Ras-le-bol de la chasse aux « sectes » !

Tribune libre de Robert Ménard*

L’État vient de verser 6,3 millions d’euros aux Témoins de Jéhovah. Au terme d’une procédure vieille de quinze ans, la France avait été condamnée, en juillet dernier, par la Cour européenne des droits de l’homme à la suite d’un redressement fiscal controversé. Elle s’est donc exécutée.

Cette somme correspond à celles saisies en 1998, auxquelles sont venus s’ajouter les intérêts et les frais de justice. Le contentieux portait sur la nature de ces offrandes, les dons des fidèles : pour les Témoins de Jéhovah, ils devaient bénéficier d’une exonération fiscale, comme pour toutes les associations cultuelles. Quelle différence avec la quête lors de la messe, s’interrogeaient-ils ? Ils ont obtenu satisfaction. Pour la Cour européenne des droits de l’homme, la France a violé la liberté de religion. Elle a été sanctionnée.

Voilà une bonne nouvelle. Qu’on partage ou non les croyances des Témoins de Jéhovah, on ne peut que constater le traitement discriminatoire de ce que certains de nos parlementaires – et, tout particulièrement, la tristement célèbre Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires — s’évertuent à baptiser« sectes » quand, partout ailleurs dans le monde, on se contente d’un très neutre « religions minoritaires ».

Faut-il rappeler que si, bien sûr, des comportements sectaires existent et doivent être condamnés, la France a la sale manie d’épingler tout ce qui ne correspond pas à ses canons en matière de religion. Et, du coup, de se faire montrer du doigt jusque par les Nations unies. Si l’on en croit la fameuse Mission de vigilance, on ne compte pas moins de… 600 sectes en France. Une « liste noire » qui, à mélanger torchons satanistes et serviettes new age, avait fini par être contestée jusqu’au sein du gouvernement Fillon.

Les Témoins de Jéhovah revendiquent 250 000 fidèles. Leur refus des transfusions sanguines est problématique, dangereux même. Mais pas davantage que certaines autres pratiques de religions bien établies… Même chose pour l’Église de scientologie, reconnue d’ailleurs comme une religion à part entière aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Espagne, en Italie ou au Portugal…

Au fond, la France n’aime pas la liberté religieuse. Pas plus que d’autres libertés… La Cour de Strasbourg vient de la rappeler à ses obligations. Dieu merci.

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il vient de lancer le portail Boulevard Voltaire.

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159 Comments

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  • diego , 23 décembre 2012 @ 19 h 22 min

    En France, cette « prétention de constituer l’État tout entier en dehors des institutions et des préceptes de l’Église » déboucha, sous la III ° République, sur tout un arsenal de lois et de règlements tels que :
    – l’expulsion forcée de 265 congrégations religieuses non autorisées en 1880 (Jésuites, Dominicains, Bénédictins, Franciscains, Carmes…)
    – l’interdiction de tout enseignement religieux dans les écoles publiques par la loi du 28 mars 1882
    – la suppression des aumôneries militaires en 1883
    – la suppression en août 1884 des prières publiques prévues au Parlement dans la Constitution de 1875
    – la fermeture de la quasi totalité des écoles catholiques du pays (16.000 établissements congréganistes) et l’adoption d’une loi interdisant à toute congrégation d’enseigner en 1904,
    – la rupture en 1904 également des relations diplomatiques entre la France et le Vatican
    – le vote de la loi de séparation de l’Église et de l’État en décembre 1905, loi selon laquelle la République ne reconnaît plus aucun culte.
    Mise en œuvre par des francs-maçons notoires comme Jules Ferry (ministre de l’Instruction publique de 1879 à 1883) ou Émile Combes (président du Conseil entre 1902 et 1905), et destinée à priver l’Église et la foi catholique de toute assise et de toute influence sociales, cette politique (en particulier les lois scolaires relatives à la laïcisation de l’enseignement) sont largement à l’origine de la déchristianisation actuelle du pays. »
    Voici ce qui confirme ce que j’écrivais sur la volonté de gommer tout sentiment chrétien en France, de la franc maçonnerie.

  • Paul de Tarse , 23 décembre 2012 @ 20 h 05 min

    La VERITE (Jean 4:24)

  • Paul de Tarse , 23 décembre 2012 @ 20 h 10 min

    Chez les TdJ il est plus difficile d’entrer que de sortir (parfois on vous y aide même).

  • Paul de Tarse , 23 décembre 2012 @ 20 h 11 min

    Vous pensez bien que mal vus comme ils sont s’ils transgressaient une seule loi on leur ferait pas ce cadeau

  • Paul de Tarse , 23 décembre 2012 @ 20 h 13 min

    Désolé mais globalement il y a plus de victimes dues aux transfusions qu’a leur refus.

  • Paul de Tarse , 23 décembre 2012 @ 20 h 18 min

    Si vous étudiez bien le sujet autour de cette affaire vous découvrirez que cette loi a été reconnue inique par tous les juristes. Elle était faite sur mesure pour les TJ et ne s’est appliquée qu’a eux. On leur a donc rendu ce qui leur appartenait. Quant au commerce il fait tordre le cou a cette idée, ils ne font rien payé et il n’y a même pas de dime chez eux.

  • Paul de Tarse , 23 décembre 2012 @ 20 h 20 min

    C’est une décision purement juridique.

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