Allez-y. C’est LMPT qui régale. Alors faites-vous plaisir. Festival. Cognez. Crachez. Et, en partant, n’oubliez pas d’exiger. Une invitation. Une place. Des excuses et un petit drapeau rose. Avec des « esprits chagrins » (SB) des « collabos » (NDF) ou des « lâches » (Minute), c’est un minimum à se permettre. D’autant que vous, VOUS, vous savez. Vous savez que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Vous savez que ce serait bien mieux autrement. Vous savez qu’ils n’ont « rien compris ». Vous faites bien de les avertir d’ailleurs : ils y laissent depuis des semaines leur temps, leur métier, leur argent et leur famille, c’est tout de même ballot, il vaut mieux les prévenir… Heureusement, vous êtes là. Et vous crachez. Mais attention, si vous crachez, c’est pour la France, bien-sûr. Rien de personnel : les enfants avant tout. Se répandre sur une prétendue dislocation du collectif : pour les enfants ! Hurler à la « dictature èlèmpétiste » : pour les enfants ! Colporter la moindre rumeur d’arrière-cuisine : pour les enfants ! Tirer à vue sur des bénévoles : pour les enfants !
Non. Trève de plaisanterie. En vrai, le mouvement vous doit beaucoup. Car, s’il a accouché de nouvelles formes de protestation, nul n’avait encore pensé au seppuku intellectuel en public. Bien vu l’aveugle. Comme un seppuku. Mais plus grave. Parce que c’est un enthousiasme qu’on saigne, c’est un combat qu’on ruine. Mais tant que c’est pour les enfants…
De l’insomnie angoissée du garçon qui porte seul la responsabilité de la Manif que vous avez appelé à transformer en grand soir ; des larmes de la mère de famille qui se lit « collabo » sous vos claviers de glorieux résistants alors que le combat l’a arraché aux siens depuis des mois, de tout cela vous ne savez et ne voudrez rien savoir. Vous avez raison. Le gratuit, le don, c’est un truc pour les « lâches » ça. Les forts comme vous, ca ne donne pas : ça prend. Vous prétendez vouloir que la Manif soit « vraiment » pour Tous mais vous voudriez surtout qu’elle soit pour vous. Et contre les gauches aussi. Pis les décadents. Et les rebelles syriens. Et les braqueurs de bijouteries aussi. Une Manif pour tout.
Naïfs militants des droits de l’enfant, on pensait, nous, que le combat anthropologique était différent des autres. On pensait pouvoir le mener différemment. On pensait qu’il était si essentiel que tous seraient prêts à s’effacer pour son succès. Qu’il fallait ne s’aliéner aucun militant sincère et que, pour cela, quelles que soient nos inclinations personnelles, il valait mieux peindre nos estrades et nos drapeaux en couleurs pâles qu’en rouge vif ou en bleu marine. Pour ne perdre personne. Ou le moins possible.
Mais vous ne l’avez pas entendu de cette oreille : vous, on ne vous assimile pas comme ça. Faut qu’on vous voit. Alors vous avez gueulé. « C’est à tribord, qu’on gueule, qu’on gueule ». Vous vous êtes singularisés. Vous vous êtes exhibés, même. Et puis vous avez tiré. Sur les gens et la corde… Bravo. La victoire est à portée de tweets : les gens sont blessés et la corde s’use. Lorsqu’elle rompra et que, las, repus d’insultes, les naïfs raccrocheront leurs petits drapeaux pâles, ce sera La Manif pour Plus Personne.
Mais c’est peut-être cela que vous souhaitez au fond… Non, vraiment, le collabo n’est pas toujours celui qu’on croit.
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