Des erreurs en rafale : de Paris à Alger

Il y a des parcours sans faute. Une petite blague présidentielle nous a fait assister à une descente où le skieur se paye tous les portiques avant que ses concurrents ne l’imitent.

Le Crif a été créé en 1943 au plus fort de la déportation et de l’extermination des Juifs français et Européens. Qu’il faille rendre hommage à cette institution et rappeler l’horreur du génocide ainsi perpétré par les nazis sont des impératifs évidents. Que, par ailleurs, on puisse éprouver pour Israël sympathie et admiration, tout en souhaitant ardemment que paix et justice soient rendues aux Palestiniens, n’appelle de ma part aucune objection. Bien au contraire ! En revanche, je ne pense pas que le Président de la République doive présider une réunion dont le caractère communautaire est inséparable d’une commémoration ô combien respectable. Cela crée un double malentendu : d’abord, celui du communautarisme, puisque celui qui parle au nom de la seule communauté républicaine, la Nation, se croit obligé d’évoquer un pacte qui existerait entre une communauté particulière et la République. Ensuite, le lien entre cette communauté et un pays étranger, justifié par l’histoire, et favorisé par la double nationalité, expose à des confusions entre politique intérieure et affaires étrangères au risque d’un dérapage qui s’est produit au détour d’une petite blague typiquement « hollandaise ». Or la maladresse visait un autre pays, arabe (au moins en partie) et musulman, dont les relations avec la France sont toujours sensibles. L’Algérie sourcilleuse n’a pas manqué de réagir à la pique involontaire en la transformant en incident diplomatique. Et notre gaffeur s’est fendu d’un communiqué penaud, d’une excuse qui évite le mot humiliant mais pas la chose. Le Président n’a pas à rendre compte de ses déclarations en France à un pays étranger. Mais la symétrie électoraliste saute aux yeux : voilà un pays qui est le référent d’une « communauté » présente en France. C’est la raison pour laquelle le Président, avant de gaffer et de s’excuser, était allé à Alger l’année dernière afin de dénoncer la colonisation injuste et brutale et de s’excuser, déjà, pour les souffrances infligées et le massacre de Sétif, en particulier. Pas un mot sur ceux commis à l’encontre des Harkis ou des Pieds-noirs oranais. Pas un mot sur la tragédie vécue par les Français d’Algérie contraints de tout abandonner. Pas un mot sur le magnifique travail accompli sur le plan médical ou scolaire par la France en Algérie. On a bien compris qu’en bon politicien, Monsieur Hollande ne s’adresse qu’à un seul public à la fois et compte additionner les voix gagnées par une démagogie sectorielle à l’arrivée. La Corrèze est la terre d’élection de cette attitude. Chirac n’y avait, hélas, pas manqué. Tout ceci est aux antipodes de la vision gaullienne de la fonction présidentielle. Les bonnes relations avec l’Algérie sont un objectif louable qui doit reposer sur la dignité et la réciprocité. La saillie de notre Président n’a pas la même taille que le terme de génocide, diffamatoire pour la France, employé par le Président Bouteflika.

Mais l’opposition dite « du centre et de la droite » a tenu à montrer que l’insuffisance de niveau n’était pas le privilège de la présidence actuelle ni de la gauche. Elle s’est engouffrée sur la mauvaise pente, la pente glissante de la préférence partisane au détriment de la fierté nationale. Il ne fallait pas en rajouter. Pas un, cependant, qui n’ait préféré stigmatiser la bourde plutôt que de perdre une occasion de faire parler de soi. On remarquera que ce sont les seconds couteaux qui s’y sont surtout employés, n’hésitant pas à évoquer les « amis algériens » pour mieux enfoncer celui qui est, qu’on le veuille ou non, le Chef de l’Etat, de Notre Etat. On peut, et même, on doit  regretter qu’il le soit, mais certainement pas en s’associant à une critique venue de l’étranger. Il y a dans une telle attitude une trahison morale à l’encontre de la mission des élus nationaux qui est de représenter la France et de défendre ses intérêts, et son image. Cet incident d’une rare médiocrité n’est pas un accident, mais l’expression de la chute de notre pays au travers de l’abaissement de sa classe politique. De Gaulle n’aurait pas présidé de réunion communautaire, mais il n’hésitait pas à employer des formules volontairement provocatrices sur le sol étranger même. Il ne s’est pas excusé pour le Québec libre. On en est aujourd’hui à souhaiter plus que jamais une France libre, libérée d’une caste politicienne qui n’est pas digne d’elle.

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86 Comments

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  • 0 / 10
  • David , 26 décembre 2013 @ 11 h 45 min

    En fait après renseignement non Sarkozy contrairement à Hollande est….catholique.

    Simplement je ne m’abaisserais pas à voir un complot catholique des catholiques sous prétexte que tel ou tel homme important à tel ou tel lien avec l’église catholique comme vous le faites avec le judaïsme.

  • JACKY4546 , 26 décembre 2013 @ 14 h 30 min

    Coluche avait raison :
    “un mec qui a l’air d’un con, çà ne peut être qu’un con.”

  • David , 26 décembre 2013 @ 14 h 48 min

    Cette humoriste avait bien du talent, il faut l’admettre.
    Cependant pour ma part sa vulgarité et ses blagues pour le moins pas très pudique font que je le tiens à distance.

    Mon humoriste préféré si je puis dire c’est ….Rivarol.

    Quel auteur de talent et peu de plaisanterie sont plus spirituel que les sienne et il ne néglige pas l’humour sur l’autel de l’élégance.

  • Libre , 26 décembre 2013 @ 15 h 55 min

    Un roi ne se serait pas comporter de la sorte.Et ce genre de pitreries durent depuis plus de 200 ans…

  • Goupille , 26 décembre 2013 @ 19 h 20 min

    Qu’ils auditionnent… Comme s’ils ne connaissaient pas le système.
    Comme si, d’Urba aux frégates de Taïwan, de commissions en rétro-commissions, de contournement des embargos de toutes couleurs et à toutes destinations, ils n’avaient pas tous mis les doigts dans la confiture.
    Et les économistes, qui doctement continuent à élaborer des châteaux en toile d’araignée sur des données incontrôlables.
    Et le système dément des bitcoins, qui flambe.
    Et la finance islamiste, qui contourne les contrôles et les fiscalités.

    Qu’ils auditionnes, nous savons qu’ils nous prennent pour des cons.
    Et à nos frais, s’il vous plaît.

  • Goupille , 26 décembre 2013 @ 19 h 46 min

    Et la vache rousse sans un seul poil blanc qui doit être sacrifiée ce jour-là ? Avez-vous trouvé une remplaçante à la vache yankee qui, vieillesse venant, ne répondait plus au critère ?

    Voyez, chacun sa foi.
    Moi, mon Messie est venu.
    Et il nous a débarrassés des holocaustes et autres maltraitances dites rituelles.

    On respire mieux, en Christianisme.

  • Psyché , 26 décembre 2013 @ 22 h 17 min

    “le Messie pour nous, arrivera uniquement envoyé par dieu et pareillement pour le troisième temple qui descendra du ciel”

    D’où le projet “Blue Beam” ?

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