Dernière trouvaille de nos “délichieuses” féministes : l’écriture inclusive ! Qui devrait s’imposer, très bientôt, dans toutes les administrations publiques. Parce que, selon ces donzelles, pour faire avancer l’égalité hommes-femmes, il faut ajouter le féminin à chaque mot masculin jugé trop sexiste. Elles préconisent, donc, d’utiliser un joli petit tiret ou un point médian qui, désormais, leur fera écrire, par exemple, en y incluant le pluriel, “délichieurs-euses”. Pour nous préciser que dans la famille des chieurs, les chieuses sont aussi nombreuses ? On le savait déjà ! Avec l’écriture inclusive, on ne marche plus sur la tête, on se la coupe !
Les recommandations alambiquées de nos pétroleuses du féminisme ne reposent que sur des considérations idéologiques gauchisantes qui n’apportent rien à l’évolution de l’écrit. Nos académiciens font un travail remarquable et n’ont besoin de personne pour faire avancer le processus. Ils avaient déjà tranché, à propos de la féminisation des dénominations professionnelles, en expliquant que : “le seul moyen de définir les genres du français consiste à les distinguer en genres marqués et non marqués. Le genre dit couramment masculin est le genre non marqué, qui représente à lui seul les éléments relevant de l’un et l’autre genre. Quand on dit, tous les hommes sont mortels, cette ville compte 20 000 habitants, tous les candidats ont été reçus à l’examen, le genre non marqué désigne indifféremment des hommes ou des femmes. En revanche, le genre dit couramment féminin est le genre marqué. Or, la marque affecte le terme marqué d’une limitation. À la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux êtres animés, institue entre les sexes une ségrégation. Il en résulte que pour réformer le vocabulaire, chaque fois que le choix reste ouvert, on préfère, pour les dénominations professionnelles, le genre non marqué “. Tout est dit et reste valable pour la suite.
En rendant le sexisme responsable de tous les maux (et des mots), les extrémistes du féminisme s’égarent et ne veulent pas voir qu’il y a quantité de mots neutres féminins que l’on emploie déjà. Comme, par exemple, curieusement, dans l’armée : estafette, ordonnance, recrue ou sentinelle. Pourtant, la plupart du temps, l’estafette ou la sentinelle est un homme, plutôt viril, nullement offusqué par le terme féminin que l’on attribue à sa fonction : il a d’autres problèmes à régler, autrement contraignants. Nos précieuses ridicules oublient que la langue française ne vient pas de nulle part. Elle a une histoire, un héritage gréco-latin qui a produit une grammaire très complexe, d’une finesse syntaxique admirable, mais qui peut, aussi, permettre des simplifications expressives – le genre neutre en fait partie – bien appropriées pour formuler nos pensées, nos idées et nos argumentations. Ce sont, également, les exceptions grammaticales qui font la richesse de notre langue, et qui la rendent si attrayante. Nullement figée, elle peut toujours s’améliorer, mais pas au nom d’une discutable égalité sexiste des mots.
Au risque de fabriquer encore plus de “crétin-e-s”, “certain-e-s” voudraient que l’écriture inclusive ou écriture épicène, c’est-à-dire asexuée, soit, aussi, enseignée à l’école. Comme s’il était utile de rajouter de la complexité à la complexité (de la langue française). Une meilleure compréhension de toutes les subtilités de l’écriture amènera bien plus d’égalité et de neutralité que la généralisation du petit tiret et du e final appliqués sans discernement, au mépris de toute considération phonétique et étymologique. Sans fondement linguistique, et ne reposant que sur des critères idéologiques, une langue se meurt. En attendant, plutôt que d’imposer à des fonctionnaires une écriture absurde, les pouvoirs publics seraient mieux inspirés en leur prodiguant des cours d’orthographe, d’usage et de règles : l’administration publique ne s’en portera pas plus mal ! Et il serait judicieux de ne pas oublier que le véritable problème de l’égalité hommes-femmes est, pour la majorité des Français, la parité des salaires : les hommes gagnent, en moyenne, 23 % de plus que les femmes.
Alors, l’écriture inclusive…
Claude PICARD