A la fin de la deuxième guerre mondiale, les pays d’Europe, ravagés par l’offensive allemande puis par celle des alliés, se sont réunis sous l’aile américaine comme les poussins sous leur poule. Puis, ils se sont regroupés sous l’impulsion des « européistes » Jean Monnet et Robert Schuman.
Cette quiète convalescence fut appréciée des peuples épuisés, chassés par surcroît de leurs territoires d’outre-mer, et occupés à rassasiés âme et corps, sevrés qu’ils étaient par dix ans de saccages. Quand on a faim, on ne s’occupe guère des intentions du distributeur de la manne, et aussi accepte-t-on sans rechigner les dons.
Puis vint la mise en place de structures à vocation soi-disant économique comme la communauté du charbon et de l’acier (CECA) et de la Communauté des Etats Européens (CEE). Comme rien ne changeait dans leur environnement immédiat, que les gouvernants continuaient à feindre de maintenir la souveraineté de leurs états respectifs, on mena ainsi, dans le contexte contraignant de la guerre froide, les peuples jusqu’au traité de Maastricht.
Entre temps, même l’Angleterre s’approcha du piège doré, avec crainte et réticence s’y installa, puis récrimina quant aux conditions qu’on voulait lui imposer. Mais elle demeura, secrétant ainsi quelques chiens heureux que les loups qui venaient leur faire une causette fuyaient aussitôt, mais de moins en moins nombreux.
Le référendum français de 1992 fut perdu de très peu par les partisans de la souveraineté – c’est à dire de la liberté – par la faute de Philippe Seguin qui se montra tétanisé par un François Mitterand malin et déjà malade.
Nul ne perçut cette même année que les peuples se réveillaient dans l’ancienne Yougoslavie et que la guerre de libération débutait.
La fuite en avant pour accroître le nombre des pays membres alla jusqu’à l’ambition d’intégrer la Turquie dont l’entrée signifierait la désintégration de la civilisation européenne, qui, elle, existe.
La ruine des pays limitrophes à cause de l’euro et des endettements nécessaire pour qu’ils pussent tenir leur rang ne fit point réfléchir la « nomenklatura » en place à Bruxelles et Strasbourg. On mit des gauchistes à la tête de la commission (Barroso ou Solana) et lentement apparurent les contours de projet dément qui soutendait l’Union Européenne : le changement des peuples et leur soumission au joug d’une organisation mondiale à venir qu’on baptiserait « gouvernement » le jour venu. Cette semaine d’ailleurs, l’ONU vient de lancer l’idée de la mise en place d’une « police mondiale » qui est une pierre de plus dans cette direction.
Les portes de l’Europe – et celle des Etats-Unis – furent grande ouvertes et les hordes se mirent en marche « des bouts de l’univers » comme s’écrit Camille dans Horace.
Les vigies des « villages gaulois » qui, dés 1992, avaient alerté l’opinion sans être entendues, puis en étant montrées du doigt, furent rejointes en 2005 par des pans d’opinion qui donnèrent, en France, aux Pays-Bas et en Irlande, des réponses négatives aux référendums sur la Constitution européenne et autres sujets intégrateurs.
Les dirigeants politiques professionnels, qui forment désormais la classe gouvernementale, ignorèrent les « non » massifs exprimés, contournèrent cette opposition et perdurèrent dans ce qu’on peut appeler désormais une trahison des clercs. Et les catastrophes s’accumulèrent que la crise financière de 2008 favorisa.
La Grèce surtout, mais le Portugal, l’Espagne, l’Italie et d’autres contrés à l’est ne pouvaient survivre sous la monnaie unique qu’on aurait pu nommer le « mark » tant elle en avait la couleur. Mais rien n’y fit. L’Allemagne de Merkel imposa de poursuivre « par le fer et par le sang » comme l’aurait dit Bismarck (Durch Eisen und Blut).
Alors commença, enfin, la révolte des peuples. Et le référendum britannique eut lieu. 52% des électeurs demandèrent que la Grande Bretagne se retirât de l’Union Européenne.
Il est au fond normal que ce soit les Anglais qui tirent les premiers. C’est dans leur nature et on les y enragea au moins une fois. Nigel Farage, ce talentueux tribun qui mit si souvent la face des européistes à nue dans le grand cirque de Strasbourg, a mené campagne et ses compatriotes l’ont suivi.
« Il vaut mieux être le premier dans son village que le second à Rome » dixit César. La formule reste vraie et les Britanniques ont choisi de sortir de l’Union Européenne pour redevenir eux-mêmes. A présent, nul ne peut nier que Bruxelles ou Strasbourg n’ont plus de légitimité et que leurs prétentions doivent être soumises au feu des urnes dans chaque pays membre.
Surtout si on s’avise de ce qui se passe aux Etats-Unis sous l’impulsion de Donald Trump. Là encore, le peuple se soulève et semble décidé à recouvrer sa souveraineté avant qu’il ne soit trop tard.
Si juin est le début de la débâcle (au sens propre du terme) en Europe, novembre peut-être celle du monde, avec le retour d’une Terre de nations libres de faire la loi chez elles, libres d’avoir les amis qu’elles souhaitent et libres de pratiquer les mœurs qu’elles chérissent.
« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. »
Georges Clément
Comité de Lépante
Ancien président du Comité francilien de défense du franc
Ancien membre du Conseil national souverainiste
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