Tribune libre de Hubert Montmirail
Depuis plusieurs semaines, la bataille fait rage, opposant notamment Jean-François Copé à François Fillon. Les protagonistes sont quelquefois incisifs. Alors que le député-maire de Meaux rappelle que sa ville est « loin des beaux quartiers de la capitale » (discours de Châteaurenard, 26 août 2012), François Fillon n’a pas hésité à émettre des propositions de réforme de l’UMP et à lancer un véritable projet (cf. son site). Quant aux autres pré-candidats, ils ont critiqué les différentes règles relatives à la désignation du président de l’UMP, notamment l’exigence des 7 294 parrainages. Certains, comme NKM, rejointe par Henri Guaino, ont même prôné le report de la date-buttoir de recueil des précieux sésames du 18 septembre au 5 octobre, au grand dam d’un Bruno Le Maire qui rappelle – fort justement – qu’« on ne change pas les règles en cours de route » (matinale de LCI, 12 septembre 2012). Réactions différentes, mais grandes difficultés des pré-candidats autres que Jean-François Copé et François Fillon à obtenir les visas décisifs.
Petits mensonges entre amis… Quelques pré-candidats ont préféré jeter l’éponge en l’avouant plus ouvertement. C’est le cas de NKM ou de Bruno Le Maire. Ce dernier n’aurait obtenu qu’environ 7 100 parrainages. D’autres ont préféré masquer l’échec de l’obtention des parrainages. Ainsi, Xavier Bertrand, qui affirme en avoir recueilli 8 000, laisse songeur. Les autres compétiteurs sont plus dubitatifs, y compris dans les équipes de Jean-François Copé, de François Fillon, voire de Bruno le Maire. Il est probable que le député de l’Aisne n’ait pas obtenu le nombre requis. Certains observateurs ont constaté le bien faible ratissage de la machine « Bertrand » dans le reste de la France, pendant cet été. La politique, c’est aussi du bluff permanent. En se positionnant comme candidat aux primaires 2016 en vue des présidentielles 2017, Xavier Bertrand a aussi évité l’humiliation de l’ancien secrétaire général de l’UMP (il l’a été de 2009 à 2010) qui n’a pas ses parrainages. Bref, comment solenniser un échec… Concernant son long silence, seulement levé le dimanche 16 septembre, certains l’ont interprété comme un « marchandage » (NKM). Xavier Bertrand a tenté de figurer dans le « ticket » de François Fillon. On comprendra aussi que Nadine Morano se soit prononcée tardivement pour Jean-François Copé : si Xavier Bertrand avait obtenu ses parrainages, il se susurre qu’elle aurait été dans le « ticket » du député-maire de Saint-Quentin. De tout cela, il ressort qu’il n’y aura pas véritablement de troisième homme (ou femme), mais des prétendants obligés de se positionner ou… de rester silencieux (cas de Xavier Bertrand ou de Bruno Le Maire).
Le curieux chassé-croisé entre Jean-François Copé et François Fillon… Les joutes ne sont pas exemptes de contradiction. Sur ce point, on peut constater un chassé-croisé où fond et forme divergent radicalement. L’affrontement Copé-Fillon est assez significatif de ces manifestations différentes du vieil autoritarisme RPR. Alors que Jean-François Copé est réputé soutenir une ligne plus droitière, il n’hésite cependant pas à s’allier avec des modérés, offrant ainsi à deux anciens de Démocratie libérale, Luc Chatel et Michel Tabarot, la place la place de numéro 2 et de numéro 3 dans le ticket qu’il soumet aux adhérents. Il s’appuie également sur Jean-Pierre Raffarin, dont on connaît le faible attrait pour certaines prises de position de Nicolas Sarkozy (distance avec le discours de Grenoble de juillet 2010 dans lequel Nicolas Sarkozy réagit aux évènements où étaient impliqués des Gens du voyage). De même, Jean-François Copé soutient fermement la constitution des mouvements à l’UMP (nota : les mouvements constituent les courants institutionnalisés à l’UMP, dès lors qu’ils obtiennent le soutien de 10 parlementaires et le parrainage de 10% des adhérents). Même si la prise en compte du pluralisme peut être considérée comme tactique, elle reste revendiquée. François Fillon, lui, prône un « pôle de rassemblement de la droite et du centre » (Le Figaro, 6 septembre 2012) et se montre soucieux de la capacité de rassemblement de l’UMP. En clair, le pré-candidat est soucieux d’une ligne plus consensuelle et générale. En revanche, François Fillon est « contre la transformation de l’UMP en confédération de petits partis autonomes » (op. cit.), sous peine de « balkanisation de l’UMP ». Traduction : l’UMP ne saurait être une nouvelle UDF. Autre explication possible : la difficulté qu’aurait un François Fillon à gérer un parti comportant des fiefs plus ou moins autonome. On sait que l’ancien Premier ministre n’a pas la réputation d’être un organisateur et un meneur, malgré son charisme évident et ses capacités discursives… L’avertissement est donc lancé : la diversité peut être utile, mais elle ne saurait être une fin en soi. L’UMP doit rester une machine de guerre. Les fillonistes se méfient de l’institutionnalisation du pluralisme, ce qui est assez paradoxal, quand on connaît leur attachement à une ligne plus modérée. Certains sont même hostiles à toute idée même de mouvement. Tel député favorable à François Fillon est radicalement opposé à l’institutionnalisation de la diversité de l’UMP dans ses instances : l’intéressé avait pourtant appelé la droite à un aggiornamento. Des idées plus consensuelles – certains diraient : molles… – peuvent parfaitement s’accommoder d’un verrouillage autoritaire de l’appareil…
À suivre…
Lire aussi :
> Copé-Fillon : Choc des ambitions ? Heurt des idées ? (1, 2, 3)
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