La seule question qui vaille aujourd’hui est : la France est-elle encore une démocratie libérale ? Pour qu’elle le soit, il faudrait bien sûr que les institutions soient conformes à un modèle qui respecte plusieurs principes. Le premier est le pluralisme, c’est-à-dire l’existence d’une opposition, unique ou plurielle dotée des moyens de s’exprimer sur tous les sujets. Le second repose sur la séparation des pouvoirs. Le troisième correspond à l’équilibre et à la transparence dans les débats qui constituent le corps de la vie d’une démocratie. Sans doute, depuis le début de la Ve République, jamais notre pays ne s’est éloigné autant qu’aujourd’hui de ce modèle. Le Général de Gaulle lui-même ne bénéficiait pas du soutien quasi unanime de la grande presse écrite et audiovisuelle dont jouit l’actuel occupant de l’Elysée. Bien au contraire ! Ce n’est pas pour rien qu’il appelait le grand quotidien du soir qui faisait figure de journal de référence : « l’im-Monde » ! De nos jours, on aurait du mal à retrouver à la une des grands médias les sujets qui fâchent le pouvoir, comme l’affaire Alstom, ou une critique des manipulations et incohérences de l’exécutif : comment ne pas bondir en voyant successivement « notre » président dire à « ses » députés qu’il faut regarder le problème de l’immigration en face et annoncer au chef du gouvernement italien qu’il soutiendra le revirement de son pays sur la question migratoire en faisant participer la France à la répartition des migrants qui débarquent chez notre voisin ? Faut-il préciser que ces « réfugiés » sont bien acheminés par des « passeurs » qui sont des trafiquants d’êtres humains, relayés par des ONG, soutenus par nos gouvernements ? Ce sont des clandestins et cette « avancée » de M. Macron est à l’évidence un encouragement pour que d’autres suivent le même chemin. En fait, son déplacement à Rome après le changement de majorité et le départ de Salvini saluait la victoire de son camp, celui de « l’Europe ouverte », c’est-à-dire de l’immigrationnisme, voulu par le groupe de pression mondialiste dont « notre » président est l’instrument local.
Cette bienveillance médiatique s’étend jusqu’à paraître aveugle à deux dérives insupportables qui se rejoignent dans le calendrier judiciaire et les peines décidées, où la partialité d’une justice aux ordres est accompagnée par le battage sélectif organisé par une presse complice. Mme Belloubet parle de « ses » procureurs. Le lapsus corrigé est révélateur. Jour après jour, on découvre l’inégalité des sanctions suivant la couleur idéologique des justiciables : les identitaires sont condamnés à de lourdes peines pour avoir manifesté sans violence dans les Alpes contre l’immigration sauvage tandis que le procès des « black-blocs » du 30 Mai 2018 s’est achevé en mascarade. Eric Zemmour vient une fois encore d’être condamné pour son « islamophobie » comme si dans une démocratie, le droit de dire qu’une religion est incompatible avec les principes mêmes de cette démocratie, en s’appuyant sur les textes et sur les comportements, n’était pas fondamental pour le fonctionnement du débat démocratique. Personne n’est empêché de dire le contraire, et c’est cette disparité qui est injustifiable ! Par ailleurs, on ne peut qu’être étonné de l’étonnante coïncidence des dates établie par l’agenda judiciaire. Ferrand est enfin mis en examen à Lille, mais cette affaire que le Parquet de Brest avait curieusement voulu mettre sous le tapis est écrasée médiatiquement par la condamnation de Balkany et son incarcération, puis par le théâtre judiciaire monté autour du duo Mélenchon-Dupont-Moretti. Le procès Fillon est fixé juste avant les municipales… Les mauvais esprits pourraient imaginer que ce calendrier fait bien les affaires du pouvoir, et ils n’auraient sans doute pas tort.
Cette suspicion légitime sera bien sûr immédiatement accusée de complotisme. Mais ce mot de complot élargi à toute hypothèse mettant en cause le pouvoir ne peut qu’accentuer les doutes à son encontre. Un soupçon étayé sur un faisceau d’indices n’appartient pas au « complotisme ». Lorsqu’on emploie ce mot, on utilise un langage typiquement orwellien qui revient à disqualifier toute opposition. On découvre périodiquement des groupuscules d’extrême-droite qui ressemblent beaucoup à des pieds-nickelés mais sont néanmoins poursuivis avant toute action. En revanche, il semble que soient bien connus les « black-blocs » dont on prévoit les interventions, que l’on annonce, sans curieusement les empêcher, ni sévir à leur encontre par la suite, comme si venus de nulle part, ils y étaient retournés ensuite… L’idée que cette utilisation des black-blocs pour stigmatiser les Gilets jaunes, qui a en grande partie réussi, soit une manipulation, est un soupçon raisonnable, et non du complotisme. En résumé, quand un président est omniprésent dans les médias de façon plutôt favorable, quand il désigne lui-même l’opposant, qui, comme par hasard est celui qui devrait lui permettre sa réélection, quand les parlementaires et les élus en général subissent un discrédit suscité par la médiatisation outrancière des fautes de quelques-uns, quand la peur des autres les amène à rallier le mouvement « majoritaire », et que la bienveillance médiatique et l’alignement judiciaire anéantissent les contre-pouvoirs, que reste-t-il de la démocratie ? Une puissance manipulatrice univoque qui est son contraire insidieux et hypocrite !
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