait que le Christ sépare le pouvoir temporel du pouvoir spirituel ( « Mon royaume n’est pas de ce monde » Jean 18/36) et rend donc démocratie et laïcité possibles alors que cette distinction est ignorée de l’islam. Le califat universel est politique et religieux. Les nations doivent se fondre dans la communauté islamique, l’umma dont les membres sont des fidèles chez qui l’homme privé ne se sépare pas du « citoyen ». Cette conception est totalitaire et rend impossible une démocratie libérale. Soit la mentalité musulmane évolue et abandonne ses références originelles, soit les démocraties doivent tenir cette religion à l’écart.
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