La Droite existe-t-elle encore ?

L’un des poncifs du microcosme médiatique est la disparition de la frontière entre la droite et la gauche. Les palinodies qui ont jalonné le vote de la Loi « Macron » peuvent conforter cette idée « tendance ». Une loi saupoudrée de libéralisme a été proposée et soutenue par la majorité de gauche. Des députés de « droite » se proposaient de la voter. Les gardiens du temple marxiste s’y opposaient. Finalement, le 49/3 a redessiné les contours de la majorité PS/verts et de l’opposition UMP, FN, extrême-gauche. Mais ce clivage mécanique n’est pas celui de la droite et de la gauche puisque les communistes sont dans l’opposition et que le FN prend sur le plan économique des positions qui sont de moins en moins « droitières ».

Cette confusion, parmi tant d’autres, est le signe de notre époque. Pourtant, la clarté de la vie politique bénéficierait d’une définition nette des termes de gauche et de droite. Je n’ai jamais ressenti la moindre difficulté à me situer à droite. A mon sens, cette position repose sur trois piliers : le conservatisme dans le domaine des valeurs sociales, le libéralisme économique et le patriotisme. A la création de l’UMP, la réunion des démocrates-chrétiens, des giscardiens et des gaullistes correspondait assez à la fusion de ces trois valeurs. Mais ce sont malheureusement d’autres aspects des partis d’origine qui se sont imposés : la fuite en avant vers le fédéralisme européen des centristes, le pragmatisme électoral de ceux qui ont encore le front de se prétendre « gaullistes », le progressisme de libéraux plus enclins à saper les valeurs qu’à libérer notre économie.

Les derniers débats qui ont agité notre société ont montré combien celle-ci avait perdu les repères qui permettent des choix intelligents et responsables. L’une des valeurs qui fondent la droite est la famille. L’anthropologie justifie la distinction et la complémentarité des sexes. Les variations sociologiques dans le temps et l’espace des comportements liés à l’appartenance à un sexe ne touchent pas l’essentiel. Le modèle chrétien du mariage unissant un homme et une femme pour la vie est certes une donnée historique, mais ses avantages méritaient d’être conservés alors qu’ils sont systématiquement remis en cause. La famille qui en résultait offrait le cadre d’une égalité et d’un respect mutuel entre les sexes, donnait aux enfants un milieu éducatif équilibré et durable, faisait la synthèse entre les exigences démographiques et la sécurité nécessaire à l’épanouissement personnel. Si les comportements individuels pouvaient compromettre l’institution, comme c’est toujours le cas, une conception politique attachée à la personne, mais refusant l’individualisme, soucieuse de liberté mais privilégiant le Bien Commun au détriment des caprices individuels, se devait de défendre et de promouvoir une politique conservatrice dans ce domaine. L’avortement banalisé, le divorce facilité, le mariage dénaturé, la multiplication des situations intermédiaires entre l’individu et la famille ont détricoté le tissu social, fragilisé les solidarités, accru les inégalités et les difficultés qui en résultent.

Comme l’a montré Tocqueville, le libéralisme n’est pas strictement individualiste. Car la foule des individus préoccupés de leurs « vulgaires plaisirs » va se tourner vers l’Etat-Providence pour obtenir de lui ce que ne lui fournissent plus les solidarités intermédiaires qui auront disparu. Il y a une complicité entre le « libertarisme » destructeur de la famille et la social-démocratie de l’Etat qui accompagne et qui assiste des « citoyens » qui demeureront perpétuellement des enfants. Le dynamisme économique a moins besoin d’individus détachés de tout ancrage géographique ou familial et prêts à se soumettre aux exigences du marché que d’acteurs autonomes, libres et responsables, qui tireront de leur famille à la fois le soutien et la motivation de leur réussite. De ce point de vue, le capitalisme familial, lorsqu’il conduit à la création d’activités qui pratiquent la participation de leurs employés aux bénéfices et au capital des entreprises qui les mettent en oeuvre, est un modèle. Il repose sur la synthèse de la la liberté économique et des solidarités nécessaires à la vie sociale. Dans ma région, un célèbre groupe de distribution correspond assez à ce modèle. Ce n’est pas un hasard si son fondateur, Gérard Mulliez, est partisan de la TVA sociale permettant à la fois d’alléger les charges du travail et de continuer à financer la politique familiale. Ce sont les activité économiques, les entreprises qui créent les richesses. Abaisser le coût du travail, diminuer la pression fiscale en réduisant la dépense publique et le périmètre de l’emploi public, simplifier les codes qui encadrent l’activité économique sont aujourd’hui des exigences vitales pour notre pays. La prétendue « droite » ne l’a pas fait. La « gauche » en parle mais n’aura pas les moyens de le faire. Cette révolution libérale n’est pas dictée par Bruxelles, mais par le bon sens qui constate que partout dans le monde de telles politiques réussissent.

Or, une politique est avant tout nationale car elle dépend prioritairement du gouvernement à qui la nation a remis le pouvoir souverain de la conduire. Elle doit également être patriote, c’est-à-dire, dans la compétition mondiale, privilégier les intérêts de cette nation, de ce pays. La préférence nationale n’est pas un gros mot, ni une ineptie, c’est la règle de conduite qui s’impose naturellement à tout gouvernement, étant entendu que le compromis, la réciprocité et l’attention aux intérêts des autres sont nécessaires pour servir au mieux les siens. Le patriotisme, c’est aussi la reconnaissance des autres patriotismes. L’empressement à dissoudre le peuple dans une structure fédérale ou à nier son identité à travers l’Histoire sont incompatibles avec la démocratie. Pas de pouvoir du peuple, si le peuple n’existe plus, s’il n’a plus la conscience collective d’un destin particulier dans le devenir du monde.

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22 Comments

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  • Pascal , 23 février 2015 @ 19 h 14 min

    Bien sûr que la droite existe, même qu’elle se prétend être la gauche. Et du coup cette fausse gauche fait des efforts désespérés pour se distinguer de la droite (canal historique) par une surenchère sur des questions sociétales. Mais même sur ces questions la différence devient ténue.

  • Marcus , 23 février 2015 @ 20 h 48 min

    Selon moi, il n’y a plus vraiment de gauche et de droite tels que nous les avons connus autrefois. Il y a le FN d’un côté et les collabos de l’autre.
    Il suffit d’écouter ce qu’ils disent tous : la priorité absolue est de faire “barrage au FN”.
    Je suis vraiment un grand naïf, je croyais que les priorités absolues étaient :
    – redresser l’économie du pays,
    – résorber le chômage,
    – lutter contre l’insécurité,
    – arrêter l’immigration de masse,
    – réapprendre aux enfants à lire, écrire, compter, raisonner,
    – rétablir l’autorité des parents, des enseignants, des forces de l’ordre, des institutions,
    – protéger les honnêtes citoyens et punir les criminels,
    etc…
    Mais rien de tout cela chez les gauchos, les verts, l’UMP, le “centre”.
    On vous le répète, ce qui compte est de faire barrage au FN.
    Pauvre pays !

  • Charles , 23 février 2015 @ 21 h 05 min

    HS sur la guerre en Ukraine.

    1.Pour la ville encerclée de Debaltseve, Poroschenko a préféré sacrifier
    les 3.500 militaires au lieu d’ordonner une retraite déshonorante.

    2.Une partie importante de ces morts est attribuable à l’artillerie ukrainienne.

    3.Les rebelles ont mis à disposition les cadavres pour une identification
    et un rapatriement avec une information pour les proches qui ne sont pas informés.
    Ceci a entraîné un blocage par Kiev de toute information venant de Russie.

    4.Le nombre de jeunes déserteurs ukrainiens ayant fui le front pour passer
    du coté Russe en traversant la frontière serait très élevé.

    5.Les jeunes Ukrainiens de l’ouest fuient la conscription obligatoire.

    6.Kiev interdit la sortie du territoire a toute personne se trouvant
    dans la tranche d’age mobilisable.

    7.Le nombre de morts approcherait le seuil de 50.000,
    des civils (40.000) pour l’essentiel.

    8. Le retour à Kiev des soldats vaincus pourrait déclencher
    un renversement du gouvernement de Poroschenko.

    9. Merkel ne veut pas voir de nouvelles armes de l’OTAN en Ukraine car cela ne fera
    que aggraver la situation. La Russie étant déterminée à livrer tout armement requis pour contrer. In fine, les conscrits ukrainiens seront transformés en cochons d’inde pour tester
    ces nouvelles armes de l’Ouest opposées aux nouveaux systèmes Russes.

    http://www.whatdoesitmean.com/index1840.htm

  • Psyché , 23 février 2015 @ 22 h 48 min

    Grangénés qu’ils sont par les francs-macs, les mondialistes, les partisans de la théorie du genre, les apatrides messianiques, les remplacistes immigrationnistes et charlatanistes …
    des partis politiques il ne reste plus que l’anti-France, qu’ils soient de drôaaate ou de gôôôôche Môssieur … UMPS même combat
    et le FN n’est qu’un parti leurre comme Syriza, prêt à s’aliéner à la côôôse européenne le moment venu.
    Ce pays est sous donc bien sous occupation.

  • hermeneias , 24 février 2015 @ 8 h 59 min

    Bien sur qu’il y a une droite et marine lepen

    a grand tort de faire comme si cela n’existait pas ou plus car cela rend son discours confus et on a bien vu sa confusion-ambiguité sur des sujets importants ( charlie , syriza , manif pour tous , grand remplacement , islamisation …) .
    Il ne suffit pas de dire que le réel n’existe pas pour qu’il disparaisse .

    Mais encore faut-il comprendre et définir , RE définir , ce qu’est un vraie droite digne de ce nom , ce en quoi elle se distingue radicalement de la gauche .
    Il faudrait faire l’histoire de la droite et des historiens professionnels l’ont déjà fait sans doute , peut-être…..( cela dépend qui !! ).

    Je ne suis pas d’accord avec la définition de Mr Vanneste ou bien cette définition n’est pas assez précise et on est encore dans la confusion délétère . “Conservatisme” ? , “libéralisme économique”? , “patriotisme” ? Pris isolément chacun de ces termes est ambigu .
    Le conservatisme pour lui même fait vieux barbon ringard scléreux et enkysté .
    Libéralisme économique c’est la figure du golden boy ou du margoulin affairiste sans scrupule qui , au besoin , va à la messe le dimanche pour la galerie ( selon les cas ) et pour se donner bonne conscience en revenant de Dubai .
    Et patriotisme , manche à balais dans le ql , petit doigt sur la couture et q serré , on en trouve à droite et à gauche , va t-en guerre et coups de menton . Cela fleure bon le nationalisme qui bande à la marseillaise , hymne sanguinolent révolutionnaire chanté par des braillards . Les patriotes ont suivi la ré-publique qui enrolait de force les français et exécutait les récalcitrants vendéens , les patriotes ont suivi naboléon dans tout ses délires et sont aujourd’hui bonapartistes , les patriotes ont foncé tête baissée ce con enragé de Clémenceau pour aller se faire massacrer dans les tranchées…….

    Bref , non , il me semble plutôt qu’historiquement la droite est hétérogène ( la gauche aussi ) et que la véritable ligne de clivage c’est le rapport au Réel et donc l’intelligence , la continuité ( l’herméneutique de continuité de Benoit XVI ) et l’identité qui permet le VRAI progrès sans ruptures révolutionnaires , meurtrières et iconoclastes à l’inverse de l’extrémisme idéologique et meurtrier d’une gauche , par définition a-thée , qui prétend fabriquer un “homme nouveau” quitte à tuer tout le monde… ( herméneutique de rupture )

  • hermeneias , 24 février 2015 @ 9 h 01 min

    Bien sur l’ump n’est plus à droite depuis longtemps et la droite en France est introuvable ( de Gaulle l’a tuée )

  • René de Sévérac , 24 février 2015 @ 9 h 39 min

    Pascal, il faut expliquer à Vanneste que les discours qui furent employé un temps n’ont plus cours. Il faut s’y habituer !
    Le réel problème, c’est l’existence d’électeurs qui s’y réfèrent encore :
    A Gauche, regardez les contestataires du Parti (prétendument) Socialiste, ils voient la bonne soupe leur échapper ….
    A droite, Juppé a tout compris.
    Il sait que la Lutte des classes est terminée (gagnée par le Capital) au point qu’il adopte les principes “modernes” (le progressisme) qui ne lui coûtent rien et qui gagnent quelques électeurs !

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