- Eric Martin
- 23 juin 2011
- Latest Update: 16 octobre 2017 18 h 28 min
- 134
- 8 minutes read
- 0
Par Daniel DiSalvo*. Une recension de lecture des deux derniers ouvrages de Pierre Manent, Le regard politique et Les métamorphoses de la Cité, publiée en juin 2011 par le City Journal, et traduite de l’Anglais par Le Bulletin d’Amérique avec l’aimable autorisation des éditeurs.
Quand il s’agit de penseurs politiques français, les Américains se divisent en général en deux camps opposés. Les uns les admirent sans réserve, les autres les rejettent avec dédain. Cette réaction peut être, en partie, expliquée par le gouffre qui persiste entre les philosophies politiques américaine et française. La pensée américaine reste obstinément ancrée au sein de l’horizon du libéralisme (ce que les français appellent républicanisme). La pensée française, d’autre part, a produit une véritable tradition révolutionnaire et réactionnaire. Jusqu’à récemment, les intellectuels les plus en vue à Paris ont été captivés par les divers courants du marxisme, de l’existentialisme et du post-structuralisme. Pour les Américains cherchant à sortir du cadre restrictif du libéralisme, les dernières émanations de la rive gauche ont été une bouffée d’air frais, tandis qu’elles dégageaient, pour ceux qui sont encore attachés aux objectifs fondamentaux du libéralisme, une odeur de charlatanisme.
Une nouvelle génération est cependant parvenue en France à une certaine maturité. Elle aborde le libéralisme moderne avec sérieux sans pour autant en devenir un converti fervent. Un de ses membres les plus doués est Pierre Manent, dont deux nouveaux livres, Le regard politique et Les métamorphoses de la Cité, démontrent qu’il mérite de ce côté-ci de l’Atlantique à la fois un lectorat large et une étude sérieuse. Les deux sont écrits dans une prose faussement directe, dépourvue de jargon et particulièrement profonde.
Le regard politique propose une introduction vivante à la vie et à l’œuvre Manent. Il a grandi dans une famille communiste et a vécu dans un milieu socialiste où « l‘on ne rencontre presque jamais un homme de droite ». Pas baptisé, il s’est converti au catholicisme au lycée. À l’École Normale Supérieure, il approfondit son intérêt pour la politique en étudiant avec Raymond Aron et en lisant Leo Strauss (« l’auteur avec qui j’ai le plus intensément débattu »). Plus tard, il a aidé à fonder le journal anticommuniste Commentaire. Manent raconte son histoire personnelle avec modestie et discrétion tout en évoquant les thèmes centraux de son projet intellectuel. Il réfléchit sur ce qu’il appelle les trois « pôles » de la vie humaine: la politique, la philosophie et la religion. Son but est de découvrir comment trouver un équilibre judicieux entre elles.
Les premiers travaux de Manent furent centré sur ce que Benjamin Constant appela la « Querelle des Anciens et des Modernes ». Les principales questions du litige étaient les suivantes: Qu’est-ce qui est différent dans la modernité? Qu’est-ce que signifie « être moderne » ? Comme Strauss, Manent a perçu une rupture nette et consciente dans l’histoire occidentale, à commencer par Machiavel, qui a placé la modernité en opposition à l’Antiquité et au Moyen Âge chrétien. La caractéristique essentielle du projet moderne est son ambition étonnante. Il vise à rendre les hommes des « maîtres et possesseurs de la nature » (Descartes) et à résoudre le « soulagement de l’état de l’homme » (Francis Bacon) par l’ « amélioration continue de la condition humaine » (Adam Smith). Quelle différence avec les « notions cyclique de l’histoire » des Grecs et l’idée chrétienne selon laquelle l’amélioration humaine ne pourrait se produire que par la grâce de Dieu !
Les Métamorphoses de la Cité est une œuvre philosophique majeure dans laquelle Manent regarde l’histoire occidentale à travers un objectif large. Il suggère que la rupture moderne n’est pas l’axe central, mais seulement un moment important dans cette histoire. Pour rendre ce cas, il développe l’idée d’une « forme politique ». Une forme est un cadre géographique, fondé sur une population donnée, dans laquelle la politique a lieu, et qui produit un certain point de vue parmi ses habitants. Il en distingue quatre types: la cité antique, l’Empire, l’Eglise, et l’État-nation. Chaque forme peut être marquée par l’étendue de territoire qu’elle occupe et la taille et la diversité de sa population. C’est la concurrence entre les formes et l’impossibilité de s’installer sur une forme en particulier, soutient Manent, qui est la source du dynamisme de l’Occident.
Suivant Aristote, Manent affirme que l’ancienne Cité pourrait fournir un cadre pour une véritable politique, parce qu’elle était suffisamment réduite pour permettre d’intenses délibérations face-à-face. Les citoyens pouvaient exercer leur liberté vigoureusement dans la place publique. La Cité a ainsi offert aux Grecs un aperçu immédiat et direct de la vie politique, révélant clairement la nature humaine, dans toute sa hauteur et sa profondeur. Mais l’énergie civique que la Cité produit conduit également à sa disparition. Elle a été victime de guerres intérieures et extérieures et a été remplacée par les empires, d’abord de Macédoine, puis de Rome.
Les Empires, l’Empire romain en particulier, aspirent à une sorte d’universalité qui méprise la particularité des cités. Mais alors qu’ils s’étendent, les empires effacent la dimension politique de la vie. Manent explore cette question en traitant la « question de Rome », qui est de savoir comment une cité, d’une manière sans précédent, a pu se transformer en un vaste empire. Manent ravive la pensée de Cicéron, qui a saisi que l’émergence de la Rome impériale était un point fondamental de l’histoire occidentale, anticipant à bien des égards la conduite moderne.
Avec l’effondrement de Rome, l’Eglise a tenté d’offrir un nouveau type de communauté universelle. Pourtant, cette nouvelle forme introduit une confusion extraordinaire de l’autorité, en séparant commandement religieux et pouvoir politique. La séparation de la Cité de Dieu et de la Cité de l’Homme a provoqué un problème « théologico-politique » problème qui, soutient Manent, n’a jamais été résolu. Les efforts pour les réunifier ou les séparer davantage ont été, alternativement, dangereux et décevants.
Insatisfait par chacune de ces alternatives, l’Occident a donné naissance au Moyen-Age à l’État-nation, qui pourrait soutenir une vie civique plus vigoureuse. Dans un sens, l’État-nation est le successeur de l’ancienne Cité. Mais les guerres catastrophiques du XXe siècle ont exposé son caractère problématique. Compte-tenu de ses antécédents sanglants, de nombreux Européens veulent aujourd’hui y échapper, et l’Union européenne a été conçue comme le véhicule pour la réalisation de ces désirs. Pourtant, les débats récents sur son expansion ont révélé que de nombreuses personnes en Europe étaient hésitantes sur ce qu’elles voulaient que l’Union européenne soit réellement. La recherche d’une forme politique afin de satisfaire l’Europe continue.
Fait intéressant, Manent s’est publiquement opposé à la « constitution » européenne, qui a subi une défaite lors d’un référendum en France en 2005. Il rejette l’aspiration de l’Union européenne à être quelque chose d’un empire universel humanitaire, arguant qu’elle supprime la possibilité pour une véritable politique.
Dans le projet de l’Union européenne, Manent entend le chant des sirènes d’une « religion de l’humanité » qui fuit la politique vers les notions creuses de l’autodéification humaine. Ce désir d’échapper à la politique est le résultats du divorce entre le processus de civilisation et la vie politique. La modernité a transformé l’homme occidental d’un « animal politique » en un homme « travailleur et aristocratique ». La politique est donc souvent traitée avec dédain. Les véritables moteurs de changement sont devenus la science et l’économie.
Manent avertit que la politique n’est pas chose à dénigrer; c’est plutôt une dimension fondamentale de la vie humaine. Comme James Madison, Manent voit la politique comme « la plus grande de toutes les réflexions sur la nature humaine ». Toutefois, de telles réflexions ne sont possibles que sous certaines conditions. Premièrement, il doit y avoir suffisamment d’éléments « à l’ordre du jour », comme nous dirions, pour mériter un examen commun. Trop peu d’éléments et la politique devient triviale; trop d’éléments en nombre et la politique cède à des conflits incessants. Il n’y a pas de politique authentique, en tant que telle, dans les tribus, les tyrannies, ou les empires. Deuxièmement, les frontières ou limites sont nécessaires pour fournir un espace public dans lequel la politique peut avoir lieu. A l’intérieur de ces frontières, il doit y avoir une population qui, peu importe la raison, se considère comme un « peuple ». Sans ces conditions, les citoyens ne peuvent pas exercer librement leurs facultés communes à prendre des décisions collectives, risquant de mettre en péril la liberté.
Pour paraphraser le jugement churchillien, Manent trouve que l’Etat-nation est peut-être la pire forme – à l’exception de toutes les autres que l’Occident a pu essayer. Il s’agit de la forme par laquelle la démocratie libérale a prospéré, qui offre les meilleures perspectives pour une politique saine. En définitive, l’enseignement de Manent est sévère: oubliez la politique, et vous oublierez peut-être également la liberté.
*Daniel DiSalvo est Professeur de Sciences politique au City College de New York (CUNY) et Senior Fellow du Centre pour le Leadership du Manhattan Institute.
______________________
A voir : l’entretien du Bulletin d’Amérique avec Pierre Manent.
Cette page est produite par l’Institut Coppet et le Bulletin d’Amérique.
Par Daniel DiSalvo*. Une recension de lecture des deux derniers ouvrages de Pierre Manent, Le regard politique et Les métamorphoses de la Cité, publiée en juin 2011 par le City Journal, et traduite de l’Anglais par Le Bulletin d’Amérique avec l’aimable autorisation des éditeurs.
Quand il s’agit de penseurs politiques français, les Américains se divisent en général en deux camps opposés. Les uns les admirent sans réserve, les autres les rejettent avec dédain. Cette réaction peut être, en partie, expliquée par le gouffre qui persiste entre les philosophies politiques américaine et française. La pensée américaine reste obstinément ancrée au sein de l’horizon du libéralisme (ce que les français appellent républicanisme). La pensée française, d’autre part, a produit une véritable tradition révolutionnaire et réactionnaire. Jusqu’à récemment, les intellectuels les plus en vue à Paris ont été captivés par les divers courants du marxisme, de l’existentialisme et du post-structuralisme. Pour les Américains cherchant à sortir du cadre restrictif du libéralisme, les dernières émanations de la rive gauche ont été une bouffée d’air frais, tandis qu’elles dégageaient, pour ceux qui sont encore attachés aux objectifs fondamentaux du libéralisme, une odeur de charlatanisme.
Une nouvelle génération est cependant parvenue en France à une certaine maturité. Elle aborde le libéralisme moderne avec sérieux sans pour autant en devenir un converti fervent. Un de ses membres les plus doués est Pierre Manent, dont deux nouveaux livres, Le regard politique et Les métamorphoses de la Cité, démontrent qu’il mérite de ce côté-ci de l’Atlantique à la fois un lectorat large et une étude sérieuse. Les deux sont écrits dans une prose faussement directe, dépourvue de jargon et particulièrement profonde.
Le regard politique propose une introduction vivante à la vie et à l’œuvre Manent. Il a grandi dans une famille communiste et a vécu dans un milieu socialiste où « l‘on ne rencontre presque jamais un homme de droite ». Pas baptisé, il s’est converti au catholicisme au lycée. À l’École Normale Supérieure, il approfondit son intérêt pour la politique en étudiant avec Raymond Aron et en lisant Leo Strauss (« l’auteur avec qui j’ai le plus intensément débattu »). Plus tard, il a aidé à fonder le journal anticommuniste Commentaire. Manent raconte son histoire personnelle avec modestie et discrétion tout en évoquant les thèmes centraux de son projet intellectuel. Il réfléchit sur ce qu’il appelle les trois « pôles » de la vie humaine: la politique, la philosophie et la religion. Son but est de découvrir comment trouver un équilibre judicieux entre elles.
Les premiers travaux de Manent furent centré sur ce que Benjamin Constant appela la « Querelle des Anciens et des Modernes ». Les principales questions du litige étaient les suivantes: Qu’est-ce qui est différent dans la modernité? Qu’est-ce que signifie « être moderne » ? Comme Strauss, Manent a perçu une rupture nette et consciente dans l’histoire occidentale, à commencer par Machiavel, qui a placé la modernité en opposition à l’Antiquité et au Moyen Âge chrétien. La caractéristique essentielle du projet moderne est son ambition étonnante. Il vise à rendre les hommes des « maîtres et possesseurs de la nature » (Descartes) et à résoudre le « soulagement de l’état de l’homme » (Francis Bacon) par l’ « amélioration continue de la condition humaine » (Adam Smith). Quelle différence avec les « notions cyclique de l’histoire » des Grecs et l’idée chrétienne selon laquelle l’amélioration humaine ne pourrait se produire que par la grâce de Dieu !
Les Métamorphoses de la Cité est une œuvre philosophique majeure dans laquelle Manent regarde l’histoire occidentale à travers un objectif large. Il suggère que la rupture moderne n’est pas l’axe central, mais seulement un moment important dans cette histoire. Pour rendre ce cas, il développe l’idée d’une « forme politique ». Une forme est un cadre géographique, fondé sur une population donnée, dans laquelle la politique a lieu, et qui produit un certain point de vue parmi ses habitants. Il en distingue quatre types: la cité antique, l’Empire, l’Eglise, et l’État-nation. Chaque forme peut être marquée par l’étendue de territoire qu’elle occupe et la taille et la diversité de sa population. C’est la concurrence entre les formes et l’impossibilité de s’installer sur une forme en particulier, soutient Manent, qui est la source du dynamisme de l’Occident.
Suivant Aristote, Manent affirme que l’ancienne Cité pourrait fournir un cadre pour une véritable politique, parce qu’elle était suffisamment réduite pour permettre d’intenses délibérations face-à-face. Les citoyens pouvaient exercer leur liberté vigoureusement dans la place publique. La Cité a ainsi offert aux Grecs un aperçu immédiat et direct de la vie politique, révélant clairement la nature humaine, dans toute sa hauteur et sa profondeur. Mais l’énergie civique que la Cité produit conduit également à sa disparition. Elle a été victime de guerres intérieures et extérieures et a été remplacée par les empires, d’abord de Macédoine, puis de Rome.
Les Empires, l’Empire romain en particulier, aspirent à une sorte d’universalité qui méprise la particularité des cités. Mais alors qu’ils s’étendent, les empires effacent la dimension politique de la vie. Manent explore cette question en traitant la « question de Rome », qui est de savoir comment une cité, d’une manière sans précédent, a pu se transformer en un vaste empire. Manent ravive la pensée de Cicéron, qui a saisi que l’émergence de la Rome impériale était un point fondamental de l’histoire occidentale, anticipant à bien des égards la conduite moderne.
Avec l’effondrement de Rome, l’Eglise a tenté d’offrir un nouveau type de communauté universelle. Pourtant, cette nouvelle forme introduit une confusion extraordinaire de l’autorité, en séparant commandement religieux et pouvoir politique. La séparation de la Cité de Dieu et de la Cité de l’Homme a provoqué un problème « théologico-politique » problème qui, soutient Manent, n’a jamais été résolu. Les efforts pour les réunifier ou les séparer davantage ont été, alternativement, dangereux et décevants.
Insatisfait par chacune de ces alternatives, l’Occident a donné naissance au Moyen-Age à l’État-nation, qui pourrait soutenir une vie civique plus vigoureuse. Dans un sens, l’État-nation est le successeur de l’ancienne Cité. Mais les guerres catastrophiques du XXe siècle ont exposé son caractère problématique. Compte-tenu de ses antécédents sanglants, de nombreux Européens veulent aujourd’hui y échapper, et l’Union européenne a été conçue comme le véhicule pour la réalisation de ces désirs. Pourtant, les débats récents sur son expansion ont révélé que de nombreuses personnes en Europe étaient hésitantes sur ce qu’elles voulaient que l’Union européenne soit réellement. La recherche d’une forme politique afin de satisfaire l’Europe continue.
Fait intéressant, Manent s’est publiquement opposé à la « constitution » européenne, qui a subi une défaite lors d’un référendum en France en 2005. Il rejette l’aspiration de l’Union européenne à être quelque chose d’un empire universel humanitaire, arguant qu’elle supprime la possibilité pour une véritable politique.
Dans le projet de l’Union européenne, Manent entend le chant des sirènes d’une « religion de l’humanité » qui fuit la politique vers les notions creuses de l’autodéification humaine. Ce désir d’échapper à la politique est le résultats du divorce entre le processus de civilisation et la vie politique. La modernité a transformé l’homme occidental d’un « animal politique » en un homme « travailleur et aristocratique ». La politique est donc souvent traitée avec dédain. Les véritables moteurs de changement sont devenus la science et l’économie.
Manent avertit que la politique n’est pas chose à dénigrer; c’est plutôt une dimension fondamentale de la vie humaine. Comme James Madison, Manent voit la politique comme « la plus grande de toutes les réflexions sur la nature humaine ». Toutefois, de telles réflexions ne sont possibles que sous certaines conditions. Premièrement, il doit y avoir suffisamment d’éléments « à l’ordre du jour », comme nous dirions, pour mériter un examen commun. Trop peu d’éléments et la politique devient triviale; trop d’éléments en nombre et la politique cède à des conflits incessants. Il n’y a pas de politique authentique, en tant que telle, dans les tribus, les tyrannies, ou les empires. Deuxièmement, les frontières ou limites sont nécessaires pour fournir un espace public dans lequel la politique peut avoir lieu. A l’intérieur de ces frontières, il doit y avoir une population qui, peu importe la raison, se considère comme un « peuple ». Sans ces conditions, les citoyens ne peuvent pas exercer librement leurs facultés communes à prendre des décisions collectives, risquant de mettre en péril la liberté.
Pour paraphraser le jugement churchillien, Manent trouve que l’Etat-nation est peut-être la pire forme – à l’exception de toutes les autres que l’Occident a pu essayer. Il s’agit de la forme par laquelle la démocratie libérale a prospéré, qui offre les meilleures perspectives pour une politique saine. En définitive, l’enseignement de Manent est sévère: oubliez la politique, et vous oublierez peut-être également la liberté.
*Daniel DiSalvo est Professeur de Sciences politique au City College de New York (CUNY) et Senior Fellow du Centre pour le Leadership du Manhattan Institute.
______________________
A voir : l’entretien du Bulletin d’Amérique avec Pierre Manent.
Cette page est produite par l’Institut Coppet et le Bulletin d’Amérique.
You can share this post!
Eric Zemmour : « C’est le temps de la droite plurielle »
Mondialisation : Ipsos a refusé de faire le sondage
Related Articles
Tours : Trois églises profanées par des antifas
Marseille : l’OQTF pris en flagrant délit alors…
Nouveau recensement aux États-Unis : les États conservateurs…