Dimanche prochain 27 novembre, les électeurs de la droite et du centre seront amenés à départager les deux finalistes de la Primaire, François Fillon et Alain Juppé. Le vainqueur de cette compétition électorale aura de fortes chances de devenir président de la République.
Pour situer le choix à la hauteur des enjeux, il convient de ne pas s’enfermer dans des batailles de chiffres sur la baisse du nombre de fonctionnaires ou le montant d’économies à réaliser, même si ces préoccupations sont essentielles pour notre pays. Certes, François Fillon est beaucoup plus audacieux qu’Alain Juppé dans son programme de réformes économiques et sociales mais là ne réside pas l’argument décisif.
La question essentielle est celle de la survie de la France en tant que nation, enracinée dans une culture judéo-chrétienne qui permet à chacun, quelles que soient ses convictions religieuses, de communier autour d’un même bien commun partagé en héritage. C’est ce qu’on appelle une nation uniculturelle qui transcende, sans les nier, la diversité des origines de chacun ainsi que les particularités locales des territoires.
François Fillon est l’héritier de cette école de pensée qui a permis à la France d’écrire ses plus belles lettres de noblesse dans l’histoire : « Notre nation n’est pas une addition de nationalités, de cultures, de ghettos, de clans, c’est une nation qui a une fierté, une culture, une langue, un drapeau » affirmait-il encore lundi soir à Lyon.
Sa vision de la laïcité, ouverte à l’expression publique du fait religieux, est le corollaire d’un tel enracinement. Tout en ayant le souci de dénoncer les provocations du communautarisme islamique à l’encontre de notre identité, il ne souhaite pas englober dans sa vindicte toutes les religions : « Non, il n’y a pas un problème religieux en France. Oui, il y a un problème lié à l’islam. Dire les choses, c’est reconnaître qu’il y a un communautarisme islamique qui n’a pas sa place sur la terre de France, qui est incompatible avec notre histoire, nos valeurs et ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes. Le temps des hypocrisies, le temps des fausses pensées pseudo-intellectuelles, le temps de la relativité des cultures, le temps de ceux qui se sont toujours trompés dans l’histoire mais qui continuent de donner des leçons, ce temps-là est révolu » estime-il avec force dans son dernier ouvrage.[1]
François Fillon assume les racines judéo-chrétiennes de la France et ne souhaite pas qu’une laïcité sectaire et intransigeante ampute la dimension religieuse de l’homme et déracine nos concitoyens de leur culture : « J’ai fait le choix d’affirmer qu’on ne peut plus continuer à lutter contre l’intégrisme musulman en durcissant à l’infini les règles de la laïcité. […] À vouloir faire voter des lois pour durcir encore davantage les règles de la laïcité, nous risquons de porter une atteinte grave à la liberté religieuse, ce qui est inacceptable à mes yeux »[2].
Je me reconnais parfaitement dans cette position que j’ai développée dans mon ouvrage Charnellement de France.[3] Pour lutter contre le communautarisme islamique, il faut réactiver notre identité et encourager l’assimilation de tous ceux qui vivent en France, sinon on risque de voir se propager un multiculturalisme destructeur de l’unité nationale.
Ce serait malheureusement le cas si Alain Juppé était élu président de la République. Car, selon lui, « la nation, ce sont des hommes et des femmes qui veulent vivre ensemble »[4], sans considération d’une unité substantielle résultant d’une civilisation et une histoire communes qui forgent une culture, un tempérament, un art de vivre et un esprit français. Comme la gauche, Juppé ne jure que par un vivre-ensemble incantatoire et vide de sens, oubliant tout enracinement dans une tradition nationale. Il préfère parler de la République plus que de la France, de ses valeurs abstraites plus que de sa culture charnelle. Il est technocrate quand son adversaire est enraciné. Sa conception de la laïcité place toutes les religions sur un même pied d’égalité sans considération de la dimension éminente du christianisme dans la constitution de notre identité. Il est, sur ce point, le pâle clone de Manuel Valls.
Cette vision hors-sol et désincarnée ne peut que précipiter notre pays dans un multiculturalisme que Benoît Apparu, fidèle lieutenant d’Alain Juppé, appelle d’ailleurs de ses vœux[5]. Car si notre identité n’est plus défendue, chacun voudra faire prévaloir sa culture d’origine. Cela n’a visiblement pas l’air de gêner outre-mesure Alain Juppé, qui fort de son expérience canadienne, évoque désormais des « accommodements raisonnables » avec l’islam. Au Canada, cela a conduit le premier ministre Justin Trudeau à accepter qu’une femme puisse prêter serment en niqab pour obtenir sa citoyenneté canadienne. Est-ce vraiment ce que l’on veut en France ? Notre culture n’est pas négociable et ne doit subir aucun accommodement ; elle est à prendre ou à laisser !
Dans ces conditions, j’appelle tous les patriotes orphelins de la droite hors les murs à se mobiliser en masse pour donner à François Fillon une victoire éclatante dimanche prochain. Cela fait maintenant trois ans que je milite en vue de la constitution d’une authentique droite de convictions, patriote, enracinée et libérale-conservatrice et je suis heureux qu’elle puisse enfin s’incarner dans la figure de François Fillon.
Sur la famille, je ne peux que saluer sa volonté de vouloir réécrire la loi Taubira pour garantir à chaque enfant le droit d’être né d’un père et d’une mère, ainsi que sa proposition de rétablir l’universalité des allocations familiales et de porter le plafond du quotient à 3 000€ par demi-part. Rien de tout cela chez Alain Juppé !
Sur l’école, je ne peux que souscrire à la volonté de François Fillon de réinscrire le roman national au cœur de l’enseignement de l’histoire, de supprimer l’enseignement des langues et cultures d’origines (ELCO) qui encouragent le communautarisme, et de favoriser l’autonomie scolaire, en permettant à chaque chef d’établissement de recruter librement ses professeurs et en ouvrant la porte au financement public de certaines écoles hors-contrat comme celles de la Fondation Espérance Banlieues. Rien de tout cela chez Alain Juppé !
Sur les questions internationales enfin, je sais gré à François Fillon de placer au cœur de ses objectifs la protection des Chrétiens d’Orient et l’éradication définitive de DAESH, ce qui suppose la formation d’une coalition globale contre le terrorisme islamique et le rétablissement d’un dialogue serein avec les acteurs clés du terrain, que sont la Russie de Vladimir Poutine et la Syrie de Bachar al-Assad. C’est à ce prix que le Moyen-Orient pourra vivre en paix. Rien de tout cela chez Alain Juppé !
Nous avons une chance historique de faire élire François Fillon dimanche prochain et de le porter à la présidence de la République en 2017. Ne passons pas à côté d’une opportunité qui risquerait de ne plus se reproduire ! Par de nombreux côtés, l’homme incarne la sagesse et la sobriété de Georges Pompidou, le dernier président authentiquement enraciné de France.
Si l’appareil du Front national se déchaîne aujourd’hui contre François Fillon, c’est qu’il sait au fond de lui-même que sa candidature serait une catastrophe pour lui, beaucoup plus que celle d’Alain Juppé qui lui ouvrirait un boulevard. Ne nous trompons pas de combat dimanche prochain, soyons patriote !
> le blog de Charles Beigbeder
Notes :
[1] François Fillon, Vaincre le totalitarisme islamique, Albin Michel, p 113.
[2] Interview dans Atlantico, 2 octobre 2016.
[3] Charnellement de France, éditions Pierre-Guillaume de Roux, mai 2016.
[4] Interview au Grand Jury RTL–Le Figaro, 4 octobre 2015.
[5] Dans un tweet du 1er juin 2016, Benoît Apparu avait affirmé : « Oui au multiculturalisme, non au communautarisme, c’est ça l’identité heureuse ! ». J’avais eu l’occasion de croiser le fer avec lui à ce sujet en lui répondant le lendemain sur FigaroVox.
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