Le discours que j’aurais voulu qu’Hollande fasse devant Bouteflika

par Barthélémy Daguerre

Monsieur le Président,
Chers amis,

La France et l’Algérie ont une longue histoire en commun. Rien ne fut simple, des blessures restent ouvertes, chez vous comme chez nous. Mais c’est une chance de pouvoir en parler aujourd’hui, et je vous exprime ma reconnaissance pour l’oreille attentive que vous me prêtez.
Nous nous devons la vérité. Pour construire un avenir pour nos deux pays, pour notre collaboration à venir, pour le bien de nos enfants, nous devons être clairs, et ne rien omettre de ce qui s’est passé. Mais c’est d’avenir que je vais vous parler. J’ai des projets ambitieux pour la France, et pour l’Algérie.

Nous avons administré l’Algérie pendant 132 ans. Nous avons construit des infrastructures gigantesques, écoles, chemins de fer, ponts, villes entières. Nous avons donné accès à l’éducation à des centaines de milliers d’enfants. Nous avons formé des milliers de travailleurs. Nous avons transmis notre savoir-faire dans de nombreux domaines, nous avons soigné des millions d’hommes.

Pourtant, notre occupation n’était pas légitime. Vous ne l’avez pas acceptée, vous êtes entrés en résistance, et vous avez obtenu gain de cause : nous sommes partis. Non sans drames. Je ne reviendrai pas dessus.

Alors aujourd’hui, nous tirons les conséquences de cette page de l’histoire de nos deux pays : l’Algérie et la France doivent se parler d’égal à égal, et c’est à ce titre que je m’adresse à vous.

L’égalité, cela signifie que votre économie doit être totalement indépendante de la nôtre. C’est pour cela que j’ai décidé de mettre fin aux nombreux contrats que nos entreprises publiques vous réservent. Ainsi, vous récupèrerez totalement votre liberté économique.

L’égalité, cela signifie aussi que chacun puisse jouir de la liberté de s’établir chez lui, sans devoir séjourner durablement dans un pays étranger pour des raisons économiques. C’est pour cela que j’ai décidé de refuser systématiquement les demandes de visas que les Algériens déposent dans nos services consulaires. Ainsi, vous garderez vos forces vives pour contribuer à construire l’Algérie de demain.

L’égalité, cela signifie encore que les familles puissent vivre ensemble sur la terre de leurs ancêtres, sans être contraints à l’exil et au déracinement. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre immédiatement fin à la politique du regroupement familial. Ainsi, votre courbe de natalité se trouvera renforcée, et vous aurez toutes les cartes en main pour construire une Algérie forte, jeune et dynamique.

L’égalité, cela signifie enfin que là où nous avons du rapatrier des populations entières de Français éloignés de leur terre d’origine dans des conditions difficiles, nous devons vous donner la chance de faire de même. C’est pourquoi j’ai décidé de faciliter par tous les moyens le retour des millions d’Algériens présents en France dans leur pays d’origine. Ainsi, nous cesserons de piller vos meilleurs éléments et vous pourrez enfin profiter de leur talent et leur savoir-faire.

Après cela, nos pays seront véritablement sur un pied d’égalité. Alors, dans ces conditions seulement, nous pourrons repartir sur de bonnes bases et faire de la relation franco-algérienne un modèle de coopération.

Je vous remercie de m’avoir écouté et souhaite une longue vie à l’Algérie de demain, cette Algérie si forte d’avoir retrouvé ses forces vives !

Lire aussi :
> Histoire des rapports France-Algérie ou l’infamie d’une repentance illégitime (12 et 3)

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38 Comments

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  • albatroce , 22 décembre 2012 @ 10 h 54 min

    Cher Etienne,

    J’etais presque à mon tour tenté de partager votre analyse! Vous mettez en avance la raison qui ici s’oppose à l’émotion legitime que suscite cet ignoble évenement. Alors dans ma memoire, celle du garcon de 22 ans que jétais alors, a brutalement surgi des images sordides: Dans son treillis maculé de son sang et de celui de l’enfant qu’il tentait de proteger,au moment où il fut assassiné lachement par les HEROS DE LA RESISTANCE ALGERIENNE le medecin -Capitaine
    Roger CASIMIRUS , trente ans,m’a fait choisir mon camp pour le reste de ma vie!
    Le courage c’est d’affronter son destin,mais le courage c’est d’abord de mourir debout!

  • François2 , 22 décembre 2012 @ 11 h 13 min

    Notre occupation n’était pas légitime… pour une minorité d’algériens. Le reste a suivi le plus fort, c’est à dire sous menace de mort, sauf une minorité qui a été exécutée (150.000 assassinats : soldats, harkis, francophiles).
    Les algériens en France cotisaient au FLN uniquement sous la menace de mort (effective). J’ai personnellement connu un algérien professeur de mathématiques à Paris qui cotisait au FLN pour sauver sa peau, et qui donnait de l’argent aux oeuvres de l’OAS pour sauver son honneur.

  • Gérard (l'autre) , 22 décembre 2012 @ 12 h 08 min

    Ue paire de gifles ??? Vous voulez rire ??? A ce niveau là, c’est le tribunal pour Haute Trahison ???

  • PATRIOTE , 22 décembre 2012 @ 12 h 19 min

    Il faut bien comprendre que Mr. Hollande était devant une grande partie de son électorat en France et pour l’avenir!

  • Tarantik , 22 décembre 2012 @ 12 h 48 min

    Extrait : “Nous avons administré l’Algérie pendant 132 ans. Nous avons construit des infrastructures gigantesques, écoles, chemins de fer, ponts, villes entières. Nous avons donné accès à l’éducation à des centaines de milliers d’enfants. Nous avons formé des milliers de travailleurs. Nous avons transmis notre savoir-faire dans de nombreux domaines, nous avons soigné des millions d’hommes”.

    Oui. E j’y ajouterai volontiers cette précision (mais il est vrai qu’on pourrait écrire 3000 pages de plus sur les apports de la gestion socialo-musumane pour les malheureux habitants de ce pays à la traîne – Sauf la manne du pétrole, due…. aux méchants occidentaux ! recherche, extraction, raffinage et utilisation dans des machines… inventées par l’occident – :

    Nous avons fait en 130 ans ce que vous n’avez pas été fichus de faire du VIIIème au XIXème siècle et depuis 1962 date de votre liberté retrouvée… qui a marqué le retour de votre pays au marasme régressif. Pour ne pas dire obscurantiste
    L’idéal de l’enrichissement reste pour vous la Caverne d’Ali Baba où l’on puise à pleines mains sans travailler, et à défaut de trésor, les subsides de l’Occident honni.

  • Gérard (l'autre) , 22 décembre 2012 @ 12 h 54 min

    Toute tentative d’explication ou de justification est vaine si l’on ne pose pas, en préalable, le fait que l’Algérie n’existait pas en 1830 et que nous avons crée une Nation.
    Peu m’importe ce que nous avons laissé en Algérie. Elle nous coutait plus cher qu’aujourd’hui !
    La seule chose importante est que nous avons fait exister un peuple qui devait immanquablement revendiquer son indépendance un jour ou l’autre, comme l’avait prédit Lyautey.
    MAIS … la plus grande faute du siècle a été de ne pas avoir su garder ce peuple dans le giron de la France et dans la Paix.
    Il y avait plusieurs solutions pour le faire.
    De Gaulle, qui n’avait pas la sagesse de Lyautey, a choisi la pire en provoquant la division et les massacres. (J’allais dire : comme il a toujours fait)
    La seule chose à faire aujourd’hui, malgré ce qu’en pensent les “géopoliticiens patentés” qui s’expriment ici, c’est de claquer la porte, couper les vivres, s’assumer autoritairement, proclamer que toute repentance est interdite sous peine de Haute Trahison … et vous verrez que l’Algérie tout entière rentrera dans le rang, la queue entre les jambes … aussitôt !

  • Tarantik , 22 décembre 2012 @ 13 h 08 min

    Gérard (l’autre)

    Vous voyez des politiciens capables de fermeté dans le paysage politique ?
    Pour la haute trahison, il faudrait commencer par la corporation des médias…

    Cordialement

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