La gauche était donc représentée par trois candidats, deux qui veulent approfondir les utopies qui ont précipité le déclin du pays, et celui qui est chargé de faire oublier le bilan calamiteux auquel il a pris une part importante à l’Elysée puis à Bercy, en se mettant le faux-nez du « ni droite ni gauche ». Le bon sens demande de tourner cette longue page désastreuse. Il reste donc les deux candidats sérieux qui se sont opposés à cette dérive, François Fillon et Marine Le Pen, la droite responsable, mais obligée de faire les yeux doux au vide centriste avide de sièges, et la droite démagogue qui croit devoir équilibrer ses exigences légitimes dans les domaines de l’identité et de la sécurité par des propositions économiques et sociales démagogiques. Les autres n’auront pas de majorité parlementaire et leurs programmes sont irréalistes ou inconsistants, voire suicidaires. François Fillon, élu, pourra bénéficier d’une solide majorité parlementaire. Ce sera beaucoup plus difficile pour Marine Le Pen. Tous deux sont patriotes contrairement aux internationalistes ou mondialistes auxquels ils s’opposent. Marine Le Pen est clairement souverainiste et propose un retour à la souveraineté politique et monétaire. François Fillon, tout au long du débat, a voulu au contraire s’appuyer sur son expérience qui l’incline au réalisme. On ne recrutera pas des dizaines de milliers de fonctionnaires comme le proposent les deux gribouilles de gauche, Hamon et Mélenchon, qui une fois de plus veulent plus de moyens et donc plus de dépenses publiques alors que les augmentations précédentes n’ont fait qu’accentuer les problèmes sans apporter de solution. On ne construira pas 40 000 places de prison, comme l’envisage Marine Le Pen mais 16 000 et c’est déjà beaucoup, non par rapport aux besoins mais par rapport aux moyens dont les candidats oublient généreusement le coût.
Chacun des candidats a donc occupé une position qu’il est facile de définir en pointant son degré d’éloignement du possible. Il y a d’abord le martien, M. Hamon qui est sur une autre planète. Bien sûr, il fait semblant au nom de l’écologie de s’occuper de la nôtre en renonçant au nucléaire. Le rôle de la France est infime dans le réchauffement climatique grâce à l’électricité atomique et en raison de son poids industriel. En faire une priorité est absurde. Il s’interroge sur ce que doit être le peuple français et pense qu’il doit être plus « à la hauteur » pour l’accueil des étrangers. Avec lui s’est exprimée la gauche idéologique chargée des erreurs qu’elle a fait payer aux Français chaque fois qu’elle est parvenue au pouvoir : laxisme migratoire, accommodements culturels plutôt que politique d’assimilation, mixité forcée contraire à la liberté, police de proximité inefficace, et au sommet une folle augmentation de la dépense publique comme si la France n’était pas déficitaire et endettée, et comme si elle n’était pas en concurrence avec ses voisins. Il ose brandir les 35 Milliards injectés dans l’économie par le Revenu Universel d’Existence sans se préoccuper de savoir où les trouver ni comment en limiter les conséquences sur notre commerce extérieur.
Il y a ensuite le dinosaure, M. Mélenchon, qui lui se trompe de siècle et clame sa nostalgie parfumée à la Zola, au Jaurès et à Léon Blum. Il n’aime pas les riches, pense que le « public » est plus efficace que le « privé », et surtout chante l’air révolutionnaire du « tout va changer demain » : une nouvelle République, un Président de la paix, la fin du nucléaire, 100 Milliards d’investissements, baisse de l’âge de la retraite, politique de la demande avec l’augmentation des salaires. C’est beau, c’est généreux, comme les discours des utopistes au milieu du XIXe siècle.
Et puis il y a le grand partageur. Macron ne cesse de partager les avis des uns et des autres, un coup de rame à droite, puis un coup de pagaie à gauche. Le flou est sa marque de fabrique. A force de vouloir s’installer sur deux chaises, on finit le cul par terre entre elles. Il veut faire « bouger » les lignes. Cette formule creuse l’amène à vouloir revenir sur les 35 heures par la négociation sans défaire la loi. Il faut que Fillon lui rappelle que la hiérarchie des normes rend cette idée contradictoire. Il subsiste dans la mosaïque de ses propositions qui sont loin d’être innovantes quelques idées intéressantes, comme le passage à la retraite par points. On sent là le programme pioché à la hâte en raison de la proximité des élections. Le partageur est aussi un improvisateur, et face à son manque d’expérience, les Français devraient réfléchir. Son intervention sur la politique internationale a été d’un vide sidéral.
Le vrai choix doit donc se faire entre Marine Le Pen et François Fillon. La première, c’est la parachutiste avec le risque du »pont trop loin ». La rupture avec l’Europe actée par un référendum fera du lendemain de l’élection présidentielle un chaos politique qui aura bien sûr des conséquences économiques désastreuses. Que l’Euro soit une facilité pour les voyages mais un boulet pour notre économie est évident. Sa remise en cause avant d’avoir restauré la compétitivité de notre économie et sans concertation est néanmoins farfelue. Si le retour au franc ne vise qu’à revenir au vieux système des dévaluations compétitives tout en gardant nos handicaps sociaux et fiscaux, c’est la garantie d’une chute de la France dans la pauvreté en gros et en détail. En revanche, la suppression du droit du sol, la fermeture des pompes aspirantes de l’immigration, l’affirmation de la préférence nationale sont des mesures souhaitables et auxquelles seuls des préjugés idéologiques peuvent s’opposer. François Fillon, c’est plutôt le fantassin. Il préfère occuper un terrain qu’il connaît et dont il s’est assuré qu’il n’est pas miné. Il fait d’abord des économies pour rétablir nos finances publiques et alléger nos impôts et nos charges. A partir de là, il opère des efforts mesurés dans des domaines comme l’éducation avec l’apprentissage, la sécurité, la défense, la justice avec la majorité pénale à 16 ans, l’immigration avec les quotas. Il est le seul à pouvoir proposer une révision de nos relations avec la Russie. Ce pragmatisme destiné à redresser la France s’inspire bien sûr du Général de Gaulle : « il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités ». Elle traduit la fameuse formule de Gambetta : « la politique est l’art du possible ».
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