Tribune libre de Christian Vanneste*
« Grand causeux, petit faiseux » dit en patois la sagesse populaire. De ce point de vue, ce qu’il reste de vie politique est de plus en plus envahi par un insupportable caquetage. Non seulement, il emplit l’espace, semble n’avoir qu’un rapport de plus en plus ténu avec la réalité, mais ne cherche manifestement plus qu’à meubler le vide, celui de l’action efficace. Si l’on pouvait avoir encore un doute avec Sarkozy, les politiques n’ayant désormais plus aucun pouvoir sur le réel ne sont plus que les porte-parole de leur existence. À défaut d’être utiles, ils se mettent en valeur sans la moindre considération pour les conséquences d’une déclaration qui leur aura permis ce suprême bonheur des dix secondes à la télé. Le festival de la basse-cour est ouvert. En ouverture, le trio Hamon–Le Foll–Garrot se précipite pour désigner Spanghero comme le coupable de la fraude à la viande de cheval. Avant toute décision judiciaire, alors qu’une enquête administrative est en cours, trois ministres en quête de notoriété condamnent une entreprise française, alors qu’en amont de la chaîne se trouve un négociant à la réputation douteuse. C’est seulement quelques jours plus tard, en prenant conscience de la menace qui pèse sur 350 salariés, qu’on limitera à l’activité en cause le retrait d’agrément.
Au poulailler, il faut un coq. On a Montebourg et ses rodomontades. La crête dressée, le bec levé, le voilà qui va lancer un cocorico bien gaulois à ce PDG amèricain qui insulte l’industrie française. On va lui envoyer la douane à ce cow-boy qui trouve nos ouvriers trop payés pour un temps de travail trop court. C’est vrai que ceux qui ne sont pas au chômage et ne font que 35 heures dans le meilleur des cas sont très productifs et qu’ils ne sont pas trop payés. Ils sont simplement trop chers à cause des charges et seraient certainement moins stressés en travaillant 40 heures. Quant au ministre, il peaufine son image « made in France », mais sans obtenir le moindre résultat pour les ouvriers français. D’ailleurs ceux-ci savent bien que le PS ne les considère plus comme des clients. Les fonctionnaires ont, en revanche, eu droit à la bonne parole de Mme Lebranchu. Spécialiste en matière de carence rémunérée, le gouvernement décide le remboursement dès le premier jour pour les agents publics. Il pourront ainsi à nouveau prendre les congés-maladie auxquels ils ont droit. Ce n’est que justice : moins de travail, mieux payés, moins de risque, meilleure retraite : le retrait d’un avantage par rapport aux trois jours du privé sentait le soupçon, la brimade, l’humiliation. Dans le fond, c’est une discrimination positive que d’avantager des fonctionnaires tellement injustement mal considérés. Cela dit il y a des agents de l’État qui prennent des risques, travaillent beaucoup parce qu’ils aiment ce qu’ils font et ne sont pas toujours respectés comme ils le devraient, ce sont les policiers de la Bac. Deux viennent d’être tués, et un troisième très grièvement blessé par un multirécidiviste, alcoolisé et conduisant sans permis un puissant et luxueux 4/4. Valls a haussé le ton, et devrait désormais s’appeler « Monsieur Inacceptable », puisqu’il passe son temps après chaque crime à dire que cela est intolérable et que désormais on ne l’accepterait plus. L’ennui, c’est qu’à la longue, en Corse et ailleurs, ce que l’on n’accepte plus se reproduit quand même. Le regard sombre, la mine sévère et le ton solennel de Manuel Valls trouvent un écho paradoxal chez Madame Taubira. Toute auréolée par sa prestation législative, elle relance l’angélisme libérateur des prisons. C’est tellement plus intelligent de laisser en liberté, et dans de grosses voitures, ces pauvres loubards, victimes d’une société injuste. Et puis, ça évite d’avoir le courage de réformer les prisons pour y mettre de l’ordre, et surtout çà permettra de ne pas en construire de nouvelles, parce que les anciennes sont surpeuplées. L’ennui, ici, c’est que le taux d’incarcération français est faible et la délinquance forte. La solution apparemment généreuse, mais en fait très comptable, consiste comme d’habitude à réduire les dépenses nécessaires au profit des superflues. Il faut, en fait, davantage de prisons, où l’on travaille, d’abord pour payer son séjour et indemniser ses victimes. Voilà une réforme indispensable et qui, donc, ne se fera pas.
Une famille, sept personnes, dont quatre enfants, a été prise en otage. C’est une situation particulièrement délicate en raison de la dangerosité des ravisseurs et de la présence d’enfants. N’en pouvant plus d’être si peu connu, Kader Arif, le Ministre des Anciens Combattants, n’a pu s’empêcher d’annoncer en plein débat à l’Assemblée la « libération » des otages, qui n’était qu’une « folle rumeur » aux dires d’un collègue camerounais de M. Arif. Celui-ci doit avoir pris conscience de l’effet désastreux de sa bèvue sur le moral des proches des victimes. Malheureusement, il ne se passe pas de jour sans que tel ou tel passager du char de l’État ne cherche à se faire remarquer par une prise de parole intempestive. Pour une fois, laissons le mot de la fin à Monsieur Hollande : « ce serait mieux de travailler dans la dicrétion ». À force, en effet, de devoir démentir le lendemain les promesses de la veille, il sait le ridicule des mots que la froide réalité des faits vient contredire. Alors, Mesdames et messieurs les ministres, écoutez-le, travaillez et surtout, TAISEZ-VOUS !
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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