Il est de plus en plus répandu en France et partout en Europe de désigner l’Allemagne comme le pays responsable de nos malheurs. A gauche et dans les rangs de la droite nationale, les discours germanophobes sont revenus en force depuis le début de la crise grecque. Après avoir exploité nombre de ses voisins en imposant l’euro fort sur le modèle du mark, l’Allemagne est accusée d’exiger l’austérité dans toute la zone euro pour préserver son modèle économique.
Cette analyse est trop partielle. En 1989, la réunification fut un choc d’une extrême brutalité pour le pays, notamment par son coût financier. Dès le milieu des années 1990, l’homme malade de l’Europe fit donc le choix d’une politique économique exigeante avec un processus de décentralisation des négociations salariales conduisant à une baisse des coûts salariaux unitaires et à l’amélioration de la compétitivité. Les réformes Hartz au début des années 2000 amplifièrent la création de centaines de milliers d’emplois.
Le résultat fut sans appel avec le retour d’une croissance basée sur un excédent commercial, gage de la réduction du chômage et prélude au redressement des finances publiques. Fort de cet aboutissement, il devenait logique que l’Allemagne, dans le cadre de l’union monétaire, exige une politique vertueuse de ses partenaires. Rappelons au passage que c’est la France et non l’Allemagne qui avait insisté pour la création de l’euro.
Pourtant, cette réalité posée, force est de constater que le besoin de domination sur l’Europe est génétiquement inscrit dans l’inconscient des Allemands et qu’à chaque fois que la France, seule puissance capable de faire contrepoids, s’est montrée faible, l’équilibre du continent européen s’est trouvé brisé. Depuis la théorisation du pangermanisme au XIXe siècle, l’Allemagne a ainsi tué à plusieurs reprises l’Europe et elle s’apprête à nouveau à le faire !
“L’Europe est malade et plutôt que de la laisser agoniser, l’Allemagne fait peut être preuve d’humanisme en l’invitant au suicide.”
En déclarant qu’elle ouvrait ses portes à 800 000 illégaux, qui techniquement pourront circuler dans tout l’espace Shengen, et qu’elle faisait pression pour que ses partenaires en fassent autant, l’Allemagne, handicapée par son déficit démographique et son manque de main d’œuvre, fait le choix pour tout un continent d’enterrer un mode de vie, d’intensifier des tensions communautaires et à termes de détruire toute une civilisation. Car si ce nombre est déjà en soi très conséquent, il constitue surtout un appel d’air sans équivalent avec l’arrivée probable de millions de postulants dans les mois à venir. Ce grand remplacement (à cette échelle il ne s’agit plus que de cela) ne pourra aboutir qu’à la disparition de l’Europe en tant qu’entité de culture helléno-latino-chrétienne. Surtout, la tradition du diktat allemand a refait surface avec les propos du ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière appelant de ses vœux la réduction des fonds structurels versés par l’UE aux pays du groupe de Visegrad qui rejettent l’idée des quotas d’illégaux.
Le grand paradoxe dans cette tragédie est de constater que si la chancelière Angela Merkel se bat depuis plusieurs années contre sa propre opinion pour éviter une explosion de l’euro et le risque inhérent de rester dans l’histoire comme la fossoyeuse de l’union européenne, elle a assumé ce rôle en quelques heures avec la question des illégaux. Dans un siècle, peut être moins, quand l’Europe sera totalement libanisée, en proie aux violences ethniques et que la culture islamique aura supplanté la culture chrétienne, quelle sera la place de Madame Merkel dans les livres d’histoire ? Retiendra-t-on l’humaniste au grand cœur ? Ou la dirigeante lâche et faible qui aura bradé tout un continent ? Tout dépendra des auteurs…
Evidemment, il serait mensonger d’imputer à la seule chancelière allemande cette responsabilité de l’enterrement de l’Europe. Ce continent se meurt depuis trop d’années rongé par son déclin économique, sa repentance permanente et sa déchristianisation avancée. L’arrivée massive d’illégaux n’est qu’un catalyseur.
Finalement l’Europe est malade et plutôt que de la laisser agoniser, l’Allemagne fait peut être preuve d’humanisme en l’invitant au suicide. Mais la faucheuse ne passe jamais sans souffrance…
> Henri Dubreuil est diplômé en économie et en finance.
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