Avoir été le dirigeant fondateur, combattant virulent et talentueux, d’un incontestable grand Parti protestataire pour devenir un simple grain de sable dans la chaussure de sa fille est pitoyable. On ne peut pas tomber plus bas. On voudrait prouver, que, finalement, on a été toute sa vie qu’un amuseur politique qui avait peur du pouvoir, et pour qui, l’intérêt de la nation était somme toute secondaire, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Ce qui est sûr, c’est que Jean-Marie Le Pen est un cabotin, un comédien fou de lui-même et de la scène médiatique, qui préfère l’effet de manche à la matérialité du texte. Seule compte la sensation d’être idolâtré par ses partisans, en s’amusant, d’autre part, à se faire haïr par ses détracteurs. Cela l’empêcha toujours d’être un grand. Dommage, car il avait toutes les capacités pour devenir un homme politique de premier plan et un personnage historique. Le cabotin l’a emporté sur le politique et lui fait rater sa sortie. Celle que l’on souhaitait.
Il n’en reste pas moins qu’un grain de sable, c’est gênant pour aller de l’avant. Surtout quand il colle à la peau. Pour s’en débarrasser, ce n’est pas simple. Marine Le Pen, a employé les grands moyens et ne pouvait pas faire moins : l’exclusion ! Pour le géniteur de la fille, et le maître dépassé par l’élève, fondateur de son parti, c’est un affront impardonnable. Et le grain de sable risque encore de se rappeler à son souvenir… Jean-Marie Le Pen a un gros défaut : il n’aime que lui. Égocentrique par essence, il devient inconséquent et sa haine obsessionnelle, pathologique, le rend politiquement dangereux, incontrôlable. Capable du pire, il perd la boussole et ne sait plus où il va.
Heureusement, Marine Le Pen a un atout, que Jean-Marie n’a jamais eu : elle a une cote de popularité et de sympathie appréciable auprès des Français, à laquelle on peut rajouter à peu près 90 à 95 % des sympathisants et des adhérents du Front National qui sont d’accord avec la nouvelle ligne politique qu’elle a impulsée : cela n’est pas négligeable… Sur combien de partisans Jean-Marie Le Pen peut-il compter ? Apparemment pas beaucoup de monde – il va immanquablement en perdre chaque jour davantage – et ce n’est pas les quelques soutiens de la dernière heure des pleureuses professionnelles, comme Christine Boutin, Nadine Morano ou encore Cambadélis et Sarkozy, qui vont changer la donne. Ceux-ci font plutôt sourire… pour ne pas dire, plus ! Quant au soutien judiciaire, n’en parlons même pas, cela devient grotesque.
Néanmoins, la situation reste inconfortable pour le FN : le père devenait fâcheux pour le parti, et il veut encore le rester au-dehors. Cela nous promet un feuilleton interminable, alors que la France est confrontée à un défi historique pour son redressement moral, identitaire et bien sûr économique. Ce n’est vraiment pas le moment. On voudrait bien se passer de cette “Petite Guerre” interne dans un mouvement qui représente, peu ou prou, un espoir pour nombre de Français. Il va falloir à Marine le Pen et à son équipe, un doigté exceptionnel pour garder le cap et pour parfaire la dédiabolisation, mais surtout le professionnalisme.
Le piège est toujours là, paradoxalement, en la figure du père et du fondateur de ce parti, dont la fille a repris le flambeau avec les succès électoraux que l’on sait. Et, le grain de sable risque de revenir dans sa chaussure…
Comment s’en débarrasser ?
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