Les premiers pas, et les petites fautes quotidiennes, du nouveau pouvoir le démontrent. Battre la gauche dans le plus grand nombre possible de circonscriptions va devenir une nécessité d’intérêt national. Il faut souhaiter pour le bien du pays qu’au moins une assemblée résiste aux pressions démagogiques de l’extrême-gauche.
Rappelons une fois de plus qu’une partie des aréopages de la droite la plus suicidaire du monde persiste à refuser des voix que le mécanisme même des institutions lui commande d’accepter au second tour en allant d’ailleurs plus loin : on ne peut pas éternellement opérer une distinction entre des électeurs que l’on souhaiterait rallier et leurs porte-parole.
Ajoutons même au besoin que l’entrée de ceux-ci dans les enceintes de la représentation nationale n’entraînerait pas les conséquences dramatiques que l’on fait mine de redouter. Tous les intermèdes républicains pendant lesquels des députés protestataires ont pu siéger confirment cette intuition. Pour un Maurice Barrès, constamment réélu jusqu’en 1923, un Léon Daudet élu sur une liste de bloc national en 1919, et qui, d’ailleurs honora les lettres françaises, pour un Tixier-Vignancour plusieurs fois désigné par les électeurs du Béarn, combien d’insignifiants clients de la buvette. Aucun n’a véritablement fait trembler le régime. Il faut l’ignorance de nos commentateurs conformistes et les frilosités de nos technocrates pour craindre cette hypothèse actuellement fort peu redoutable, sachant par exemple que la candidate qui obtenait 17,9 % des voix le 22 avril n’arrivait en tête que dans 18 circonscriptions sur 577.
On peut écrire cela sans observer la moindre convergence entre le discours, la doctrine, les propositions actuelles de ce parti et ce qui semble nécessaire pour le redressement de la France. On notera même, ce 20 janvier, une déclaration qui laisse rêveur. Elle surprend de la part d’un mouvement où la chose militaire et la lutte contre l’islamisme ont été si souvent mises en avant. On y approuve la volonté présidentielle d’anticiper le retrait précipité de 3 500 combattants d’Afghanistan, ce qui impliquerait la périlleuse évacuation de véhicules blindés, et de coûteux matériels que l’on ne se propose pas, du moins espérons-le, de laisser sur place. Au même moment les talibans applaudissaient officiellement François Hollande, ce qui en dit long sur la qualité de son propos. Ne doutons pas que l’arrivée éventuelle de représentants de la famille de la droite réputée la plus radicale permettrait d’éclaircir sur ses véritables points de vue.
Tout cela ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : la France ne gagnera pas à ignorer deux choses que deux récentes publications tentent chacune à leur manière de démontrer.
La première relève de la permanence du choc entre les idées de droite et les idées de gauche. À ces dernières, Claude Fazier a su consacrer un petit livre court et dense montrant combien néfastes se révèlent toujours les vieilles utopies égalitaires qui s’ornent aujourd’hui de l’étiquette socialiste. Sa Réponse aux illusionnistes de gauche (1) résume tous les arguments que l’on peut leur opposer, enrichis de nombreuses références et citations. Nul doute que cet agréable recueil sera d’une grande utilité en tant que petit vade-mecum du militant de droite.
La seconde met le chroniqueur dans un relatif embarras puisqu’il s’agit ici de recommander le livre qu’il vient lui-même de publier sur la question fiscale. Disons tout de suite que la Libération fiscale (2) ainsi envisagée a été conçue à partir de la publication du petit livre servant de base doctrinale au programme socialiste, éditée sous couverture rouge et rédigée par l’équipe de Thomas Piketty.
Mais si en 2011 il semblait nécessaire de prendre la plume pour répondre à ces économistes universitaires détachés du réel, il apparaissait immédiatement que la France allait se trouver dès 2012 dans un “étau” parfaitement tangible, entre la nécessité de crédibiliser ses comptes, la quasi-impossibilité de recourir à une fiscalité encore plus forte et l’urgence inscrite dans la loi de finances d’émettre plus de 180 milliards de produits financiers du Trésor.
L’aspiration à la double “libération”, à la fois de cette entrave qui paralyse le pays et, en même temps, du tribut très lourd supporté par les contribuables comme par les entreprises, ne se réalisera qu’en entreprenant une décrue fiscale.
Tout en comprenant les démarches purement individuelles, ou sectorielles, il convient de s’investir dans une campagne civique. Celle-ci démontrera aux secteurs le plus larges de l’opinion que la diminution des charges étouffantes imposées aux producteurs de richesse, la limitation des redistributions et la renonciation aux idéologies de l’assistanat ne doivent pas être perçues comme des pratiques “d’austérité”, mais au contraire comme autant d’espoirs d’une plus grande liberté pour chacun.
La lutte contre les gaspillages mais aussi contre l’envahissement de nos vies par la réglementation, par l’intervention bureaucratique et par le collectivisme rampant devient dès lors un devoir moral. Il ne s’arrêtera pas après les élections de juin.
Cet article a été publié en partenariat avec L’Insolent.
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