C’est un thème dominant de la campagne des primaires, ce qui explique que les candidats semblent s’accorder sur l’urgence d’une libération en se hâtant plus ou moins lentement. La récente publication 2016 de l’indice de liberté économique permet d’entrer dans le détail et dans le concret. Cet indice confirme la dégringolade. La France est aujourd’hui classée parmi les pays dont l’économie est « modérément libre ». Il permet aussi de repérer ce qui ne va pas chez nous – donc les réformes prioritaires.
La dégringolade : 75 ème !
Elle s’apprécie facilement avec le graphique ci-contre. En ordonnées se trouve la note exprimée sur 100 donnée par l’indice du Pacific Institute (Vancouver). Après une légère amélioration en 2013, la chute est ensuite incessante, ce qui classe notre pays à la 57ème place sur 159, le classement est encore pire avec l’indice d’Heritage Foundation (Washington) : nous voici à la 75ème place sur 178 pays.
Si nous nous comparons aux autres, nous voici très éloignés des pays libres dont le top 10 est à peu près le même pour les deux instituts calculant les indices : Hong Kong, Singapour, Nouvelle Zélande, Suisse, Australie, Canada, Royaume Uni. Nous sommes très éloignés de nos voisins européens où brillent les étoiles de l’Islande, du Danemark, des Pays Bas, du Luxembourg. Lorsque l’indice a été créé en 1988, notre économie était dans les plus libres.
Les indices ont-ils un sens ?
Le principe en a été lancé par Milton Friedman et les travaux pionniers ont été ceux du Fraser Institute avec Michael Walker et James Gwartney. L’indice d’Heritage, le plus célèbre aujourd’hui, est publié par le Wall Street Journal. Il s’agit d’un travail scientifique à un double point de vue : par les données retenues qui ne sont pas seulement celles des grandes centrales statistiques mondiales (FMI, OCDE, Banque Mondiale, Eurostat) mais des correspondants qualifiés dans chaque pays (en France l’ALEPS a été retenue pendant plusieurs années) et par la précision et la qualité des critères retenus.
Les principaux critères imaginés au départ par Friedman étaient la stabilité monétaire (pas surprenant), le poids de l’Etat, l’état de droit (apprécié d’après le sort de la propriété privée et le niveau de corruption), le libre-échange et la liberté d’investir. Progressivement, les critères se sont affinés, introduisant la considération du marché du travail (suggérée par les économistes français), de la réglementation de la production, du néo protectionnisme (normes et aides publiques).
Evidemment l’indice ne mesure pas le niveau de liberté politique (sauf que corruption et fiscalité soient surtout le lot des pays les moins démocratiques). En revanche, il est très significatif en matière de niveau de vie et de développement des populations. Les pays les plus libres ont échappé pour l’essentiel à la crise de 2008 (Hong Kong, Singapour, Suisse, Australie, Nouvelle Zélande, Australie, Canada).
Qu’est-ce qui ne vas pas en France ?
Le détail de l’indice démontre la schizophrénie économique de notre pays (ou de nos gouvernants !). D’une part, des performances satisfaisantes en ce qui concerne la stabilité monétaire et le libre échange (notes respectives de 9,7/10 et 78/100 ou 78/100 et 83/100 chez Pacific ou Heritage), voire en ce qui concerne la propriété privée (7,2 ou 80). D’autre part, des notes catastrophiques en ce qui concerne la taille du gouvernement (4,3 ou 47), Heritage va même jusqu’à donner 2,5/100 en ce qui concerne la fiscalité et enfin la liberté du marché du travail (5,7 et 43).
Ainsi les discours sur les réformes libérales ne sont-ils pas la traduction d’une idéologie, mais d’une douloureuse réalité, qui se traduit en stagnation de la croissance et permanence d’un chômage massif.
> Jacques Garello préside l’ALEPS.