Difficile d’aller à l’essentiel ! Le monde devient une impasse explosive : tandis que le ralentissement économique mondial ne fait pas encore ressentir ses effets en raison de la production monétaire et de l’endettement, de nombreux problèmes politiques demeurent non-résolus, selon une échelle qui va de la friction au risque de guerre en passant par des tensions plus ou moins marquées. L’Europe est plus divisée que jamais, l’affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran a atteint un point culminant alors qu’aucun conflit n’a trouvé de solution définitive ni en Libye, ni en Syrie, ni au Yémen, l’Algérie et le Soudan connaissent des transitions politiques difficiles, l’islamisme continue à ravager l’Afrique à la limite des régions majoritairement musulmanes, et parmi les autres dossiers brûlants, de l’Ukraine au Vénézuela en passant par la Corée du Nord, aucun n’a trouvé de solution. Pendant que l’Europe patine pour trouver l’inutile président d’une impuissante commission, les vraies puissances campent sur leurs positions : les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Turquie, avec à leur tête des chefs qui ne veulent pas perdre la face.
Pendant ce temps, les jeunes Européens se mobilisent contre le réchauffement climatique et menacent leurs dirigeants de désobéissance civile s’ils n’agissent pas. Ils vivent dans une bulle qu’ils prétendent surchauffée sans qu’on y puisse grand chose quand il y a tant à faire sur les sujets dont les gouvernements possèdent une véritable maîtrise. Mais les Français font mieux encore : ils vivent la parenthèse enchantée bâtie par des médias complices autour de la défaite métamorphosée en victoire des macronistes aux Européennes. Le président remonte dans les sondages. Quelques bonnes nouvelles économiques mineures mais montées en épingle en évitant de fâcheuses comparaisons internationales, une légion d’honneur à Elton Jones, et une femme assurant la publicité du couple improbable grâce à la bienveillance des lobbys courtisans, paraissent effacer les traces d’une année 2018-2019, notamment les taches jaunes. L’opposition parlementaire « de droite », entre lâcheté et vacuité, incapable de s’entendre sur les idées à défendre et sur l’ennemi à combattre, se cherche un chef. Par ses maladresses, elle est l’opposition de sa majesté et devient son meilleur atout.
Pourtant, dans cette confusion, il y a un fait qui, seul, devrait retenir l’attention des Français. Il faut regretter que le seul politique à s’en être saisi, comme d’habitude de manière tonitruante, soit Mélenchon, qui a un sacré talent pour transformer les carrosses en citrouilles. C’est pourtant un député républicain, Olivier Marleix, qui avait soulevé le lièvre : Alstom ! Ce nom d’entreprise devrait déchaîner la colère des Français. Un fleuron de l’industrie nationale, à l’histoire complexe et à la gestion particulièrement désastreuse, a été réduit progressivement à deux entités l’une pour l’énergie, l’autre pour les transports. En 2014, le PDG Patrick Kron vend la branche énergie à Général Electric, une société américaine. Cette cession est l’aboutissement du « Piège américain ». Tel est le titre du livre rédigé par Frédéric Pierucci, cadre d’Alstom qui a passé deux ans dans les prisons américaines. La justice est l’une des armes de l’économie américaine : usant d’un privilège d’exterritorialité, elle poursuit partout dans le monde, l’auteur présumé d’un délit, en l’occurrence de corruption, ayant utilisé un dollar. Menacés de lourdes sanctions, notamment une amende de 772 millions de dollars, Alstom, et son PDG ont préféré vendre à un groupe américain. Prime de 4,1 millions d’Euros, provision de 10,5 millions de retraite-chapeau, le PDG s’en est bien sorti. Frédéric Pierucci, considère, lui, que cette opération est scandaleuse : » En vendant, nous avons renoncé à notre souveraineté sur la maintenance de nos 58 unités nucléaires ». Aujourd’hui, GE assure en effet l’entretien et le renouvellement des turbo-alternateurs de toutes les centrales nucléaires françaises, la production des turbines « Arabelle » pour les réacteurs EPR et la fourniture des turbines de propulsion des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et du Charles de Gaulle. Il y a dans cette démarche une acte de haute trahison qu’on ne souligne pas suffisamment.
Par ailleurs, et on s’attache davantage à ce point, l’entreprise américaine s’était, lors de l’achat, engagée à créer 1000 emplois et elle a annoncé au contraire, au lendemain des élections européennes, qu’elle allait en supprimer un millier en France et 800 à Belfort. Certes, l’Etat va touché 50 millions en contrepartie, mais le coût social de l’opération pour Belfort est énorme. Or, dans l’ombre de cette ténébreuse affaire, il y a un homme, et qui n’est pas le premier venu : Emmanuel Macron, en personne, qui a suivi ce dossier de A jusqu’à Z, comme le révèle olivier Marleix. Il demande dès 2012, en tant que secrétaire général adjoint de l’Elysée un rapport sur Alstom au cabinet AT Kearney au prix de 300 000 Euros. Le ministre, Arnaud Montebourg n’est pas tenu au courant, et c’est Macron qui avalise la vente fin 2014, lorsqu’il est devenu ministre. Si on compare cette méthode à celle de Francis Mer et de Nicolas Sarkozy en 2004, alors qu’ils avaient sauvé Alstom en obligeant la commission européenne à accepter l’intervention de l’Etat, lequel avait réalisé une plus-value sur la revente de ses parts, une fois l’entreprise requinquée, il y a une angoissante question à poser sur celui qui est actuellement le Chef de l’Etat ! Non seulement la filière nucléaire est en partie cédée à l’étranger, et donc notre souveraineté altérée, mais des emplois sont perdus et une région industrielle sinistrée. Or, Olivier Marleix ne s’arrête pas en chemin : il constate que plusieurs entreprises françaises d’importance mondiale ont été cédées dans des conditions analogues à des groupes étrangers et évoque un pacte de corruption que lui suggèrent les travaux de la commission d’enquête de l’Assemblée qu’il a présidée. Il a été entendu le 29 Mai par l’Office central de lutte contre la corruption (OCLCIFF). Plusieurs faits lui paraissent troublants : l’importance des dossiers de fusion ou de cession dont M. Macron a eu à connaître, Alstom, Technip, Lafarge, Alcatel, la similitude des procédés, le fait que des proches du président de la République y jouent un rôle, comme Hugh Bailey actuel directeur général de General Electric France, et ancien conseiller du ministre de l’économie qui autorisa la vente, un certain Emmanuel Macron ! Marleix aimerait savoir s’il y a un lien entre les entreprises concernées par ces transactions et les généreux donateurs de la campagne présidentielle !
Ces affaires sont consternantes : à chaque fois, elles soulignent l’incompétence, l’avidité, sinon la corruption de dirigeants français, et le fait que celui qui préside aux destinées du pays n’est pas étranger au démantèlement de son industrie. Au lieu de glisser sur cet aspect essentiel de l’actualité, politiques et journalistes devraient s’en saisir d’urgence ! Aux USA, les procédures seraient déjà lancées.
1 Comment
Comments are closed.