Le sociologue Michel Crozier dans son livre La crise de l’intelligence donne une explication de l’incapacité de la France à se réformer : « Nous sommes un pays paradoxal. Nous avons complètement perdu confiance dans nos élites, que nous jugeons inaptes à nous diriger dans un monde nouveau, différent et dangereux, mais nous restons en même temps obnubilés par leur brillant et par les prouesses intellectuelles qu’elles sont capables d’accomplir. Elles ont beau avoir accumulé les échecs, nous sommes fiers de leur lucidité intellectuelle et de leur arrogance ».
Michel Crozier met en exergue l’incapacité des élites à s’adapter au monde qui vient. Elles sont formées dans les grandes écoles pour appliquer des solutions technocratiques aux grands problèmes. Mais elles sont incapables d’écouter les gens du terrain et de leur laisser prendre des initiatives. Les élites croient détenir les solutions mais cette prétention empêche les réformes émanant de la base. Pourtant dans un monde complexe, les problèmes sont réglés plus efficacement par des hommes du terrain plutôt que par des intellectuels au sommet d’une pyramide technocratique.
“Les politiciens et les hauts fonctionnaires sont persuadés que la solution à tous les problèmes passe par une intervention renforcée de l’Etat. Ils ne peuvent pas comprendre que l’Etat n’est pas la solution mais le problème de la France.”
Je partage l’analyse de Michel Crozier concernant l’arrogance des élites ainsi que leur incapacité à se réformer. Cependant on peut contester leur supposée lucidité intellectuelle. En effet, l’intelligentsia de gauche a prétendu détenir la vérité et incarner le progrès en faisant l’apologie du communisme. Toutefois ces intellectuels ont été déboussolés et désenchantés lors de l’effondrement de l’Union soviétique. Il est alors apparu clairement que les intellectuels pouvaient être inintelligents. Ils se sont couverts de ridicule avec leurs prises de position prétentieuses sur le sens de l’Histoire. Après la faillite de l’utopie communiste, les intellectuels de gauche devraient se taire et avoir honte de leur bêtise. Mais pour sauver la face, ils préfèrent surenchérir dans l’idéalisme. Les élites journalistiques et universitaires, majoritairement politiquement correctes, prétendent que la société multiculturelle représente l’avenir paradisiaque. Mais cette nouvelle utopie n’est-elle pas aussi désastreuse que la précédente ? Nos élites préfèrent asséner leur « vérité » sans se demander si elle n’est pas aussi débile que la précédente.
Les politiciens et les hauts fonctionnaires sont persuadés que la solution à tous les problèmes passe par une intervention renforcée de l’Etat. Ils ne peuvent pas comprendre que l’Etat n’est pas la solution mais le problème de la France. De même, ils ne peuvent pas concevoir que l’élite politique actuelle est la cause du blocage de la société française. Une énarchie prétentieuse et incompétente se complaît dans des poncifs politiquement corrects sur les bienfaits de l’ouverture aux autres. La France subit une double peine : d’une part des transferts de souveraineté au profit d’une technocratie supranationale et d’autre part une immigration de peuplement. Ainsi l’Etat français devient un exécutant de la Commission de Bruxelles tandis qu’une colonisation rampante de la France est à l’œuvre. Les élites devraient éclairer le peuple et lui indiquer le chemin à suivre mais on a l’impression d’être dirigé par des collabos au service d’intérêts étrangers.
Si les élites actuelles sont la cause du déclin de la France alors la conclusion logique est qu’il convient de les remplacer comme cela s’est déjà produit à certaines périodes de l’histoire de France.
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