Tribune libre de Christian Vanneste*
Le pouvoir politique et médiatique actuel est occupé par les trublions de mai 68, et ceux qu’ils ont ensuite formés idéologiquement puisque dans le pays de la droite la plus bête du monde, celle-ci a abandonné l’éducation et la culture à la gauche. Le résultat, c’est le nombre des libertaires, maoïstes et autres trotskystes qui, devenus détenteurs de confortables pouvoirs, diffusent et imposent l’idéologie socialo-bobo, ce mélange de dynamitage de l’ordre des valeurs inscrites dans la Nation française au nom d’une supposée liberté sans rivage et de répression de la liberté au nom d’un prétendu ordre républicain. Le passage en force et à contre-temps de la loi sur le mariage homosexuel sous prétexte que le Président l’avait annoncée dans son programme appartient au dynamitage : les Français n’ont pas élu Hollande pour ses « 60 mesures » et sont d’ailleurs majoritairement hostiles à l’adoption par des homosexuels. L’hostilité déterminée d’une partie importante de la population à ce projet devrait inciter celui qui est le Président de tous les Français à plus de prudence. Je sais, pour l’avoir vécu, que jamais Sarkozy n’a voulu se mettre dans une situation qui fasse descendre un million de personnes dans la rue. Mais, c’est là qu’apparaît le second visage de nos soixante-huitards. Hier, je n’ai pas eu le sentiment de vivre dans un pays démocratique.
“Lorsqu’on voit un membre des forces de l’« ordre républicain » asperger de gaz lacrymogène des Français agitant le drapeau national et chantant la Marseillaise, on se dit qu’il le fait au nom de celui qui favorise à tous les niveaux le désordre familial et dont certains ont fêté l’avènement en brandissant des drapeaux étrangers.”
La démocratie suppose le respect des opinions et de ceux qui les expriment. Depuis le début du débat sur le mariage homosexuel, le pouvoir a fait preuve d’un mépris abyssal pour les opposants à cette loi. D’abord, il a voulu et veut toujours en minimiser le nombre. Comment imaginer qu’une foule immobilisée par sa propre masse, entre la Défense et l’Arc de Triomphe, occupant les deux avenues latérales (Foch et Carnot), puisse être évaluée à 300 000 personnes seulement . Les organisateurs parlent d’1 400.000, et ils sont, à l’évidence des reportages, plus près de la réalité. Il s’agit peut-être du record pour une manifestation de contestation d’une loi : Mitterrand avait retiré la loi inique de nationalisation de l’enseignement libre avec une seule mobilisation aussi importante. Nous en sommes à deux. Le mépris a un autre visage, c’est celui, casqué, de la dissuasion et de la répression policières. Tout a été mis en oeuvre, hier, pour excéder les manifestants. En raison d’un déploiement policier impressionnant, rejoindre le lieu de rassemblement exigeait de longs détours. De même ceux qui voulaient le quitter étaient astreints à contourner de nombreux barrages. C’est ainsi qu’en suivant un groupe, à un moment je me suis trouvé sur les Champs-Élysées, entre les gendarmes mobiles bloquant le passage vers l’Étoile et les CRS fermant l’avenue à hauteur du rond-point. La tentation d’occuper les Champs qui avaient été interdits était trop belle, et le dispositif policier installé comme une nasse y invitait. Il y a peut-être eu des esprits assez tordus pour penser qu’une telle situation conduirait à des violences dont on accuserait ensuite des extrêmistes de droite, ce qui permettrait de faire passer le gigantisme de la manifestation au second plan. Le résultat doit les décevoir : lorsqu’on voit un membre des forces de l’« ordre républicain » asperger de gaz lacrymogène des Français agitant le drapeau national et chantant la Marseillaise, on se dit qu’il le fait au nom de celui qui favorise à tous les niveaux le désordre familial et dont certains ont fêté l’avènement en brandissant des drapeaux étrangers. Hier, le mépris a transformé le refus d’une loi en contestation d’un pouvoir qui perd sa légitimité morale parce ce qu’il fait et par sa manière de le faire. Hier, a peut-être commencé un printemps français avec ses indignés, ceux que révoltent la nocivité du pouvoir actuel et l’opportunisme de ceux qui viennent au secours d’une victoire, sinon législative, au moins politique, à laquelle ils ne s’attendaient guère.
“La succession d’orateurs de convictions, de croyances, et même d’« orientations sexuelles » différentes a souligné combien le rassemblement, le « vivre ensemble », étaient au cœur de la manifestation.”
Il s’agit maintenant de transformer l’essai en faisant pression sur les élus pour obtenir une victoire législative ou un retrait du texte. Si l’on écrit 68 à l’envers, ça devient 89. Les slogans d’hier n’étaient plus seulement ceux en faveur de la famille et du droit des enfants. Ils visaient clairement le Chef de l’État, mais paradoxalement on sentait bien que l’ordre légitime était de leur côté pour restaurer des valeurs essentielles comme celle de la famille, des valeurs qui rassemblent et non qui divisent. La succession d’orateurs de convictions, de croyances, et même d’« orientations sexuelles » différentes a souligné combien le rassemblement, le « vivre ensemble », étaient au cœur de la manifestation. En descendant les Champs-Élysées, puisque nous n’avions pas pu les remonter comme ceux qui en 68 avaient sauvé la République, je me disais que nous avions le même but que nos prédécesseurs, mais que le pouvoir n’était plus à préserver mais à contester pour garantir un ordre juste.
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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