Et si les Pussy Riot méritaient leur condamnation ?

Interrogé par notre confrère Atlantico, le blogueur français Alexandre Latsa, chroniqueur pour l’agence de presse RIA Novosti (proche du pouvoir russe), révèle que les Pussy Riot, dont trois ont été condamnées le 17 août dernier à deux ans d’emprisonnement en camp pour « vandalisme » et « incitation à la haine religieuse », n’en sont pas à leur coup d’essai : “Les nombreuses et précédentes actions de Pussy Riot n’ont pas été condamnées à ce que je sais. Pourtant il y en a de vraiment gratinées. Parmi elles, l’organisation d’une orgie sexuelle avec des femmes enceintes dans un musée (le nom de l’action étant une insulte violente adressée au président Medvedev), se montrer en public nul et couvert de cafards, se masturber avec une carcasse de poulet dans une épicerie et en sortir en marchant avec la carcasse enfoncée dans les parties génitales, l’attaque à l’urine sur des policiers ou encore tenter d’embrasser sur la bouche des représentants de l’ordre du même sexe. Ajoutez à cela de dessiner à la peinture des pénis géants sur les routes ou encore la destruction de véhicules de police”

“Leur action dans la cathédrale a fait déborder le vase…”

Autant dire que la dernière action du groupe punk rock féministe dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou est “la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”“La Russie sort de 70 ans de communisme et à ce titre, les Russes ont conscience de l’importance de faire respecter les lieux de culte. Le pays doit en outre faire face au maintien d’un équilibre confessionnel très fragile, et c’est pour ca que la justice a réagi plutôt durement. Parce que fondamentalement les gens et les autorités ont conscience en Russie de la gravité de tels actes, qui offensent les croyants”, continue Alexandre Latsa. Pour lui, la condamnation “n’a rien à voir avec le patriarche ou Poutine dans cette affaire. Ça, c’est ce que les journalistes occidentaux aimeraient prouver mais malheureusement pour eux ce n’est pas le cas. L’article 213 du code pénal russe, point 1b) dit bien que l’on peut être condamné d’hooliganisme si l’on exprime de la haine envers un groupe ethnique, social ou religieux. C’est le cas ici il me semble puisque dans les refrains de la chanson il était notamment dit : ‘Sainte Marie mère de Dieu, deviens féministe’ ou ‘merde, merde, merde du Seigneur’.

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33 Comments

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  • Eric Martin , 25 août 2012 @ 13 h 39 min

    Nulle part. Trois d’entre elles ont pris deux ans.

  • Olizefly , 25 août 2012 @ 13 h 41 min

    Anthénor a dû confondre avec Breyvik :-D

  • creuxduloup , 25 août 2012 @ 15 h 12 min

    Cette condamnation m’incite à faire un parallèle avec le chevalier de la Barre, comdamné à mort pour avoir “refusé de saluer une procession”, ce qui est répété à l’envi par les laïcards depuis 2 siècles au moins.
    En regardant de plus près le déroulement de cette affaire, on constate que ce jeune aristocrate était un “blouson doré” qui avec sa bande de copains, s’occupait gentiment à vandaliser les chapelles de la région d’Abbeville avec un sentiment d’impunité dû à sa caste. (de nos jours, il profanerait sans doute des cimetières juifs ou des mosquées)
    Il avait , lui aussi “fait déborder le vase” et c’est un tribunal civil, sous la pression d’une population excédée qui l’a condamné et exécuté précipitamment avant que les recours en grâce (demandé par sa tante religieuse !..) ne parvienne dans sa ville.
    C’était en 1734. S’il avait vécu jusqu’en 1793, il aurait sans doute été guillotiné comme vieil aristo réactionnaire.. Les “jeunes cons” deviennent généralement des “vieux cons” et il n’en fallait pas beaucoup pour passer sous la “veuve” !
    Le sort de ces péronnelles ne me fait pas pleurer et le grand air de Sibérie leur rendra les joues roses. J’ai plus de compassion pour cette jeune pakistanaise chrétienne condamnée à mort pour avoir osé boire à la même fontaine que des musulmanes..

  • Marie Genko , 25 août 2012 @ 15 h 27 min

    Ci-dessous une analyse intéressante publiée par le Courrier de Russie:

    “L’action des membres de Pussy Riot et leur procès a en même temps divisé l’opinion publique et déclenché une vraie frénésie, ce qui démontre que ces événements ont effleuré les points les plus sensibles de la société russe. Lesquels ? Sergueï Markov, vice-recteur de l’université d’économie Plekhanov et politologue renommé, commente les différentes interprétations qui existent autour de cette affaire. [Article publié avant la publication du verdict, le 17août 2012, ndlr]Dans les rangs de l’opposition, deux versions circulent : la première pointe du doigt Vladimir Poutine, la seconde le Patriarche Kirill. Vladimir Poutine est accusé de vouloir laver l’affront causé par les jeunes féministes. Même si, soit-dit-en passant, l’actuel président a dû entendre tellement de critiques à son égard depuis un an, qu’il s’y est surement habitué depuis. D’autres craignent que le procès marque le début d’une censure idéologique religieuse, prémisses d’une cléricalisation de l’Etat. Pour des raisons politiques, ces versions monopolisent l’attention des médias russes à l’heure actuelle. Cependant, il existe d’autres interprétations des faits.

    Une société cloisonnée

    La société contemporaine russe se cloisonne de plus en plus en deux parties. D’un côté, la minorité active, composée des habitans des grandes villes, de la classe moyenne et cosmopolite, de l’autre une majorité morale silencieuse (MMS : terme utilisé en sciences politiques aux Etats-Unis pour caractériser la majorité des croyants conservateurs, qui ne peuvent peut-être pas constituer une majorité électorale, mais qui peuvent partager le même point du vue électoral que la « majorité silencieuse), qui compte dans ses rangs les provinciaux et les petits fonctionnaires aux valeurs conservatrices.

    Et cette majorité morale silencieuse a également sa version des faits concernant l’affaire Pussy Riot : un mélange de morale et de conspiration. Pour elle, cette action fait partie d’une campagne stratégique visant à souiller les valeurs sacrées du peuple russe et ce, dans le but d’éradiquer le peuple russe en tant que sujet de l’histoire du monde. Non pas au sens physique du terme mais en privant le peuple russe de son droit d’exister en tant que sujet politique et de son identité civilisationnelle. Ainsi l’Eglise russe, malgré tous les défauts que lui reconnaissent ses fidèles, conserve le rôle de représentant de l’identité supra-ethnique russe et Vladimir Poutine se voit, quant à lui, érigé en symbole d’une possible renaissance du peuple russe en tant que sujet politique, non pas du point de vue ethnique mais impérial.

    C’est donc un message solennel que cette Russie encore silencieuse envoie à Vladimir Poutine afin qu’il protège les reliques sacrées du peuple russe : « Tu es Russe ? Tu es orthodoxe ? Tu es fort et puissant ? Alors protège ce qui nous est cher ! ».

    Cette demande ne revêt, en aucun cas, un caractère politique mais une dimension existentielle. Vladimir Poutine n’est pas aveugle, il voit clairement l’appel de cette Russie traditionnelle et comprend très bien que la libération des trois membres de Pussy Riot aurait des conséquences politiques dramatiques.

    Imaginez que des millions de Russes, dont le sentiment national se renforce progressivement, constatent que le pouvoir ne défend pas les valeurs qui leur sont les plus chères. Ces millions de gens seraient alors coupés de la politique du gouvernement actuel. Un tel isolement se traduirait ensuite par une montée du terrorisme chez ces nationalistes qui recevraient un large soutien de la population pour leurs actions, comme en Allemagne et en Italie à la fin des années 1920. Ainsi, un petit fasciste russe de rien du tout se verrait offrir une chance de rejoindre le monde politique réel et Poutine, en tant qu’homme politique, se doit naturellement de s’opposer à un tel scénario.

    Eviter les émeutes

    Logiquement, le procès des membres de Pussy Riot ne doit pas être considéré de la même façon que celui de Khodorkovskiï, de Navalny ou des manifestants arrêtés à la suite de la marche des millions du 6 mai dernier. Il s’inscrit plutôt dans le prolongement de l’acquittement de O.J Simpson en 1995 (ancien joueur de football américain et acteur afro-américain accusé du meutre de son ex-épouse, blanche, et de son compagnon en 1994). Alors que les preuves dans cette affaire étaient suffisantes pour envoyer l’accusé en prison, la société américaine était fortement divisée sur la question : d’un côté 90% de la population blanche le jugeait coupable, de l’autre 90% de la communauté afro-américaine considérait qu’il s’agissait d’une vengeance des blancs contre ce héros noir. A partir de ce moment-là, il était devenu clair qu’en cas de condamnation, des émeutes raciales éclateraient dans les villes américaines, le pays se remettant à peine des émeutes de 1992 à Los-Angeles. Dans ce contexte de tensions raciales, le pouvoir américain a trouvé le moyen de faire acquitter le prévenu au pénal. Simpson sera cependant condamné à perpétuité en 2008 pour enlèvement et vol à main armée. Cette affaire montre que le pouvoir doit tout faire pour éviter des émeutes de masse, même si cela l’oblige à enfreindre la loi. Il doit évaluer le niveau de colère de la majorité morale par rapport a un événement et le risque potentiel de radicalisation.

    Radicalisation nationaliste

    La majorité morale silencieuse donne également deux interprétations de la « prière punk ». La plus morale des deux qualifie cette action d’idiotie commise par des jeunes filles incultes, elles-mêmes victimes de la télévision et de l’éclatement du pays des années 90. La communauté orthodoxe aime également rabâcher, en complément de cette théorie, qu’il suffirait aux jeunes femmes de faire de sincères excuses pour que l’Eglise leur pardonne et qu’elles soient relâchées. Mais il semble qu’au vu de la vigoureuse campagne qui les incite à s’en tenir à des excuses formelles, qui sont tout sauf sincères, ces pauvres filles n’ont même plus la possibilité de s’en sortir ainsi.

    Néanmoins, il est certain que si les féministes étaient libérées sans condamnation et sans avoir fait d’excuses publiques, les groupuscules nationalistes se radicaliseraient et se feraient justice eux-mêmes en lynchant les jeunes femmes. Je ne suis pas sûr que tous les partisans de Pussy Riot ont compris cela. Les organisateurs de cette campagne « Free Pussy Riot » sont plutôt prêts à verser le sang de ces jeunes femmes qu’ils manipulent sur l’autel de la sainte lutte contre Poutine et l’Eglise.

    Mais les membres de la majorité morale silencieuse ne se reconnaissent pas dans le portrait de ces punisseurs inhumains, tel que les médias le présentent. Ils se considèrent comme des protecteurs de leur pays. « Laissez nos reliques sacrées en paix ! », demandent-ils. Ils attendent du pouvoir que de telles attaques ne se reproduisent pas car ils sont certains que si les membres de Pussy Riot sont graciées, leur prochaine action sera encore plus horrible. Ils les imaginent copuler sur l’autel, y déféquer, insulter et attaquer les prêtres ou cracher dans l’église.

    « Et s’ils avaient fait ça dans une mosquée ? »

    L’affaire revêt aussi un aspect éthique, symbolisé par la comparaison permanente avec l’Islam : « Et s’ils avaient fait ça dans une mosquée ? ». Et cette comparaison est tout à fait explicable. Les musulmans – les ressortissants du Caucase étant majoritairement de confession musulmane – attendent de voir si les orthodoxes vont tolérer ou non cet affront. Si le premier cas de figure l’emporte – que les membres de Pussy Riot soient acquittées sans prononcer aucune excuse –, les Russes orthodoxes perdraient beaucoup de crédibilité face à ces individus dans les petits conflits de la vie de tous les jours.

    Cela signifie que les conflits se multiplieraient là où les diasporas sont unifiées par clan, nationalité et confession, comme à Stavropol, Kouban, etc. Des millions de personnes vivent dans ces zones. Sans faire de paranoïa, les gens sentent que si cet affront reste impuni, les autres communautés se conduiront plus violemment envers eux. Un acquittement de Pussy Riot impliquerait donc pour les orthodoxes russes de devenir eux-mêmes victimes de plus de racket et de violences de la part des clans musulmans.

    La plus agressive des versions de la majorité morale ne qualifie pas l’action des activistes de Pussy Riot « d’idiotie commise par des jeunes filles », mais d’une étape dans un complot global dirigé contre la Russie et l’Eglise. Selon cette version, Vladimir Poutine ne se voit pas seulement forcé de condamner ces trois jeunes femmes mais obligé de protéger la Russie par tous les moyens possibles. Et plus la campagne de soutien à Pussy Riot grossit et plus les soutiens de l’étranger affluent, plus la théorie du complot se consolide.

    Traduit par : Thomas GRAS
    Source : Vedomosti
    http://www.lecourrierderussie.com/2012/08/21/affaire-pussy-riot-pourquoi-est-il-impossible-

  • Robert , 25 août 2012 @ 16 h 00 min

    La question en titre de l’article m’amuse.
    Est-ce qu’un gouvernement, apparemment largement soutenu par son peuple, a encore le droit de décider de ses lois et leur application?
    Doit-il accepter tout et se laisser dicter ses lois par Soros et autres malfaiteurs?

  • Valmont de Neulise , 25 août 2012 @ 19 h 21 min

    qui est Soros part rapport à Poutine?

  • Marie Genko , 25 août 2012 @ 23 h 11 min

    @Valmont de Neulise

    Voyez wikipedia ou tapez “georges Soros” sur un moteur de recherches et vous aurez toute l’intéressante biographie de ce Monsieur….

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