Tribune libre de Robert Ménard*
Je vais finir par trouver Copé sympathique. Malgré une arrogance qu’il a bien du mal à cacher. Malgré un cynisme qui lui fait dire tout ce qu’il faut pour gagner, et lui fera dire tout ce qu’il faudra pour régner. Malgré un arrivisme qui fait de Nicolas Sarkozy un quasi bisounours.
Que voulez-vous, à lire – trop, sûrement — la presse, à écouter nos éditocrates, à entendre les réactions de ceux qu’on appelle la « société civile », et oui, j’en viens à prendre notre Jean-François si ce n’est en amitié, du moins en affection.
Prenons la réaction de SOS Racisme (c’est facile, je sais, tant ils nous ont habitués à passer le mur du son de la bêtise). Que nous disent les potes de tout un tas d’anciens repris de justice ? Qu’ils ont accueilli « avec une grande inquiétude l’élection de Jean-François Copé », bigre, et « que l’UMP, hier sur une ”ligne républicaine” (…) a basculé dans le marasme idéologique, laissant le maurrassisme prendre bel et bien sa victoire sur ce qu’il restait du Gaullisme historique. » Et d’agiter la menace, vous le devinez, d’« une possible alliance avec le Front national ». Horreur et putréfaction.
Bon, vous me direz, c’est SOS Racisme, on les connaît… Mais ils ne sont pas seuls. Avez-vous lu l’édito de mercredi de Libération ? Il est signé Éric Decouty. Et que dit-il ? A peu près la même chose, en plus imaginé : « Dans l’ombre où il reste tapi [comme une bête sauvage, cela va sans dire], Patrick Buisson doit savourer son triomphe. Car la victoire de Jean-François Copé est d’abord la sienne. Le succès d’une ligne directement puisée dans l’idéologie maurrassienne (…). »
Maurras ! Le diable est lâché. A la mode si l’on en juge le nombre de fois où il est invoqué pour alimenter le bûcher en sorcellerie. Invoquer Maurras pour ne pas dire sa crainte, son mépris de ce « petit peuple » pour qui le racisme anti-blanc et les pains au chocolat ne sont pas des arguments électoraux mais son quotidien. Ce « petit peuple » que la fondation Terra Nova a gommé du logiciel socialiste et que les gaullistes – du moins ceux qui s’en réclament, fort abusivement d’ailleurs – ont abandonné à la droite plus musclée du Front national.
Mais décidé à être constructif, je voudrais proposer, à mon tour, une idée pour se débarrasser des héritiers de Maurras. Au fond, rien de plus simple : après avoir demandé l’interdiction des Identitaires — pour crime de lèse mosquée —, de Civitas — pour avoir malmené quelques furies (fort aguichantes, je dois le confesser) —, pourquoi ne pas interdire l’UMP avant que ce grand parti n’aille s’encanailler avec les partisans aux pieds fourchus de la dame Le Pen ?
Je vous rassure, ce ne sera même pas nécessaire. Les audaces de Jean-François Copé, c’était bon pour se faire élire. Il va revenir sagement dans le giron de la droite propre sur elle. Les militants se seront fait rouler une nouvelle fois dans la farine. Même à droite, il n’est pas question de fâcher et de se fâcher avec SOS Racisme et Libération. On ne se fait pas ça entre gens du même monde.
Tout compte fait, je n’ai plus envie d’embrasser Copé sur la bouche.
*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il vient de lancer le portail Boulevard Voltaire.
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