Un billet d’Isabel Orpy
Le 16 novembre, l’inscription du repas gastronomique à la française au patrimoine immatériel de l’UNESCO a soufflé sa seconde bougie, fêtant notre si célèbre art du “si bien manger”.
À l’ère du grignotage, de la food fusion, de la junk food, du fast food, du prêt-à-bouffer diversifié que reste-t-il véritablement du repas français ?
Selon un recent sondage Ipsos, le repas à la française demeure une institution et le “passer à table” une pratique à transmettre aux jeunes générations car elle permet d’acquérir de bonnes habitudes alimentaires.
Dont acte.
62% des personnes interrogées essaient de prendre “systématiquement ou souvent” un repas dit à la française.
91% d’entre elles considèrent que le repas à la française, hors-d’œuvre, plat avec légumes ou féculents, laitage et un fruit, est une pratique “plutôt importante” voire “très importante” pour la santé et 93% jugent que “passer à table” est tout aussi important pour la santé que le contenu de leur assiette.
Pour 53% des Français, un repas équilibré est avant tout un repas couvrant leurs besoins énergétiques et nutritionnels et 21% pensent qu’un repas équilibré est tout d’abord un repas pris à table.
Sur ces dix dernières années, près d’un Français sur deux déclare avoir des repas plus équilibrés quand 16% affirment faire le contraire, 29% passant davantage de temps à table, un pourcentage similaire lui en consacrant moins, dont 46% de personnes seules… et 40% des moins de 35 ans.
Malbouffe et jeunesse…
96% considèrent que le repas à la française favorise l’apprentissage des bonnes habitudes alimentaires : manger plus lentement, limiter les grignotages entre les repas… et pour 78 % qu’il s’agit d’une habitude essentielle à transmettre aux enfants.
Raté ! Apparemment, ça ne prend pas.
Une précédente enquête Ipsos, datant de septembre dernier, révèle que 48% des 15-25 ans zappent leur petit déjeuner, 54% mangent à des heures très disparates et 61% “malbouffent” devant un écran de télé ou d’ordinateur… consacrant 9 minutes au petit déjeuner, 24 à leur déjeuner et 27 à leur diner.
Grignotage, repas sautés ou avalés à toute vitesse, budget minimal afin de consacrer leurs euros à d’autres priorités, telles que les fringues ou la téléphonie mobile, l’art du bien manger hexagonal semble leur être inconnu !
Seuls 38% consommant au quotidien fruits et légumes, un jeune sur trois reconnaissant qu’en cas de stress, il peut grignoter toute la journée ajouté aux comportements alimentaires précités, c’est ainsi que 19% de cette tranche d’âge est en surpoids voire obèse…
Toujours et encore trop de sel !
Autre problème et non des moindres concernant l’ensemble des Français : le sel !
Avoir la salière un peu trop généreuse peut générer hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires voire cancer de l’estomac.
Déjà en 2002, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) réclamait une diminution de 20% de l’apport moyen de sel de la population française. Cependant, cette baisse n’était que de 4% à 10% fin 2011…
La consommation moyenne de sel, incluant ajouts de table et de cuisson, est actuellement de 10 grammes par jour pour les hommes et de 8 grammes pour les femmes, chiffres bien supérieurs aux objectifs de l’OMS, à savoir 5 grammes par jour.
En bref, grignotage, junk food, fast food, prêt-à-bouffer diversifié… la speed food triomphe et du repas français, excepté pour une minorité minoritaire, ne reste qu’une légende et à juste titre, une inscription immatérielle…
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