Samedi, le visage de la France était bien laid. Avec la manifestation de soutien à la cause palestinienne, la société française a entremêlé aux yeux de tous certains de ses maux actuels les plus prégnants.
Evidemment, cet événement est une gifle supplémentaire pour la démocratie et pour l’Etat. D’une part, l’interdiction de la manifestation est un nouvel épisode confirmant – pour ceux qui en doutent encore – la sortie de route démocratique de la France. Le pouvoir s’arroge le droit de décider des rassemblements autorisés ou non en s’appuyant sur le motif fragile et contestable du « trouble à l’ordre public ». D’autre part, le non respect de cette interdiction confirme le délitement de l’autorité de l’Etat. Même en dépêchant CRS et forces de police, il n’est plus en mesure de faire respecter ses décisions… face à des groupes très déterminés. Il se trouve ainsi réduit à changer pathétiquement son fusil d’épaule en autorisant la prochaine manifestation.
Mais samedi à Barbes, s’est imbriqué avec le conflit au Proche Orient et la criante disparition de notre politique étrangère indépendante, l’éclatement déjà acté du discours lénifiant sur le vivre ensemble. La France « black blanc beur » sanctifiée en 1998 a pâli. Car, n’en déplaise aux tenants des oukases interdisant toute distinction de race et d’origine dans la population française, la foule qui défilait portait sur son visage ses racines arabes.
Pour autant, une fois ce constat fait, l’honnêteté intellectuelle force à rappeler qu’il serait réducteur de pointer du doigt un groupe – la communauté musulmane ou les Français d’origine arabe – dans son ensemble. Plusieurs millions d’entre eux vivent sur notre territoire et il n’était que quelques milliers samedi. Surtout, une Malika Sorel – aux origines algériennes – rappelle combien nous sommes redevables du courage de certains Français et certaines Françaises d’origine maghrébine dans leur engagement pour la défense de notre identité. « Tous ceux qui, depuis des décennies, fondent leur approche du sujet de l’immigration-intégration sur la mise en cause de la société d’accueil, qui serait une société fermée et raciste, portent une part de responsabilité dans le désastre. »
Cette mise au point effectuée, disons les choses clairement. Oui, l’immigration pose des problèmes économiques dans un pays rongé par le chômage. Oui, l’immigration pose des problèmes d’intégration surtout lorsque les différences culturelles sont marquées au départ. Oui, l’immigration telle qu’elle est vécue en France est un vecteur de balkanisation accélérée car il ne s’agit plus d’intégrer des minorités mais des pans entiers de population.
Le 14 juillet, François Hollande déclarait refuser l’importation du conflit israélo-palestinien et plus généralement des tensions communautaires en France. Dans le même temps, il est le chantre de l’immigration de masse, de l’enterrement de l’identité française et de l’alignement sans condition ni réflexion de notre politique étrangère sur la ligne israélo-américaine.
Plus généralement, c’est toute la classe politique et nous avec qui récoltons ce que nous avons semé. Depuis samedi, les réactions des politiques se succèdent entre dogmatisme et embarra. Il y a ceux qui affichent sans complexe leur soutien aux manifestants et attaquent l’interdiction. Il s’agit de l’extrême gauche, écologistes compris. Leur position est cohérente. Ils ont toujours affiché leur préférence pour la cause palestinienne. Ils soutiennent l’immigration de masse. Ils sont les fers de lance du multiculturalisme et de la repentance permanente. Ils veulent détruire l’âme et l’identité de la France.
Il y a le Gouvernement et plus globalement le parti socialiste. Leur situation est délicate car ils naviguent entre deux eaux. D’un côté, comme l’immense majorité des élites, ils se doivent de soutenir Israël, en concordance avec la fameuse réparation morale post-Shoah. Surtout, le PS compte en son sein de nombreux responsables d’origine juive, autant de relais à la cause israélienne. Valls lui-même ne s’est-il pas déclaré éternellement lié à Israël… De l’autre, Hollande s’est fait élire en 2012 grâce au vote musulman. Or, l’expérience des municipales et le détournement massif des Français d’origine arabe du vote socialiste suite à la loi sur le mariage pour tous a mis en lumière le cruel dilemme de la gauche française. Si elle souhaite conserver le pouvoir, elle n’a guère d’autre choix que de capter cet électorat d’origine immigrée via la poursuite de l’immigration de masse et des politiques outrageusement généreuses de l’état providence. Elle doit alors mettre en sourdine sa politique sociétale et son soutien inconditionnel à Israël sous peine de n’avoir dans son escarcelle électorale que les bobos et les gays. Une bonne manière de conserver Paris, pas l’Elysée.
A droite, l’embarras est également de mise. Certes, il y a avant tout la posture politique. Il faut charger le Gouvernement incapable de faire respecter l’ordre. Mais il y a surtout un épais silence lourd de signification. Car l’UMP – aussi majoritairement ralliée à Israël – se sait complice de l’immigration de masse orchestrée depuis plus d’un demi-siècle dans le pays. Surtout, elle sait que ces immigrés sont pour certains non intégrés tout simplement car la France n’a plus les moyens humains et financiers d’honorer son modèle assimilationniste. Par couardise, elle a fermé les yeux, bernant à plusieurs reprises son électorat à coup de fausses promesses et de coups de menton répétés.
Samedi, ces tensions communautaires ont explosé à nouveau en plein jour. Et elles font immanquablement rejaillir les problématiques lancinantes sur le voile, le halal, les mariages forcés, la polygamie et les djihadistes français. Autant de questions que les politiques préfèrent balayer d’un revers de main ou placer sous le sceau du débat interdit. Autant de questions qui se posent faute d’une maîtrise suffisante de nos frontières. Car il n’est nullement question d’appeler à l’expulsion de ces individus hors du territoire national. Beaucoup n’ont d’ailleurs que leur passeport français. Il ne s’agit pas non plus de nier leur droit à conserver une part de leur culture et de leurs convictions, notamment sur le conflit au Proche Orient. Il est simplement question d’afficher et d’assumer notre identité et notre histoire – baignées par la civilisation latine, chrétienne et marquées par des relations étroites et privilégiées avec le monde arabe – mais surtout d’assimiler les populations étrangères. Les Maghrébins sont bien souvent pointés du doigt. Mais que dire des Français d’origine asiatique ou même ceux d’origine juive dont le mélange à la communauté nationale laisse souvent à désirer… en témoigne la mort mardi d’un soldat franco-israélien engagé contre Gaza.
Si l’âme de la France ne s’impose plus à ceux qui la composent, il est fort à parier que son délitement ressemblera à l’effondrement de l’empire Romain rongé par les barbares. Puissent ceux et celles qui l’aiment se réveiller enfin et lui rendre son si beau visage !