“Tout ce qui vous arrive vous ressemble” disait Wilde ; le dernier geste de Dominique Venner bouleverse ses amis mais ne les étonne pas, tant il est à son image, aristocratique, romain, infiniment droit, infiniment clair. À l’heure de sa mort qui est aussi l’heure de sa victoire, ce personnage qu’a toujours tenu fier et droit un sens instinctif de la grandeur, du sacrifice et de la maîtrise de soi entre dans le cortège des héros qui ont marqué de part en part l’histoire, qu’il connaissait, admirait et servait avec scrupule, d’une civilisation dont la dégénérescence le désespérait mais à laquelle il ne se résignait pas : le voici inscrit pour toujours dans la ligne des héros de Corneille, des chevaliers de l’âge féodal et des maîtres antiques. Il est admirable que ce polythéiste obstiné, mort debout comme tout chevalier, soit venu se donner la mort au pied du grand autel de la cathédrale Notre Dame de Paris. Il est admirable que cet intraitable combattant du “dépassement européen” ait été jusqu’au bout l’archétype d’un grand Français et qu’il illumine aujourd’hui la France par un geste emblématique d’une nation qui, seule dans une Europe qui s’abandonne, résiste à la dégénérescence de la civilisation et à la décadence morale qui entraîne toutes les autres décadences – notamment en ce qu’une large partie de son peuple s’oppose aux folies de la théorie du genre, qui l’horrifiait, et ce mariage dénaturé, officiellement adopté voici trois jours, où il voyait la pointe la plus violente du rouleau compresseur mercantiliste, et d’un monde où, comme il l’écrivait dans un de ses derniers textes, fait de l’enfant un objet de consommation. Admirable enfin que cet homme sobre et discret touche d’un coup tous les coeurs par un geste dont la portée est lumineuse et infinie, montrant à tous combien la politique, que les temps de paix ont rendu pour beaucoup frivole ou dérisoire, entre sous nos yeux dans un nouvel âge, celui du drame, de la violence, du sacrifice, et peut-être de la tragédie. Telle est la dimension que nous donnerons à nos combats en mémoire de Dominique Venner, sûrs qu’il a ce soir vaincu l’accablement, le désespoir passif et veule, et ce néant qui hantait son esprit, mais qu’il vient d’abolir.
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