Tribune libre d’André Pouchet*
Ça y est, la loi Taubira a été votée par les députés… Le gouvernement pavoise. Mais il n’a pourtant pas lieu de faire le fier. Pourquoi ? Et bien parce que, en cette affaire, ce à quoi il nous aura hélas été donné d’assister, c’est d’une part au triomphe du mensonge et de la désinformation, d’autre part à un flagrant déni de démocratie. Il est sûr que ce gouvernement, qui a déjà atteint un taux record d’impopularité, ne l’emportera pas en paradis et que, tôt ou tard, il devra subir les conséquences du comportement inadmissible et scandaleux dont il vient de faire preuve !
Le triomphe de la désinformation
S’il fallait en croire nos médias, les Français, dans leur majorité, auraient été favorables au projet de loi Taubira, ce projet mensongèrement baptisé par le gouvernement « mariage pour tous » (mais qu’il serait plus honnête d’appeler simplement « mariage homosexuel »).
En réalité, il n’en est rien. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner avec un minimum d’attention les sondages disponibles sur le sujet, par exemple ceux que, dans son édition datée des 21-22/04/2013, vient de publier en page 9 le journal Le Monde.
Le plus éloquent de ces sondages, c’est celui réalisé par l’IFOP du 19 au 21 mars pour Alliance Vita. Il était proposé aux sondés de choisir entre 3 options. « Vous savez qu’actuellement, en France, le mariage ouvre automatiquement le droit à l’adoption, c’est-à-dire qu’on ne peut dissocier mariage et adoption, dans ces conditions êtes vous plutôt favorable » :
– « au droit au mariage assorti du droit d’adoption pour les personnes de même sexe » = 37% des sondés
– « à une union civile qui accorderait davantage de droits que le Pacs sans pour autant permettre le droit à l’adoption » = 34% des sondés
– « à aucun de ces projets, les droits actuels étant suffisants » = 24% des sondés
Pour ceux qui savent compter, cela fait donc 58% des Français qui désapprouvent le projet gouvernemental ! Il faut dire que la question, pour une fois, avait été intelligemment formulée de façon à ce que les sondés soient parfaitement éclairés sur les enjeux réels découlant de leurs réponses.
Mais les autres sondages, bien qu’ils ne fassent pas preuve du même souci pédagogique vis-à-vis des sondés, vont eux aussi dans le même sens et viennent corroborer le sondage de l’IFOP. Ce qu’ils font apparaitre, c’est que, s’il y a bien une majorité prête à dire « Oui » au mariage homosexuel quand celui-ci est seulement perçu comme une nouvelle mouture du Pacs, un Pacs amélioré, il n’y a plus de majorité pour accepter l’adoption, qui, elle, est nettement repoussée par nos concitoyens. Qu’on en juge d’après ces deux sondages, également fournis par Le Monde, effectués en janvier dernier par deux organismes distincts :
– D’après l’Institut CSA, pour le mariage : 52% ; contre : 43% ; pour l’adoption : 44% ; contre : 52%.
– D’après Opinion Way, pour le mariage : 57% ; contre : 43% ; pour l’adoption : 45% ; contre : 55%.
Or, on le sait bien ou on devrait le savoir, ce n’est pas seulement l’adoption par des « couples » homosexuels qu’au moyen de la loi Taubira l’on veut nous imposer. C’est bien pire ! C’est – les promoteurs de cette loi pernicieuse ne s’en cachent d’ailleurs nullement ! – la PMA (Procréation Médicalement Assistée), puis la GPA (Gestation Pour Autrui), un euphémisme hypocrite pour désigner une réalité sordide : l’achat d’ovules et la location d’utérus mercenaires !
Un déni de démocratie
Alors, devant des sondages aussi explicites, devant l’ampleur des manifestations de protestation à travers tout le pays, des centaines de milliers de citoyens de tous les âges, de tous les milieux, mobilisés, un gouvernement honnête et se voulant démocratique, n’aurait-il pas dû avoir à cœur d’organiser un référendum afin de consulter le peuple et lui permettre de se prononcer souverainement sur une question de cette importance ?
Et bien, non, pas du tout, pas le gouvernement Hollande-Airault en tout cas ! Celui-ci a cyniquement choisi de passer en force, réprimant des manifestations parfaitement pacifiques et débonnaires, empêchant la foule immense de se déployer dans des avenues assez vastes pour la contenir, n’hésitant pas à utiliser des gaz lacrymogènes contre des familles accompagnées de jeunes enfants, trafiquant grossièrement les chiffres et truquant même les photos des cortèges pour tenter de minimiser une mobilisation en réalité tout à fait considérable.
C’est pourtant un gouvernement qui, à peine en place, se trouve déjà au bout de quelques mois largement discrédité dans l’opinion en raison de son incapacité à résister autrement qu’en paroles à la désindustrialisation et à faire face efficacement à l’irrésistible montée du chômage… Pire, il vient d’être obligé de reconnaitre qu’un de ses ministres les plus en vue, M. Cahuzac, l’homme chargé par lui de la lutte contre la fraude fiscale, était lui-même un fraudeur patenté, doublé d’un menteur éhonté !
A cette occasion on a assisté à une chose vraiment ahurissante. Devant le scandale retentissant occasionné par l’affaire Cahuzac, les représentants du parti au pouvoir, affolés et penauds, se sont mis à s’agiter en tous sens pour tenter d’apaiser la colère du peuple. C’est ainsi que le chef du parti, M. Désir, s’est cru bien inspiré de suggérer que soit organisé un référendum pour permettre aux citoyens de se prononcer massivement « contre la corruption et pour la moralisation de la vie politique ».
Quel culot : déjà aller se faire le champion de la lutte contre la corruption quand on a soi-même été condamné, le 17 décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d’amende pour « corruption et recel d’abus de biens sociaux », c’est passablement gonflé !
Mais quel culot surtout d’aller envisager un référendum (une idée qui n’aura finalement pas été retenue par le Président Hollande, lequel a préféré recourir à d’autres mesures symboliques plus ou moins crédibles), simplement pour tenter dans une situation délicate de faire diversion et d’amadouer les couillons d’électeurs que nous sommes, alors qu’on ne craint pas de nous en refuser un sur une question aussi sérieuse et aussi décisive que le mariage pour tous !
Au lieu de nous traiter de « groupes fanatisés et fascisants » comme vient de le faire M. Désir ou de « vichystes » comme vient de le faire M. Vals, au lieu de nous injurier et de nous cracher leur mépris, ne pourraient-ils enfin nous considérer comme des citoyens dignes d’un minimum de respect et, avant de promulguer leur loi pernicieuse, consentir à soumettre celle-ci à référendum ? Ce serait là la moindre des choses.
*André Pouchet est professeur de Lettres retraité.
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