En République du Bisounoursland, être propriétaire est à la fois une fierté pour les uns et une source de taxes pour les autres, un vecteur d’enrichissement pour certains et pour d’autres, la voie rêvée d’une redistribution vivifiante. C’est sans doute pour cela que le gouvernement, qui sait mieux que vous ce qui est bon pour vous, entend tondre toujours plus ras le propriétaire immobilier.
Depuis que la France existe, devenir propriétaire était une méthode simple pour se garantir sinon une retraite, au moins un toit pour ses vieux jours. Cependant, ces dernières années, il apparaît qu’un propriétaire, par sa nature même de possédant, est surtout quelqu’un sinon de riche au moins qui aspire à le devenir, une sorte de bourgeois en puissance. Dans le pays de l’égalitarisme, où la lutte des classes est devenue l’opium du peuple, accéder à la propriété est presque un affront jeté à la face des pauvres, des sans domiciles, des mal-logés et des locataires.
Comme c’est une faute, elle doit être expiée, par une jolie taxe généralement. C’est pratique (puisqu’on peut l’enduire d’une bonne couche de moraline) et accessoirement, ça rapporte de l’argent dans les caisses toujours vides d’un État obèse.
On ne s’étonnera donc pas que l’idée d’un loyer fictif refasse surface.
Tout d’abord évoquée en 2013 par le Conseil d’Analyse Économique, énième sinécure improbable d’aigrefins et autres fromagers républicains, cette idée est réapparue à la fin de l’année 2016 via le travail en coulisses de l’un de ces misérables « think-tanks » socialistes, ceux qui s’emploient à trouver les idées les plus progressistes afin de remodeler la société (à coups de pelle dans la nuque s’il le faut) pour correspondre à leurs désirs humides de collectivisme total.
Comme souvent, cette idée de loyer fictif part d’un constat bancal (« le propriétaire immobilier qui a fini de rembourser son prêt n’a plus aucun frais ») pour tenir un raisonnement abrutissant de bêtise (« il s’enrichit donc, mensuellement, du loyer qu’il n’a pas à payer ») et pour enfin aboutir à une conclusion puissamment stupide (« on doit donc pouvoir le taxer sur cette rente »).
Au-delà même de l’aspect parfaitement inique qui consiste à surempiler des taxes et des ponctions sur des biens déjà largement taxés, et à tenter une nouvelle fois de piquer dans la poche des uns pour faire semblant de distribuer aux autres, dans un monde normal, ceux qui tiennent ce genre de raisonnements sont régulièrement moqués (grassement de préférence) et ceux qui insistent se font un peu taper dessus, jusqu’à comprendre que leurs « propositions » sont nauséabondes, nocives et méritent de solides coups de pied dans les parties génitales.
En République du Bisounoursland, il n’en est rien (bien sûr) et ceux qui reviennent à la charge (pour la troisième ou quatrième fois dans ce cas-ci) ont même le soutien quelque peu humide voire louche d’une presse quasiment acquise à leurs propositions toxiques. Ce qui permet par exemple à Gasgard Panzer, qui cherche actuellement à placer ses divisions sur Paris dans le cadre de sa campagne militaire électorale, de faire le beau sur différents plateaux et dans différents articles en proposant, une fois encore, cette idée méphitique.
Pour lui, c’est évident : on va enfin pouvoir contenir les loyers parisiens en imposant cette taxe aux biens immobiliers qui sont inoccupés. Et ce n’est pas grave si une taxe équivalente (aussi stupide) existe déjà (et, de fait, ne résout absolument rien).
Le journalisme français étant mort depuis bien longtemps, personne ne lui fera la remarque que c’est un raisonnement parfaitement crétin : d’une part, si une taxe savait résoudre les problèmes de loyers trop importants, le reste de la planète l’aurait déjà adoptée partout ailleurs. D’autre part, le contrôle des loyers n’est pas (même de loin) dans les prérogatives de l’État et lorsqu’on regarde, dans l’Histoire, toutes les fois où ce dernier a agi dans le domaine, on constate une suite ininterrompue d’échecs systématiques et catastrophiques à tel point que plus aucun économiste (sauf quelques imbéciles francophones) n’ose faire une suggestion pareille.
Ceci dit, si Gasgard avait comme but de faire parler de lui, c’est réussi et se moquer de lui devient alors indispensable tant ces idées coûtent (et pas seulement de l’argent) à la population : derrière chaque nouvelle taxe se cache des effets indésirables que ces mêmes abrutis tenteront de corriger avec la maestria qui les caractérise (lisez : nouvelle bordée de taxes, qui entraîneront de nouvelles catastrophes). Derrière chaque nouvelle taxe se cache un nouvel appauvrissement, de nouveaux choix de consommation biaisés et de nouvelles petites et grandes misères qui, sur le nombre, finissent par enfoncer le pays dans le marasme qu’il connaît à présent…
C’est probablement pour cela que ces idées refont ainsi surface, encore et encore, à l’instar de cette autre qui consiste à rendre l’État copropriétaire de certains ou de tous les biens fonciers…
Oui, vous avez bien lu : en 2017, on découvrait effaré cette brillante proposition qui consistait à rendre l’État copropriétaire des biens immobiliers, à hauteur d’un petit pourcentage, et à transformer ce petit pourcentage en rente pour l’État ou, si la taxe n’était pas payée par le propriétaire, à ce que la proportion confisquée par l’État grandisse progressivement (jusqu’à atteindre éventuellement 100%).
L’idée, probablement jugée trop avant-gardiste par les politiciens, le gouvernement et l’administration derrière eux, n’avait alors pas abouti et l’État avait dû se contenter de l’habituelle pluie de petites taxes et autres brigandages habituels sur les routes et ailleurs pour boucler ses budgets.
Ceci n’est pas une raison pour ne pas pousser à nouveau cette idée dans les tuyaux et habituer encore un peu les esprits à ce qu’en France, tout, partout, tout le temps soit ainsi rançonné.
C’est ainsi qu’on découvre une nouvelle mouture de cette idée dans une proposition de loi qui sera déposée à la fin novembre par une brochette d’élus du MODEM (ce parti d’élus suffisamment courageux pour détruire la notion même de propriété privée en France mais gonadectomisés au point de n’avoir pas su rallier les godillots officiels de LREM) : au prétexte de vouloir résoudre le problème de la méchante spéculation foncière dans les « zones immobilières tendues », la députaillerie en question envisage de rendre l’État propriétaire des terrains à bâtir pour une durée infinie. Seule la propriété des murs resterait au bâtisseur.
Là encore, on se demande pourquoi on n’avait pas pensé à ça plutôt, ou plutôt pourquoi, à chaque fois que de similaires tentatives furent faites, partout ailleurs, cela s’est (littéralement) terminé en champs de ruines, le contrôle de l’immobilier par l’État étant réputé comme étant le second meilleur moyen pour détruire une ville après le bombardement en bonne et due forme…
Ce sont, dit-on, dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes. Apparemment, ce sont dans les vieilles casseroles politiciennes qu’on fait les pires idées taxatoires.
Mais peu importe que le constat soit toujours le même. Peu importe que ces idées stupides aient déjà été tentées ailleurs, aient déjà foiré ailleurs, aient déjà provoqué misère et effets indésirables ailleurs : la France doit montrer le chemin, tenter elle aussi de se brûler avec le feu, de se noyer avec l’eau, de s’appauvrir avec le socialisme et de se déchirer avec le collectivisme, le communautarisme et l’étatisme le plus débridé. Il n’y a pas de raison que ce soit réservé aux Vénézuéliens, aux Boliviens, aux Cubains : nous aussi, nous avons le Droit À Un Pays En Ruine !
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