Les Français ont été les premiers à manifester leur désaccord avec la manière dont on construisait l’Union Européenne. Le 29 Mai 2005, à 54,68% ils avaient refusé le projet de Constitution européenne. Or, ils ont élu l’année dernière le plus eurolâtre des candidats. Certes, leur choix manquait d’enthousiasme, mais ils ne voulaient pas affronter les risques d’un « frexit » et encore moins celui d’un abandon de l’Euro. Simplement, ils souhaitaient qu’une bande d’apparatchiks souvent désavoués par les urnes cesse de leur donner des leçons ou de leur imposer des règles comme si leur avis ne comptait plus. L’approbation du Traité de Lisbonne par la voie parlementaire en Février 2008, alors que 71% des Français voulaient un référendum, a été vécue par beaucoup d’entre eux comme une opération antidémocratique menée par le système des anciens grands partis dévoués à la cause de l’oligarchie gouvernante, politique, administrative et économique. Paradoxalement, en 2017, ils ont élu l’homme de cette oligarchie, celui qui en est le pur produit, sans même le filtre que constitue une formation politique si elle s’appuie sur une nombreuse base militante. Macron avait d’ailleurs affirmé transcender les partis et rassembler socialistes, centristes et républicains autour d’un projet au sein duquel l’Europe tenait une place privilégiée. Le choix étonnant des Français peut donc ainsi se résumer : « Après tout, s’il redonne à la France sa place à Bruxelles, et insuffle un nouveau dynamisme à la construction européenne, pourquoi pas ? Cela est préférable au chaos d’une Europe qui se fissure et se désagrège ».
Or, un an plus tard, un paradoxe inverse se déploie : celui qui devait rassembler et conduire, dans un nouveau processus constructif, les gouvernements favorables à l’idée d’une Europe fédérale, et marginaliser ainsi les nationalismes renaissants, celui qui voulait être le pourfendeur du populisme, et endiguer celui-ci en collaboration avec l’Allemagne, se retrouve en panne et isolé. Depuis le vote surprenant des Français, le populisme, c’est-à-dire le souhait absolument légitime des nations européennes de préserver leur identité et de retrouver une souveraineté authentique des peuples, sans laquelle la démocratie est une supercherie, a progressé. Le Royaume-Uni largue bel et bien les amarres après référendum. Les quatre Etats du groupe de Visegrad, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque, refusent plus que jamais d’ »accueillir » leur quota d’immigrants clandestins déguisés en demandeurs d’asile. Ces Etats qui pendant 45 ans ont subi la dictature communiste et l’occupation soviétique ne veulent pas perdre une indépendance dont ils ont été privés. Ils ne participeront pas au mini-sommet sur l’immigration organisé à Bruxelles le 24 Juin par Tusk et Junkers. Quelle leçon un Orban pourrait-il recevoir, lui qui est Premier Ministre pour la 4ème fois, et pour la 3ème fois consécutive avec une majorité absolue, de personnages qui ont été battus dans leurs pays, la Pologne ou le Luxembourg ? Les quatre pays du groupe de Visegrad seront présents lors de la Réunion des 28 et 29 Juin qui rassemblera l’ensemble des membres de l’Union Européenne. Pour eux, la question des quotas est close. La Hongrie vient même de renforcer sa législation contre l’immigration illégale en prévoyant des sanctions contre les « ONG » qui participent à la chaîne de l’immigration.
L’Autriche est maintenant dirigée par une coalition de droite également favorable à une restriction rigoureuse de l’immigration. L’Italie, malgré les obstacles créés par le système, a vu triompher les populistes « 5 étoiles » et ceux de la Ligue. Le leader de celle-ci, devenu Ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, a fermé les ports italiens aux bateaux des ONG. Cette attitude est une restauration de la volonté politique face à la complicité hypocrite du « droit » et de l’idéologie immigrationniste. Elle entend mettre fin à la répartition du travail entre des passeurs mafieux et les « généreux » idéologues qui, à la limite des eaux territoriales, prennent le relais pour achever le périple. L’Italie a accueilli 176000 « demandeurs d’asile » en 2016. Elle accepte de plus en plus mal les leçons françaises. Or, dans un vibrant plaidoyer pour l’amour de l’Europe, Jupiter-Narcisse a osé parlé de la « lèpre qui monte » pour dénoncer les défenseurs de l’identité et de la souveraineté des nations. Cette insulte, maladroite jusqu’à être irresponsable, envers des gouvernements légitimes n’est pas passée inaperçue. Même en Allemagne, l’aile droite bavaroise de la majorité, qui pèse de tout son poids sur la Chancelière pour freiner l’immigration, peut se sentir visée.
Or, le Président français a récemment axé sa stratégie sur le « couple franco-allemand ». Politique commune en matière d’immigration et budget pour la zone Euro en étaient les deux piliers. Le premier est aussi branlant que l’avenir de la Chancelière. Le second a déjà été brisé par le refus des Pays-Bas. Les élections qui se profilent, en Suède, par exemple, peuvent, d’après les sondages, accentuer la « lèpre » populiste. M. Macron devra alors se rendre à l’évidence : insulter les peuples n’est que l’aveu de faiblesse de celui qui n’est qu’un accident de l’histoire, un accident sans doute provoqué, et qui met la France à contre-courant de l’Europe, celle des peuples, et non la sienne, celle de l’oligarchie !
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