Au mur, les salauds !

Tribune libre de Pierre-François Ghisoni*

Il y a donc un « mur des cons » mis en place, parrainé, encouragé par le syndicat de la magistrature.

Pour défendre les maçons de ce « mur des cons » nous entendrons toutes les défenses puériles : c’est privé, c’est potache, c’est anodin, c’est un « clin d’œil humoristique » comme l’affirme Bartolone, ou comme le clame la douce Taubira, « une action malheureuse [pour laquelle…] les personnes mises en cause peuvent saisir la justice […] ».

Pour l’attaquer, ce mur, il y aura d’autres gars du bâtiment à l’indignation mesurée et aux outils en caoutchouc. Faisons confiance aux petits arrangements de chantier.

Alors, une fois de plus : que se passe-t-il vraiment ? Pourquoi afficher des photos ? Et quelles photos ?

On n’imagine pas que ce soit par but artistique, ou par pratique d’adolescent.

La réalité est celle d’un repérage et d’une imprégnation à visée destructrice, comme le maréchal Montgomery regardait la figure du maréchal Rommel.

Mais aussi un mur de silhouettes pour repérer les réseaux ennemis. Ou plus communément, tous les commissariats du monde qui affichent ouvertement les photos des personnes disparues, et « en privé » celles des malfaiteurs recherchés.

“Il y a eu un « mur des cons ». Il devait y avoir un mur pour les salauds… en toute bonne justice.”

Comme le disent les avocats de ces juges « un local privé ». Privé de quoi ? Sinon de la simple pensée de la justice.

Mais il faut aller plus loin. Quels personnages ont-ils été mis au mur ? On en retrouvera « de droite » (ce qui annonce la couleur), un ministre du gaz (quel compagnonnage interne a-t-il tourné en eau de boudin?), et… entre autres parents de victimes, le père de la petite Anne-Lorraine Schmitt, fillette martyre, atrocement torturée par un récidiviste, à qui j’ai dédié l’une de mes nouvelles (L’Avocat, aux éditions Lettropolis).

Cela, c’est pire que tout. Cela dépasse la vengeance déjà illégitime de ces prétendus défenseurs de la justice, cela jette le discrédit sur toute cette corporation – le mot qu’ils honnissent – cela devrait, en toute bonne justice, faire réviser tous les procès où ces salopards ont siégé.

Mais il y a encore un degré à oser dévoiler dans le pire : à quels sentiments aussi bas qu’inavouables ont-ils obéi pour afficher, à travers la photo du père d’Anne-Lorraine, le symbole de l’innocence bafouée, de l’innocence violée ?

Quels sentiments putrides cachés sous leurs robes de noirceur avouent-ils ainsi ? Peut-on encore utiliser le mot « pédophilie » ? Ou déjà celui de « pédophobie », avec complicité… passive ? Ou déjà active ?

Non, ce n’était pas le papa, M. Schmitt – dont je partage le « profond dégoût » – qui était visé.

Il y a eu un « mur des cons ». Il devait y avoir un mur pour les salauds… en toute bonne justice.

*Pierre-François Ghisoni (blog) est écrivain et éditeur.

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70 Comments

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  • 0 / 10
  • patrhaut , 25 avril 2013 @ 18 h 50 min

    Quand obligera-t-on, une bonne fois pour toutes les politiques, les syndicalistes, les magistrats, les policiers à afficher, non pas leur patrimoine (qui est en général familial) mais leur déclaration de revenus et leur appartenance à la franc-maçonnerie qu’elle soit d’une obédience ou d’une autre ? Quand obligera-t-on ces magistrats, du SM ou de l’autre syndicat majoritaire – comment peut-on imaginer un instructeur, un juge, un magistrat quoi! appartenir à une officine syndicale – à dévoiler leur préférences et leur choix avant toute instruction, tout jugement. Mais il en est aussi, de ceux qui sont chargés des enquêtes de police, de ceux qui sont chargés de l’enseignement des enfants (“l’éducation” !) , de ceux qui contrôlent la fiscalité des particuliers et des entreprises, des “inspecteurs” du travail, et n’oublions pas, surtout pas, des journalistes du service public… Enfin, dès qu’il y a notion de “service” rendu au nom de l’Etat, comment peut-on accepter qu’il en soit autrement ?

  • Apéro 64 , 25 avril 2013 @ 20 h 28 min

    Et encore une affaire à gauche et celle là est extrêmement grave en démocratie. On est jugé par des gens qui disent ouvertement de quels bords ils sont et qu’elles sont leurs idées et leurs idéologies. Ce syndicat si la justice et l état était impartial devrait être dissout et ces membres licenciés pour fautes graves. En plus ce syndicat à appellé ouvertement à voter groslhande. Encore une affaire qui vient pourrir un peu plus le climat et qui devrait renforcer notre détermination à manifester contre ce gouvernement complètement pourri et sans conscience. Prions pour une révolution, y en a marre de ces corporatismes, de ces gens qui gagnent bien leurs vies, qui se permettent de nous dire comment il faut vivre, penser….. C est désolant de pourriture.

  • alain , 25 avril 2013 @ 21 h 16 min

    il est intéressant de démonter la méthodologie de défense du SM (qui peut resservir)

    Le « mur » va être promptement démonté, les photos vont rejoindre classeurs ou corbeille à papier,

    en terme judiciaire on escamote les preuves

    Au SM on parlera plus rigolard que gêné de plaisanteries de potaches, on ira jusqu’à évoquer un esprit de vestiaire, que tout cela n’avait pas d’importance

    minimisation des faits

    au pire le SM parlera d’une malheureuse initiative personnelle qui était jusque là passée inaperçue

    éventuellement si besoin est on sacrifie un bouc émissaire

    moi je verrai bien comme bouc émissaire un collègue, ou plutôt un administratif en CDD (message subliminal : il est pas vraiment de chez nous ) déprimé par les conditions de travail, les cadences infernales etc ce qui permettrait de demander “encore plus de moyens pour la justice”

    plutôt que de créer de toutes pièces une cabale artificielle pour mettre en cause un syndicat qui défend l’élargissement de nos libertés et de nos droits en mettant en avant cette affaire bénigne , on ferait mieux de s’intéresser à des sujets autrement plus graves comme l’instrumentalisation par la droite, l’extrême-droite et tous ceux qui participent de près ou de loin à l’hystérie sécuritaire de cette cabale contre la justice, etc, etc, etc.

    diversion par utilisation de l’inversion accusatoire et l’occultation du sujet initial

  • Frédérique , 25 avril 2013 @ 21 h 27 min

    On sait très bien qu’ils détourneront la gravité du sujet, mais en attendant, causons, causons, il en restera toujours quelque chose.

  • alain , 25 avril 2013 @ 21 h 57 min

    La présidente du SM, Françoise Martres, a bien essayé d’éteindre la polémique, en qualifiant ce mur de «défouloir» et d’action de «potache». Selon elle, les images, diffusées par Atlantico et Le Figaro , ont été prises à l’«insu» du syndicat classé à gauche. «Ce sont des images prises à notre insu dans un lieu privé, notre local syndical, qui n’est pas accessible au public», s’est-elle défendue. «Ce mur a été fait à une ancienne époque, sous l’ère Sarkozy, où les magistrats étaient attaqués de toutes parts», a-t-elle ajouté, en déplorant que ces images aient été filmées «par des journalistes qui n’ont pas respecté leur parole».

    VARIATIONS

    L’ancien Ministre du Budget, Jérôme Cahuzac , à l’époque député maire de Villeneuve sur Lot ,a bien essayé d’éteindre la polémique, en qualifiant ce mur de «défouloir» et d’action de «potache».

    Selon elle, les images, diffusées par Médiapart, ont été prises à l’«insu» du député-maire classé à gauche. «Ce sont des images prises à mon insu dans un lieu privé, un bureau de ma permanence, qui n’est pas accessible au public», s’est-il défendu.

    «Cet enregistrement a été fait à une ancienne époque, sous l’ère Chirac où les sociialistes étaient attaqués de toutes parts», a-t-il ajouté, en déplorant que cet enregistrement ait été effectué «par des journalistes qui n’ont pas respecté leur parole».

  • jsg , 26 avril 2013 @ 5 h 12 min

    Qu’il dégage, certes, mais pas seul !

  • jsg , 26 avril 2013 @ 5 h 27 min

    “…en qualifiant ce mur de «défouloir» et…”

    Ça ne change rien, ça trahit une sensibilité politique, un point c’est tout !
    Madame La Garde des Sceaux (seaux) n’aura pas assz d’eau pour éteindre l’incendie.

    On ne peut voir la loi bafouée, modifiée par la cheftaine de ces militants, et ce parlement de béni-oui-oui, s’insurger quand on prétend que :
    CE N’EST PAS FINI L’AFFAIRE DES LIAISONS MAL-T-A-PROPOS !

    Je me demande où est caché à l’A.N. le mur des cons avec la photo de tous les citoyens laisés.

    En résumé, si ce tableau ne fait pas valser tous ces pitres, c’est la preuve que la démocratie en France se rapproche d’une dictature de la pensée dévoyée.

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