Cela se passe désormais en France, on ne peut plus faire l’autruche. Hélas, l’attitude dominante et bien-pensante de ces derniers temps n’apporte pas, même dans la bêtise, beaucoup de nouveauté par rapport à ce que l’on entend à Paris depuis un demi-siècle.
Avouons-le cependant aussi : il faut une bonne dose de stoïcisme pour supporter la masse de fadaises, de prétendus jugements moralisateurs, de tartufferies, de découvertes tardives, de fausses ou de véritables naïvetés qui nous sont servis ces derniers temps. etc.
Donnons ici un exemple. Le sujet est demeuré indifférent, et je le regrette, à la plupart des Français. Ils le recevront donc sans l’aveuglement de la passion. Les gens qui, comme je m’y essaye, restent attentifs à la cause de l’hellénisme ne manquent pas, depuis quelques mois, de se féliciter que les Occidentaux, du moins certains d’entre eux, découvrent l’immoralité, l’incongruité, l’illégalité, l’inconfort, et, désormais l’inconvénient stratégique, de l’occupation par l’armée turque du nord de Chypre envahie il y a exactement 40 ans.
Cette prise de conscience vient malheureusement un peu tard quand on sait que le secrétaire général de l’OTAN n’a même pas, à l’époque, en juillet-août 1974, interrompu ses vacances, que les bases militaires britanniques sont demeurées intactes, etc.
Ah, j’oubliais : on découvre aussi désormais que la zone maritime exclusive de l’île contient d’importants gisements d’hydrocarbures, excellent carburant pour alimenter la machine aux Droits de l’Homme.
Or, trop de sophismes courants et de déchaînements passionnels sont construits comme si, par exemple, l’antagonisme entre Juifs et Arabes devait être tenu pour une révélation, comme si ses premières manifestations étaient apparues à la faveur des récents et sanglants événements de Gaza… alors que de toute évidence il est la cause qui a conduit à cette tragédie… et non la conséquence.
En France même un tournant s’est esquissé avec l’affaire du “gang des Barbares” et de leur victime Ilan Halimi. En cette occasion, à partir de janvier 2006, la partie la plus lucide de la communauté juive a pris conscience du danger qui la menace et qui ne vient certainement pas de “l’extrême droite”.
Mais les institutions bien-pensantes, y compris le CRIF, persistent dans le radotage “antifasciste” tel qu’il fut inventé et mis au point par le Komintern en 1935, – tel que la propagande poutinienne le propage encore hélas avec un certain succès, limité cependant à sa sphère d’influence.
Tout le mal, c’est bien connu, vient des fascistes. Qui sont les fascistes ? Ceux que les communistes désignent pour leurs adversaires.
Et puisque les “mauvaises” manifestations doivent être interdites elles laissent place aux bonnes. La prochaine sera donc organisée ce 23 juillet à l’appel d’un “Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens” – et son service d’ordre sera assuré par la CGT, qui fait partie du comité organisateur, au côté de la “Ligue des droits de l’homme”, du “Nouveau parti anticapitaliste”, ou encore de “l’Union nationale des étudiants de France”. Le tour est donc joué.
Mais au fait que doit-on entendre par “une paix juste et durable”?
En quoi cela dépend-il des braves gens qui vont défiler à Paris ?
Comment imaginer, près d’un demi-siècle après la guerre des Six-Jours de 1967 que l’État d’Israël revienne pacifiquement dans les frontières de fait qu’il occupait à l’époque précédente et que d’ailleurs ses voisins ne reconnaissaient pas ? Le petit territoire de Gaza, 360 km2 pour 1,8 million d’habitants, quasiment autonome depuis 1994, peut-il imaginer servir impunément de base permanente menaçant son voisin ? Celui-ci ne plaisante certes pas. “Cet animal est très méchant, quand on l’attaque il se défend.”
L’explosion désormais irréversible de l’État irakien nous donne l’occasion d’y réfléchir. Elle va poser un problème beaucoup plus vaste : elle remet en cause tout le système de frontières du proche orient, issu de la partie asiatique de l’ancien empire ottoman.
Le califat, ou le pseudo-califat, apparu ces dernières semaines à Mossoul peut disparaître du jour au lendemain : le fait même qu’il ait été proclamé à la charnière de deux États arabes devrait laisser des traces. Nous serons amenés, hélas, à y revenir dans une prochaine chronique.
Or, si l’on s’en tient aux apparences, le bruit court que cette question de frontières passionne une partie de l’opinion publique internationale, faute, sans doute, de pouvoir continuer à regarder le “Mundial” sur les petits écrans. En France, elle sert ainsi actuellement de prétexte à des mobilisations et à des provocations d’un genre sinon absolument nouveau du moins fort préoccupant pour ce qu’on appelle encore la “cohésion sociale” entre Barbès et Sarcelles.
Trop de sottises malheureusement n’ont jamais cessé d’être proférées dans ce registre et sur ce sujet.
Face à tous ceux qui d’un cœur froid manipulent des têtes chaudes essayons de garder la tête froide et le cœur ardent, au service de notre pays, de la vérité et de la liberté.
Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.
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