Après la destitution du président ukrainien, l’Occident appelle à respecter l’intégrité territoriale du pays et éviter la partition. Un risque de fracture qui incombe d’abord à l’Europe, juge Éric Zemmour ce mardi sur RTL :
Le Zemmour du mardi. “C’est l’histoire d’un homme qui craque une allumette au-dessus d’un baril de poudre et accuse son voisin de vouloir faire sauter la maison. Quand l’Europe met en garde contre une partition de l’Ukraine, elle oublie ou fait mine d’oublier que c’est son projet d’association qui a déclenché ce charivari qui risque désormais de tourner à la guerre civile. Quand les médias accusent Moscou de préparer une intervention pour rétablir sa domination sur sa voisine ukrainienne, ils oublient ou font mine d’oublier que Poutine n’en a pas besoin puisque le rapport de force démographique lui est éminemment favorable. On sait que l’Ukraine, et en particulier Kiev, est le berceau historique de la civilisation russe, mais l’Ukraine moderne est un pays de bric et de broc. L’Ouest a longtemps appartenu à l’Empire austro-hongrois. C’est Staline qui l’a annexée en 1945. C’est à l’Ouest que l’armée allemande recrutait pendant la guerre le plus de partisans farouchement anti-communistes, anti-Russes et antisémites. C’est de l’Ouest que partaient ces jours-ci des cohortes de cars pour la place Maïdan à Kiev, où les manifestants étaient encadrés par des groupes paramilitaires qui ne cachaient pas leur nostalgie pour les nazis et leur haine des juifs. Ah, ceux-ci ont dû bien rire quand ils ont vu débarquer Bernard-Henri Lévy venu les soutenir, comme il avait donné son appui enthousiaste aux grands démocrates libyens.
“Les manifestants d’aujourd’hui protestent contre la corruption de l’équipe en place, comme ils protestaient naguère contre la corruption de l’équipe issue de la révolution orange. Rien ne change sous le soleil d’Ukraine.”
L’Ouest de l’Ukraine est rural quand l’Est a les villes et les usines. La Russie est le premier client du pays, loin devant tous les autres. La logique économique pousse l’Ukraine dans l’union douanière avec la Russie mais les investissements en Europe des oligarques ukrainiens expliquent les tergiversations récentes du Président Ianoukovitch. L’Ouest rêve d’Europe, quand l’Est commerce avec la Russie, parle russe et est même partie prenante du peuple russe, comme en Crimée. L’Ouest souhaite, à l’instar de la Pologne, bénéficier de la protection de l’OTAN pour se protéger de l’Ours russe quand l’Est a obtenu en 2010 déjà un vote du Parlement ukrainien rejetant l’entrée dans l’alliance atlantique. En 2004, la révolution orange avait déjà démarré à l’Ouest, qui avait porté sur le pavois médiatique les célèbres nattes blondes de Ioulia Timochenko. En 2010, l’Est avait imposé démocratiquement l’élection de son adversaire Ianoukovitch. Les manifestants d’aujourd’hui protestent contre la corruption de l’équipe en place, comme ils protestaient naguère contre la corruption de l’équipe issue de la révolution orange. Rien ne change sous le soleil d’Ukraine. Ne change pas non plus la stratégie américaine depuis la chute du mur de Berlin, qui se sert de l’Union européenne pour morceler l’ancienne puissance soviétique et isoler la Russie. Tandis que François Hollande, encore sous le charme d’Obama, défend sans état d’âme la ligne américaine, seule Angela Merkel tente de ne pas provoquer Vladimir Poutine dans le but évident de co-gérer avec lui le continent européen. Eh oui, il faut toujours chercher à qui profite le crime !”
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