C’est souvent lorsqu’ils sont acculés, qu’on les croit dans les cordes et en passe de perdre que les grands joueurs d’échecs se révèlent et que, par un tour de passe-passe, ils sauvent la situation et remportent la victoire.
Erdogan a perdu le premier tour de ses élections législatives. Erdogan a perdu son leadership sur la Syrie. Erdogan est marqué par de nombreux scandales touchant ses proches, sa famille (son fils a quitté précipitamment la Turquie pour se réfugier en Italie), Erdogan voit ses alliés armer les Kurdes, Erdogan n’a pas réussi à faire entrer la Turquie dans l’Union européenne, Erdogan n’a pas réussi à limiter le retour de l’Iran sur le théâtre du Moyen Orient.
Beaucoup pensaient l’ère Erdogan passée et voyaient déjà le retour des kémalistes une fois les élections perdues pour l’AKP et le protecteur Obama descendu de charge.
Or…
Nous apprenions mardi matin que Angela Merckel serait en train de changer de position concernant l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. Elle y deviendrait favorable, en échange d’un engagement du Président Erdogan de retenir les immigrés… qu’il a lui-même lancés à l’assaut de la « forteresse chrétienne » (dixit son premier ministre Ahmet Davutoğlu le 6 septembre 2015).
Erdogan, c’est l’homme qui en 1991 avait, dans un meeting de campagne où il présentait son programme, cité son auteur préféré, Ziya Gökalp, : “Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes et les croyants nos soldats”. Cette phrase avait été écrite en 1912, soit trois ans avant le génocide arménien. Lors de ce meeting, Erdogan avait placé cette phrase dans le chapitre « Europe », en expliquant pourquoi il souhaitait continuer le processus d’adhésion à l’UE engagé par ses prédécesseurs. Eux souhaitaient « européaniser » la Turquie et croyaient que l’adhésion les y aiderait, Erdogan présente à ses électeurs la reprise du grand rêve turc de conquête de l’Europe. C’est aussi dans cet esprit qu’il déclara à Monseigneur Giuseppe Germano Bernardini, Archevêque d’Izmir: “Grâce à vos lois démocratiques, nous vous envahirons. Grâce à nos lois religieuses, nous vous dominerons”.
Erdogzan élu, ce sont des milliers d’imams payés par l’Etat turc et formés par lui qui sont envoyés en Europe (un petit moins de 300 en France pour l’instant)
Erdogan est, avec son protecteur Obama qui ne cesse de faire pression sur l’Europe pour qu’elle intègre la Turquie en son sein, à l’origine de la guerre de Syrie.
Nous savons que tous les groupes djihadistes ont leurs bases de repli en Turquie, que c’est de la Turquie que sont partis les mercenaires qui ont attaqué la Syrie, qu’ils ont bénéficié les premiers mois du soutien de l’artillerie turque.
Nous savons que Daesh exporte son pétrole via les ports turcs.
Nous savons que les armes à destination de l’ensemble des groupes islamistes (y compris Daesh) transitent par les ports turcs et des témoins ont raconté avoir vu des convois de munitions escortés par des militaires turcs jusqu’à la frontière.
Nous savons que des banques turques ont assuré des transactions financières pour le compte de Daesh, ainsi que d’autre groupes islamistes.
L’armée syrienne soupçonne la Turquie d’utiliser les moyens de surveillance de l’OTAN pour informer les envahisseurs de ses mouvements (enfin, soupçonnait, parce que les Russes ont changé la donne).
Les populations déplacées, c’est à dire celles qui n’ont pas eu le temps de fuir avant l’arrivée des djihadistes mais qui ne veulent pas rester sous leur loi, ont trouvé refuge dans des camps, principalement en Turquie.
En incitant les hommes de ces camps à partir pour l ‘Europe, il déplace le problème de la guerre en Syrie, reprend l’initiative sur le terrain de la conquête européenne.
Nous avons retrouvé des tracts distribués dans les camps qui expliquent avec moults détails les avantages que les émigrants trouveront en Europe. Les failles juridiques, les réponses à faire, les demandes à formuler.
Les bateaux qui quittent la Turquie sont équipés de téléphones satellites. La personne à qui ce téléphone est confié connaît quelques n° (dans certains cas, un, dans d’autres deux ou trois) qui correspondent tous à des associations turques situées en Europe (celle qui est toujours présente se situe à Strasbourg). Une fois sortis des eaux territoriales turques, le « radio » appelle pour donner la position, la direction, la vitesse, le nombre de personnes à bord. L’association appelle alors les gardes côtes pour communiquer ces informations en précisant, bien sûr, qu’il y a péril. Les immigrants sont alors récupérés et accompagnés en Europe. Tout cela est organisé… par des Turcs.
“L’assaut de la forteresse chrétienne est une réussite, il offre ainsi à son peuple de nouveaux horizons, de nouveaux espaces et la démonstration que l’islam triomphe. Il lui avait promis l’Europe, c’est chose faite.”
Quel finalité pour la Turquie que de vouloir envoyer tant de gens en Europe ?
Il s’agit pour Erdogan d’être fidèle à sa promesse et fidèle à l’aspiration séculaire de la Turquie qui, depuis qu’elle conquit Byzance, n’a de cesse de vouloir conquérir l’Europe.
Des centaines de milliers de jeunes hommes (les « soldats ») s’installant en Europe vont, comme nous le connaissons déjà, et comme Erdogan lui même ne cesse de leur répéter, y compris sur le sol français, conserver leur religion, leurs mœurs, leur culture, leur traditions que petit à petit ils vont, au nom de la liberté, imposer autour d’eux. Ainsi vont se construire de plus en plus de mosquées (les « casernes »), d’où se diffusera l’islam. Sachant que chacun de ces jeunes pourra, au nom du droit au regroupement familial, faire venir l’intégralité de sa famille, les minarets (les « baïonnettes ») surplomberont aussi des écoles coraniques. La fécondité des femmes musulmanes étant supérieure à celle des femmes européennes, le nombre deviendra un jour suffisant pour faire masse (« Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » Houari Boumediene dans son discours à l’ONU en 1974).
Nos systèmes politiques fonctionnant selon la loi de la masse, nos « lois démocratiques » accorderont des droits aux musulmans qui, par le biais de leurs « lois religieuses » modifieront notre organisation sociale afin que les « croyants » dominent les « infidèles ».
C’est pour cela que la Turquie ne fait rien pour empêcher quelque migration que ce soit mais, au contraire, l’encadre, l’organise. C’est pour cela que les immigrants sont agressifs, vindicatifs, violents.
L’Allemagne s’est, somme toute, rendu compte assez rapidement de ce qu’il se passait (ce qui ne semble pas du tout être le cas du gouvernement français…). Elle a engagé assez rapidement des négociations avec la Turquie. Ces négociations sont arrivées à un accord du type de celui qui existait entre l’Italie et la Libye du temps de Kadhafi. « On paie pour que vous conserviez vos émigrants ». 3 milliards la première année, renégociable chaque année.
Pendant des siècles, les Européens ont payé les musulmans, y compris les Turcs, pour racheter les prisonniers chrétiens qui, sinon, étaient vendus comme esclaves et les enfants enrôlés dans les janissaires, ont payé pour avoir le droit de commercer avec l’Orient. Aujourd’hui, il leur faut payer pour ne pas être envahis. Il s’agit bien là d’un tribut que tout pays envahi paie à son envahisseur. Au lieu que cela prenne la forme « d’indemnités d’occupation », nous appellerons cela « djizia », cet impôt que les chrétiens doivent payer dans les pays musulmans pour avoir le droit de rester chrétiens. Au lieu d’une « djizia » individuelle, nous payons une « djizia » collective.
Erdogan nous a-t-il dès lors soumis ?
Factuellement, oui, puisque nous acceptons, par l’entremise de l’Allemagne qui négociait au nom de l’Europe, de nous soumettre et de payer l’impôt rituel. Mais le chef de guerre des croyants, par cet accord s’engagerait à ne plus œuvrer pour l’islamisation de l’Europe… Proprement impossible. Il est un devoir de conquérir les terres qui ne se soumettent pas encore à Allah. Particulièrement l’Europe qui est la terre du chef de l’ennemi juré, le christianisme. Particulièrement l’Europe qui est la seule terre du monde a avoir réussi à libérer une partie de son territoire après la conquête musulmane (l’Espagne, la Sicile, la Calabre, la Grèce, la Hongrie…).
Dès lors, Erdogan, comme tout général en chef d’une armée victorieuse, pousse plus loin les exigences. Il réclame l’intégration de la Turquie dans l’Europe. Il pourra alors, en toute légalité, faire « circuler » ses populations et les faire se sédentariser sur le reste du continent.
La très mauvaise nouvelle du jour est que Merkel, en visite à Ankara hier, semblait avoir cédé.
Quelle sera l’attitude de celui que d’aucune appelait hier le « vice chancelier » ?
Si personne ne se lève contre cet accord, qui, au delà des 3 milliards, prévoit que l’Europe accepte et installe 500 000 immigrants, prévoit la dispense totale de visa pour les ressortissants turcs, leur accordant une totale libre circulation de 90 jours dans l’espace Schengen, et inscrive la Turquie sur sa liste de pays « d’origine sûrs », la Turquie aura gagné la première manche. Si derrière, comme cela se profile, le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE est relancé, l’Europe aura perdu la guerre. Que pourrons nous alors espérer ? Émigrer à notre tour ? Prendre les armes et nous lancer dans une grande Reconquista ? Nous soumettre et adopter la barbarie ?
En attendant, Erdogan qui semblait avoir perdu sur tous les tableaux, redresse la tête.
L’explosion en pleine manifestation kurde a montré à son électorat qu’il était là sur le front intérieur, et qu’en période trouble il vaut mieux pouvoir compter sur un homme fort.
L’assaut de la forteresse chrétienne est une réussite, il offre ainsi à son peuple de nouveaux horizons, de nouveaux espaces et la démonstration que l’islam triomphe. Il lui avait promis l’Europe, c’est chose faite.
L’installation, grâce à lui, de millions de musulmans d’origine syrienne ou irakienne en Europe, terre riche, fait d’Erdogan le héros dont l’influence dépasse les simple limite de la Turquie. Il sera bien temps, plus tard, d’inverser les flux pour partir à la reconquête… de l’Empire ottoman !
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