La décision de la Cour d’appel de Paris obligeant le CHU de Reims à reprendre l’alimentation de Vincent Lambert apporte un immense soulagement, non seulement à ceux de ses proches qui se préoccupaient de son sort , sa mère en tête, mais aussi à tous ceux qui sentaient confusément combien la France se serait reniée par une exécution aussi inhumaine
Mais le combat n’est pas terminé et il exige une pleine lucidité.
Il fallait un singulier cynisme au président Macron pour répondre à l’interpellation de Mme Lambert mère qu’il ne pouvait interférer avec une décision de justice et donc interrompre la mise à mort du malheureux Vincent .
D’abord parce que la justice n’a, à notre connaissance, pas obligé de mettre fin à ses jours; elle s’est contentée, avant que la Cour d’appel n’en décide autrement , de ne pas tenir cela pour illégal. La décision de mettre à mort Vincent Lambert émanait en principe de l’hôpital et nul doute que, si le chef de service s’y était opposé, la question de se serait pas posée. Une partie du personnel infirmier a d’ailleurs manifesté sa répulsion en arrêtant le travail le lundi 20 mai, début de la procédure létale. Il reste que, dans un pays comme la France, l’hôpital se trouve dans une chaîne hiérarchique qui remonte au ministre de la santé et par-delà au président de la République. Quand Mme Buzyn, ministre de la santé annonce que la France ne suivra pas l’avis du Comité spécial de l’ONU pour la protection des droits et de la dignité des handicapés demandant le maintien en vie , au moins provisoire, de Vincent Lambert, tous ceux qui connaissent les procédures diplomatique savent que ce n’est pas un ministre technique qui peut statuer sur les rapports de la France et de l’ ONU. Une telle décision ne pouvait émaner que du président de la République.
Comment s’étonner d’ailleurs que le président ait pris une telle position ? N’avait-il pas avait inscrit le droit à l’euthanasie dans son programme ?
Tous les bien-pensants qui , avant son élection et après, avaient pris l’actuel président pour un enfant de Marie devraient enfin faire preuve de lucidité .
A commencer par les évêques qui lui avaient réservé le 16 avril 2018 une standing ovation aux Bernardins , laquelle ne figurera sans doute pas parmi les épisodes les plus glorieux de l’ histoire de l’Eglise de France. Les plus éminents d’entre eux, sur la même ligne que le pape François, ont cependant pris dans l’affaire Lambert des positions particulièrement fermes : l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit qui s’est exprimé en prélat mais aussi en médecin, l’archevêque de Reims, Mgr de Moulins-Beaufort , nouveau président de la Conférence épiscopale et d’autres. Ils ont joué un rôle important pour influencer sinon la Cour d’appel , du moins l’opinion où semble souffler désormais un nouveau vent plus favorable à la vie.
Aux Bernardins, Macron n’avait pas caché sa position : « Cette voix de l’Eglise, nous savons au fond vous et moi qu’elle ne peut être injonctive. Parce qu’elle est faite de l’humilité de ceux qui pétrissent le temporel. Elle ne peut dès lors être que questionnante. » Sous cette rhétorique à l’eau bénite, quel mépris !
Il faut en être conscient : sur tous les sujets sensibles, le président est proche des positions que le pape Jean-Paul II appelait la culture de mort, la meilleure illustration en étant le projet gouvernemental d’ouvrir la procréation artificielle aux femmes seules ou lesbiennes, et peut-être de faciliter l’adoption d’enfants ayant fait l’objet, en France ou à l’étranger, d’un contrat de gestation pour autrui.
Sur tous ces sujets, Macron, qui se proclame haut et fort européen, est pleinement en phase avec les instances de l’Union européenne. Il est loin le temps où on pouvait dire que celle-ci était une construction chrétienne, fruit d’initiatives de Pères fondateurs croyants . Elle est aujourd’hui le lieu principal d’où se diffuse une culture hostile , non seulement à l’héritage chrétien mais à la simple morale naturelle. Les mêmes institutions ont, on le sait, refusé que soient invoquées dans les textes fondamentaux les racines chrétiennes de l’Europe. Elles harcèlent au nom des droits de l’homme les quelques pays qui n’ont pas légalisé pleinement l’avortement. Au Parlement européen , les motions les plus extravagantes promues par une majorité pro-LGBT font florès.
Nous devons espérer que la France, grande nation européenne , saura résister aux sirènes d’une pseudo-modernité qu’ont suivies de petits pays sans repères comme les Pays-Bas ou la Belgique et échapper à la tentation de légaliser l’euthanasie , si redoutée des personnes âgées hospitalisées. L’émotion qui a suivi l’annonce de la fin de Vincent Lambert , comparable à bien des égards à celle qui a suivi l’incendie de Notre-Dame, est à cet égard un heureux présage.
Roland HUREAUX
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