Notre bon petit soldat de Président a signé, avec tous ses collègues, l’accord entre l’Union européenne et l’Ukraine. Il a pris ses distances avec la méchante Russie. Une fois de plus, il emboîte le pas des Etats-Unis et de leur gentil Président, si bienveillant avec ses alliés, si attentionné qu’il les faisait écouter par la NSA, afin d’être au courant de tous leurs désirs. Qui aime bien écoute bien : Sarkozy en sait quelque chose. D’ailleurs, entre « Pays des Droits de l’Homme », on est fait pour s’entendre, c’est le cas de le dire. Comment ne pas succomber au charme de ce virtuose de la communication, quand soi-même on peine un peu dans l’exercice ? Pensez donc : Obama, c’est le champion qui a réussi à obtenir le Prix Nobel de la Paix, en arrivant, sur sa bonne mine, et c’est le même, qui, sans vaine prétention, transforme le « mari de Michelle » en faire-valoir d’une star du talk-show, la si mal payée Ellen De Generes. Mettre l’homme, paraît-il le plus puissant du monde, en partenaire d’une animatrice de télévision, dans le rôle d’un mari démuni lorsque la maîtresse de maison n’est pas là, c’est un condensé de nos démocraties avancées. Le vrai pouvoir est aux communicants et à ceux qui les emploient. Les politiques doivent prendre place – et pas trop – dans le spectacle, et celui-ci doit rendre heureux : un cocktail euphorisant avec une bonne dose d’humour, une grosse giclée de politiquement correct, et surtout un fond de « je suis comme vous » qui éveille la sympathie. La démocratie décorative règne. Elle est fondée sur une démagogie antipopuliste dont le postulat est que le pouvoir consiste à séduire les électeurs, ce qui évite de leur demander leur avis. L’oligarchie médiatico-politique peut dormir tranquille. De l’autre côté de l’écran, ils sont contents.
“Comme pour l’Irak, la France aurait dû se démarquer et se faire la championne d’un voisinage constructif entre la Russie et l’Europe dont l’Ukraine aurait été le point de rencontre et non de rupture.”
Moyennant quoi, notre Prix Nobel de la Paix, si sympathique, dont les drones traquent ici et là les terroristes, n’a résolu aucun des conflits dont il a hérité ou dont il a facilité l’éclosion. En 2009, il était au Caire et prononçait un discours qualifié d’historique, pour lancer à Al-Azhar, un nouveau commencement entre les Musulmans et les Etats-Unis. Cinq ans plus tard, l’Egypte est redevenue une dictature militaire après avoir frôlé la théocratie des Frères Musulmans, la Libye a sombré dans l’anarchie tribale qui a coûté la vie dans des conditions horribles à un ambassadeur américain, la Syrie subit une guerre civile atroce que le régime baasiste, allié des Iraniens et des Russes, semble en passe de gagner. L’Irak à majorité chiite risque de s’inscrire de plus en plus dans l’axe qui unit l’Iran au Hezbollah libanais. Ses troupes, formées et équipées par les Américains, ont sécurisé la frontière avec la Syrie au détriment des opposants syriens pourtant soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés du Golfe (opération Al Shabah). Les djihadistes battus étaient équipés de matériel turc… Or, l’allié turc, dont le gouvernement se démarque de la tradition laïque kémaliste, connaît des difficultés internes. Ni son aide aux rebelles syriens ni son occupation illégale d’une partie de Chypre n’entraînent de sanction particulière de la communauté internationale. Pourtant, à Chypre, il s’agissait aussi de protéger la population turque contre les Grecs. Mais il ne faut pas confondre : lorsqu’il s’agit de Russes et de Poutine, ça n’est pas acceptable. La question palestinienne n’a pas progressé d’un pas vers une solution. Israël continue d’implanter des colonies sur le territoire qui était d’ailleurs celui des douze tribus, la Judée-Samarie, Cisjordanie aujourd’hui. Les Palestiniens, notamment les Chrétiens, en voie de disparition, ont de plus en plus de mal à se faire entendre dans le tohu-bohu moyen-oriental , que notre génial Prix Nobel a fait jaillir de son discours d’Al-Azhar. L’Iran gagne habilement du temps. Les Américains sont toujours en Afghanistan dont l’avenir est incertain, et Guantanamo n’est pas fermé. Avec un pareil bilan, sans ses talk-show, Obama devrait être considéré comme un Président calamiteux pour le monde.
La Russie de Poutine veut sauvegarder sa sphère minimale d’influence. Elle a définitivement perdu les limites du bloc soviétique dont les anciens membres sont souvent devenus des adversaires, comme la Pologne, qui n’oublie pas Katyn. On la comprend. Mais elle ne veut pas être isolée au point de voir d’anciennes républiques de l’URSS s’intégrer dans des dispositifs politiques ou militaires potentiellement hostiles. Une partie non négligeable de leur population est russophone et même russe. Le pas a été franchi pour les Pays Baltes. Il a été amorcé en Ukraine et en Géorgie. Compte-tenu de l’implication de ces deux pays dans l’histoire russe, avec un Staline, géorgien, par exemple, la plus grande prudence du camp « occidental » était nécessaire. Elle n’a pas été observée. Bien au contraire. C’est pourquoi, l’alignement jusqu’au suivisme de la France sur les positions américaines et son anonymat au sein d’une Europe à la traîne des Etats-Unis doivent être jugés avec sévérité. On lit aujourd’hui que le Président Obama et Mme Merkel sont à la tête du camp occidental. C’est pour notre pays une désertion. La complicité avec la politique compliquée des Etats-Unis, l’abandon de la politique européenne à la direction de l’Allemagne, dont les intérêts ne sont pas les nôtres, ne sont pas à la hauteur de notre Pays et de son histoire. Comme pour l’Irak, la France aurait dû se démarquer et se faire la championne d’un voisinage constructif entre la Russie et l’Europe dont l’Ukraine aurait été le point de rencontre et non de rupture. Le silence de la France n’a jamais servi la paix ni l’équilibre du monde.
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