par Éric Verhaeghe, aux éditions du Rocher
Ce livre nous propose une petite révolution sociale ; Il nous propose tout simplement de foutre en l’air la Sécu. Rien que cela ! Et au nom de quoi ? Du libéralisme le plus débridé ? D’un culte total du capital ? D’un amour immodéré et sans la moindre restriction de Mammon ?
Que nenni ! Au nom de l’amour de la justice, la vraie, et d’une authentique sympathie pour la classe moyenne, cette petite bourgeoisie française, qui est tout à la fois le cœur et le socle et de notre société et de notre identité.
Originaire de la haute aristocratie enarchienne, Verhaeghe n’a de cesse de pourfendre les privilèges abusifs des fonctionnaires, et singulièrement des « hauts fonctionnaires ». Pour autant, Il n’y a de « haut » dans le haut fonctionnaire que son indice de traitement. Le courage est inversement proportionnel au niveau hiérarchique, et la force de proposition itou… Ainsi qu’un rapport sur le concours d’accès à cette noble école vient de l’avouer, publiquement qui plus est.
La réflexion menée par Éric Verhaeghe part d’un état des lieux impitoyable pour notre pays, car le principe mortifère de la Sécu a été pensé dans les années 30, par un membre du Conseil d’État et un inspecteur des finances, cela ne s’invente pas, qui ne purent réellement le finaliser que dans le premier gouvernement du régime dit « de Vichy ». Et ce sont les même que l’on retrouve à la manœuvre pour l’imposer définitivement en 1946. L’auteur n’hésite pas à donner leurs noms… C’est aussi l’occasion, pour moi, de rappeler l’extraordinaire continuité entre la IIIe, la IVe et le régime intermédiaire. Avec le temps qui passe de plus en plus d’études ne pourront que conforter cette thèse. Et c’est cette même « techno structure » qui est encore à l’œuvre aujourd’hui.
Que l’on se rassure, Verhaeghe ne veut pas vraiment détruire le système actuel, mais le remplacer par la mise en place du fameux, et extraordinairement polémique, revenu universel qu’il tient pour l’avenir de la sécu. Établissant que la sécu coute aux Français de l’ordre de 580 milliards, soit 26 % du PIB, et qu’ils n’ont aucun moyen de la contrôler puisque sa gouvernance relève d’une direction du ministère de la santé, et que ses budgets sont votés par des parlementaires éminemment soumis à l’exécutif. Cette dépense correspond à 8 800 euros annuels ou 730 euros mensuels. La prise en charge des maladies de longue durée et autres maladies orphelines resterait à la charge de la sécu d’aujourd’hui, soit 100 milliards. Restent 480 milliards. La solution, selon notre énarque repenti, consiste donc à transférer cette somme en un revenu universel de l’ordre de 580 euros mensuels, ce qui, accessoirement n’est pas très loin du minimum vieillesse. Et chacun serait libre de gérer cette somme comme il l’entend, qu’il s’agisse d’assurance santé ou de régime de retraite.
Les grands perdants seront bien entendu les régimes dits spéciaux, singulièrement le régime de retraite des fonctionnaires, le plus avantageux et de loin, puisqu’il propose en moyenne une retraite double de celle du régime dit général.
La vraie différence avec la situation actuelle c’est aussi la responsabilité. Et donc la libération, car on ne tient jamais mieux un peuple en servitude qu’en lui proposant un système qui échange un minimum de confort contre la renonciation à toute forme d’initiative et toute promotion au mérite. C’est le principe d’envie qui est à l’œuvre, et ce que ne dit pas notre essayiste c’est que l’envie est le moteur de la révolte de Lucifer, et pour l’humanité la garantie d’une médiocrité partagée et obligatoire. Le contraire exact de génie propre de notre peuple.
Tous ceux qui, aujourd’hui, bénéficient du système sans cotiser seraient amené aussi à revisiter leur situation particulièrement injuste et irresponsable, vis-à-vis de ceux qui cotisent toujours plus pour et reçoivent toujours moins de prestation. Ce serait, enfin, la fin de la double peine !
Il faut espérer un vif succès à ce livre, sérieux et polémique tout à la fois, car l’accumulation de déficits et l’incitation à bénéficier, en toute gratuité injuste, du travail des autres, ne saurait être le fondement du mode de fonctionnement d’une société.
4 Comments
Comments are closed.