Petit-à-petit et pour ainsi dire « comme prévu », la France s’installe à nouveau dans l’un de ces innombrables épisodes de merdoiement intense où l’ensemble de la population va pouvoir goûter, d’une façon ou d’une autre, directe ou indirecte, à la mainmise des syndicats collectivistes sur le pays.
Et encore une fois grâce à l’inaction déterminante d’une petite poignée de privilégiés, toute la population va devoir grignoter les richesses âprement gagnées après guerre et pendant les Trente Glorieuses et dont il ne reste à peu près rien, comme en témoigne la paupérisation française actuelle.
Mais qu’à cela ne tienne : moyennant les bons messages répétés en boucle depuis des décennies, depuis ceux sur l’inévitable ultralibéralisme de la société française jusqu’à l’absolue nécessité de lutter contre l’abominable turbocapitalisme qui provoque la misère partout sur la planète, tout le monde en France est maintenant persuadé que la lutte (pas finale mais presque) des quelques syndicalistes bloquant des transports en commun pour conserver leurs petits et gros avantages doit absolument s’étendre à tout un paquet d’autres corps de métiers et que tout ça va très bien se terminer, forcément.
C’est probablement pour cela que les syndicats habituels ont décidé le blocage de certaines raffineries, d’aéroports, de centrales nucléaires ou de routes ainsi que des coupures de courant dans plusieurs villes de France, le tout dans une décontraction ahurissante des politiciens, des médias, des forces de l’ordre et, parions-le, de la justice qui ne verront dans ces actes qu’une simple expression un peu colorée du droit de grève bien gaulois grâce auquel la France vit dans l’opulence, la douceur de vivre et où tout se termine en chanson tsoin tsoin.
Cette décontraction est ahurissante autant par son ampleur que par son aspect répétitif. Non seulement, on peut garantir qu’il n’y aura aucune poursuite pour chacun des actes qui, pourtant et à chaque fois, constitue le viol clair d’une ou plusieurs lois et qui, dans chaque cas, a provoqué des pertes d’exploitation et des incidents en pagaille, mais on doit se rappeler que ces types d’exactions n’ont absolument rien d’inhabituel au pays des Droits de l’Homme et de l’Égalité pour tous.
Eh oui : en République du Bisounoursland, personne n’a le droit d’utiliser la force ou la violence, et surtout pas en parole au risque de s’exposer à des poursuites et des condamnations lourdes, sauf les syndicats qui ont, eux, un véritable blanc-seing de la part tant des autorités que des médias dont pas un n’aura le courage de dénoncer ces actes pour ce qu’ils sont, à savoir du terrorisme dont la définition est, pour rappel, l’emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique.
Quoi de plus politique que les buts que se sont fixés les syndicats ? Peut-on remettre en cause le caractère violent des coupures de courant, des blocages de sites, de routes et la paralysie d’un pays qui s’ensuit et dont la facture est, sans le moindre conteste, payée en vies humaines ?
En fait de dialogue social, la CGT et les autres syndicats suiveurs illustrent fort bien ce qu’ils signifient par là : ils parlent, les autres se taisent, écoutent, et doivent acquiescer (ou sinon…).
Dans ce cadre, les syndicats ne sont plus des partenaires sociaux puisque leurs actions relèvent du droit commun et ce n’est qu’au prétexte de vouloir arrondir les angles (encore une fois et comme depuis 70 ans au moins) qu’on va leur passer ces méthodes qui ne sont celles que de gangsters, de mafieux ou de terroristes.
Les mots semblent forts, mais si l’on prend la peine de se pencher sur les années passées, les faits permettent d’écarter tout doute : pratiques mafieuses, détournements de fonds, hooliganisme, vandalisme, et même CGT patron voyou alors que le syndicat est régulièrement responsable, directement et indirectement, de faire calancher des entreprises… (et donc de détruire de l’emploi, un comble pour un syndicat qui prétend le protéger).
Et à cette lamentable dérive mafieuse qui caractérise maintenant les syndicats français, on doit malheureusement ajouter la dérive politique qui consiste pour eux à contourner, violemment s’il le faut, les principes démocratiques et l’expression régulière du peuple.
En effet, aux pratiques de gros bras et aux comportements de nervis dans la rue correspond l’usage récurrent et immodéré du troisième tour social dans la vie politique. Pour ces individus, les référendums, les élections et le parlement ne semblent jamais avoir assez reçu l’onction du peuple : si le peuple a eu l’égarement de voter quelque chose qui se révèle contre les intérêts directs des syndicats, ceux-ci s’empresseront de se lancer dans l’un de ces fameux « troisièmes tours sociaux », pour faire plier le gouvernement, les parlementaires et finalement, le peuple-qui-vote-mal dans le sens qui plaît aux syndicats…
Et de troisième tour social en troisième tour social, les dégâts sont encore plus immenses que ceux, directs, provoqués par les blocages et les coups de forces que ces syndicats opèrent, car se joue en coulisse, discrètement, un quatrième tour social, celui de ceux qui, épuisés de batailler contre ces hordes privilégiées, finissent par quitter le pays : face aux emmerdements permanents, aux blocages, aux intermittents du transport, les vieux les plus sensés et les plus malins s’en vont profiter de leur retraite loin du tabassage fiscal français pendant que les jeunes profitent de leur liberté pour s’installer dans les pays qui fonctionnent correctement et ne pénalisent pas en permanence les citoyens ordinaires.
Malheureusement, même devant ces dégâts, aucun de ces abus ne sera réellement dénoncé, aucunes de ces exactions ne sera réellement poursuivie. Le pouvoir de nuisance des syndicats et des corporations qu’ils protègent ne sera jamais remis en question, même lorsque les pires abus sont pourtant constatés, car ils ont obtenu ces avantages précisément parce qu’ils ont un pouvoir de nuisance important. C’est celui-ci, accordé par lâcheté et calcul politique minable de court-terme, qui leur permet d’obtenir l’avantage en premier lieu, d’en user puis d’en abuser en second temps, et enfin de s’y accrocher avec la dernière des énergies comme on le voit actuellement, et même si cela doit être au détriment de la grande majorité des Français.
L’égalité dont se gargarisent nos dirigeants agit ici comme un but inatteignable, lointain et chimérique auquel, il faut bien le dire, aucune de ces brochettes d’incompétents ne croit, même vaguement.
Tout se déroule comme prévu, c’est-à-dire mal : la France a choisi, une nouvelle fois le merdoiement intense. Encore une fois, des millions de Français supporteront, sans rien pouvoir dire ni faire, les caprices d’une caste.
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