Amis,
Nous sommes entrés dans le temps de la transgression. Nous tenons que la loi des hommes ne procède pas de l’arbitraire du législateur, mais qu’elle est l’expression d’un ordre qui se situe au delà du législateur. Nous tenons qu’il est une loi supérieure à l’aune de laquelle la conscience juge la légitimité de la loi des hommes. Mais cette loi supérieure, nous convenons en même temps que ni vous ni moi n’en sommes les auteurs. Nous convenons qu’elle n’est pas déterminée par la volonté humaine. Reconnaître l’existence de cette loi, n’est-ce pas déjà s’ouvrir à une transcendance ? Comment peut-on dans le même temps affirmer l’existence d’un ordre des choses que l’homme n’a pas fait et rejeter la clé de voûte à laquelle l’existence de cet ordre est suspendue ? Comment peut-on affirmer l’existence d’une loi naturelle qui transcende la volonté humaine, et dont le respect, observons-nous, conditionne l’équilibre de l’homme, mais refuser dans le même temps toute référence à sa source, à son origine, à son auteur ?
Si nous en sommes arrivés aujourd’hui, en France, à travers la loi Taubira, à consacrer le désir égoïste de l’individu comme principe de la loi, c’est précisément à la faveur de la déchristianisation avancée de notre société. Notre pays, en reniant ses racines spirituelles, s’est fermé à la reconnaissance de toute transcendance et de tout principe supérieur : il en est sorti une société matérialiste où l’individu s’est recroquevillé sur lui-même, confisquant finalement la loi pour l’ordonner à la satisfaction de ses intérêts consuméristes.
Ne nous y trompons pas : la mort de la civilisation chrétienne signe l’avènement d’une contre-civilisation qui se construit à rebours des principes sur lesquels s’est élevé l’héritage séculaire dont nous avons été constitués dépositaires. Une civilisation qui perd son âme est en effet une civilisation qui perd son sens, qui erre sans boussole, et dont le déclin devient rapidement inéluctable.
“La civilisation que nous défendons et au nom de laquelle nous sommes entrés en résistance, c’est la civilisation chrétienne.”
Prétendre défendre une civilisation et en occulter la dimension la plus fondamentale, en cacher le ressort, voilà qui est contradictoire : car la civilisation que nous défendons et au nom de laquelle nous sommes entrés en résistance, c’est la civilisation chrétienne. Sur les ruines de laquelle se construit aujourd’hui la civilisation hédoniste…
Sainte Jeanne d’Arc, peu perméable aux compromissions, n’a pas craint quant à elle de raccrocher sa mission, si vous me permettez l’expression, “par le haut”. Pour cela, elle a été condamnée, accusée de confusion des genres et de récupération. À la même école, nous pourrions également condamner saint Louis, mais aussi saint Rémi et sainte Clotilde. À la vérité, c’est toute l’Histoire de France – du moins jusqu’à la Révolution – qu’il faut alors rejeter : et avec elle le calendrier grégorien qui structure le temps social, les fêtes chrétiennes qui ponctuent l’année civile, et au rythme desquelles vit la société française.
Puissions-nous cependant ne pas oublier d’où nous venons. Puissions-nous être davantage animé par le souci de la vérité que par celui de ne pas déplaire. Puissions-nous être suffisamment fort pour ne rien sacrifier sur l’autel du politiquement correct ou du qu’en-dira-t-on. Puissions-nous apprendre à nous libérer de la domination culturelle, idéologique et intellectuelle que nos adversaires tentent de nous imposer en culpabilisant systématiquement ceux qui s’écartent de la voie qu’ils ont tracée. Puisse la sentence de Gustave Thibon nous inspirer lorsqu’il déclare qu’« être dans le vent, c’est l’ambition d’une feuille morte”. Puisse finalement la vérité nous rendre libre.
“Celui qui aura rougi de moi devant les hommes, moi aussi je rougirai de lui devant mon Père.” (St Matthieu, 10, 32).
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