L’Espace Schengen regroupe 24 des 28 pays de l’Union Européenne. Il était censé mutualiser entre ces pays l’équilibre de la sécurité et de la liberté, la coopération judiciaire et policière, la libre circulation des personnes. L’une des conséquences de l’accord qui le fonde est que le contrôle des étrangers qui y pénètrent ne se fasse qu’une fois, à la frontière du pays-membre qui accueille par les voies terrestre, maritime ou aérienne, l’arrivant. Le règlement Dublin II précise les conditions de réception des demandes d’asile afin qu’elles ne soient traitées que par un seul pays, évitant ainsi le « marché de l’asile » et le nomadisme des demandeurs entre les différents Etats. La Grèce qui appartient à l’Espace Schengen ne respecte pas, une fois encore, les obligations qui résultent de son adhésion. Elle laisse passer les migrants qui parviennent sur son territoire, sachant parfaitement qu’ils n’y resteront pas. Poursuivant leur route, ils traversent alors la Serbie qui n’est pas dans l’Union Européenne, la Roumanie ou la Croatie, membres de l’UE, mais non signataire de Schengen et parviennent à la frontière hongroise. Il est donc parfaitement logique et légal que le premier pays sérieux atteint applique le traité et ne laisse pas entrer les étrangers sans contrôle. Celui-ci exige des vérifications et doit permettre la distinction entre les réfugiés dont la vie est menacée dans leur pays, ce qui justifie une demande d’asile, et les candidats à l’immigration qui entendent profiter de leur nombre et de la pagaïe déclenchée par l’appel d’air irresponsable de l’Allemagne. Conformément au Traité, Berlin s’appuie maintenant sur les atteintes à l’ordre public entraînées par la saturation de son dispositif d’accueil pour rétablir le contrôle à sa frontière nationale. Désordre et débordement sont peu conformes à l’idée qu’on se fait de la rigueur germanique. C’est pourtant le spectacle paradoxal qui nous est offert. La riche Allemagne, retrouvant les élans sentimentaux du Rhin romantique, et trouvant là peut-être une solution à bas coût à son besoin de main d’oeuvre, a déclenché un tsunami migratoire dont elle maîtrise si peu les effets qu’elle en arrive à exiger de ses partenaires européens qu’ils l’épaulent, sans les avoir consulter en amont. Un ministre allemand, Thomas de Maizière, a même osé menacer les récalcitrants d’une suspension des aides européennes. Cet excès est éclairant sur le rôle surdimensionné de l’Allemagne en Europe, et sur le renversement des fondements de l’Union. L’Allemagne lance une politique unilatérale et non justifiée par les traités. La Hongrie se contente de tenter de les appliquer, et c’est elle qui se fait menacer. Notre vieux monde marche sur la tête. Il est en pleine démence sénile.
Les symptômes en sont révélateurs. Incapables d’agir sur le réel, les politiciens s’accrochent à quelques phrases qui surnagent d’un lointain passé sur la bouillie intellectuelle qui leur tient lieu de pensée. C’est ainsi qu’ils se réfèrent sans cesse aux valeurs européennes. Mais lesquelles ? Les valeurs chrétiennes qu’ils n’ont pas voulu inscrire dans la « constitution » européenne ? Un humanisme qui condamnerait l’Europe à accueillir toutes les victimes des régimes inhumains et tous ceux qui se feraient passer pour tels au lieu de l’inciter à combattre ces foyers de violence ? La confusion mentale envahit les discours : notre Ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius n’a pas de mot assez dur à l’encontre de la Hongrie, et stigmatise le mur, en fait une grille, dressée à sa frontière, comme il y en a depuis longtemps autour des enclaves espagnoles du Maroc. Le revirement de l’Allemagne devant les conséquences de ses décisions insensées souligne le total aveuglement de notre « diplomatie » et d’un microcosme politico-médiatique complètement déconnecté du réel par sa façon de vivre et séparé du peuple, par des années-lumière… ou simplement par une frontière si fiscalement utile, celle-là . Il arrive que cette forme de délabrement cérébral fasse retourner sa victime à l’enfance. Les arguments rationnels, les craintes justifiées sont balayés par un moralisme de nourrice. Les Européens devraient avoir honte… Mais de quoi ? Ils ne sont pas responsables du désordre sanglant introduit dans l’ensemble du monde arabo-musulman par la politique des Etats-Unis et de leurs alliés. La responsabilité de leurs dirigeants se limite à avoir soutenu cette politique quand il fallait s’en désolidariser comme la France l’avait fait en 2003, à propos de l’Irak. Les peuples européens ne sont en rien coupables des exactions et des crimes commis par les dictatures et leurs opposants fanatiques dans un contexte social et culturel différent de celui de l’Europe. L’idée d’y imposer une forme de démocratie « à l’occidentale »sans tenir compte des différences et des incompatibilités témoignait déjà de la perte du sens du réel. L’idée, d’accueillir des « réfugiés » alors que les logements manquent pour les nationaux, que des hôtels sont investis à prix d’or pour les demandeurs d’asile déjà en France, que des clandestins occupent des bâtiments scolaires désaffectés, d’introduire dans les écoles nombre de primo-arrivants ignorant le français, de laisser passer dans la masse des délinquants voire des terroristes potentiels, est tout simplement loufoque. Il est temps de revenir au réel, de voir le monde comme il est et d’y agir avec pragmatisme ! Les Etats nationaux soucieux de la volonté et de l’avenir de leurs peuples peuvent, seuls, y parvenir !
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