La poudre aux yeux, tous les jours, voilà le régime choisi par une majorité relative de Français pour les années à venir, à moins qu’une autre forme de poudre ne finisse par éclater tant les Français seront excédés par des politiciens incompétents qui les prennent en permanence pour des imbéciles. Tandis que des ministres se retrouvent accusés d’avoir choisi pour séjour de vacances la splendide villa dont le propriétaire a été condamné pour trafic de drogue, le Ministre de l’Intérieur ressort un lapin du chapeau présidentiel, « la police de sécurité du quotidien », soit la « police de proximité » traduite en macronien. La juxtaposition des deux informations est révélatrice : l’urgence est-elle de multiplier les mesures illusoires comme le nombre des patrouilles en uniformes divers et variés ou de renforcer la cohérence et l’efficacité de la chaîne sécuritaire. Au sein de celle-ci, le renseignement, et son utilisation par les différents services, jouent un rôle essentiel. Lorsqu’un fiché S, connu des services de police pour des délits, repéré en raison de sa radicalisation, parfois réalisée en prison, peut commettre un attentat ou que des ministres peuvent ainsi se retrouver logés confortablement chez un repris de justice, on se rend bien compte que le système fonctionne mal avec de multiples pertes en ligne. La présence visible de policiers dans la rue ou le retour de certains d’entre eux à une activité d’assistance sociale sont des leurres qui ont prouvé leur inefficacité sous Jospin. Sarkozy avait eu raison de préférer une police opérationnelle et plus efficace. Ce qu’on oublie de dire, c’est que la droite, revenue au pouvoir, n’avait pas eu le courage d’abroger les 35 heures, mais avait au contraire mis en oeuvre cette mesure décidée par la gauche, dans la police, ce qui revenait à supprimer 10% de l’effectif disponible. Le mandat présidentiel s’était achevé en 2012 avec une diminution réelle du nombre des policiers, cette fois pour des raisons budgétaires.
La police de proximité est un slogan qui plaît. Beaucoup de Français rêvent d’avoir un policier au coin de la rue à qui l’on pourra se plaindre des petits tracas du quotidien. Le problème n’est évidemment pas là. Il se situe dans l’opposition frontale entre la conception de la sécurité que se font la droite et la gauche. Cette dernière veut apaiser les relations entre les forces de l’ordre et « les jeunes des quartiers », rétablir la confiance entre la population des territoires perdus de la République et la police qui a de plus en plus de mal à y pénétrer. Le fait qu’un Président se soit rendu au chevet d’une personne ayant fait l’objet d’une arrestation musclée, alors que l’actuel locataire de l’Elysée ne daigne pas visiter les policiers blessés au cours d’un attentat, est troublant. Il exprime l’idée qu’il y a deux camps, et que dans l’affrontement, le bien n’est pas nécessairement du côté de la loi et de l’ordre. La violence inacceptable des manifestants, lanceurs de cocktails Molotov ou de pavés, sans qu’ils soient abattus, de même que la rapidité des gardes à vue et des sanctions à l’encontre des policiers, sont d’autres signes inquiétants. Dans une société policée, et le mot prend tout son sens, l’Etat et ses représentants légitimes détiennent le monopole de la violence. Ce n’est plus le cas dans la nôtre, au contraire ! La confiance entre la population et la police ne doit reposer que sur un motif : l’efficacité de celle-ci pour assurer la sécurité des citoyens honnêtes. Les tournois de basket entre « jeunes des quartiers » et policiers peuvent amuser les premiers et occuper les seconds. Ce n’est évidemment pas la mission de ces derniers.
La véritable question est ailleurs et on la connaît : c’est la reconstitution de la chaîne qui va de l’éducation à la répression. Le nombre des personnels visibles est secondaire tant que sa cohérence et sa solidité ne seront pas rétablies. Il y a déjà des uniformes partout : une gare est, de ce point de vue, riche d’enseignements : policiers, gardes mobiles parfois, c’est-à-dire gendarmes, militaires de « Sentinelle », agents de sécurité de la Sncf, y sont en nombre. Cela n’empêche nullement le sentiment de désordre, avec les mendiants professionnels, sans doute immigrés clandestins, qui harcèlent les voyageurs sur le parvis et les pickpockets qui sévissent à l’intérieur. Le nombres des personnes chargées d’assurer la sécurité s’est considérablement accru, ces dernières années. La police voit à nouveau ses effectifs augmenter. Il y a actuellement, selon le rapport de l’IGF de février 2017, environ 150 000 policiers et 100 000 gendarmes, auxquels s’ajoutent de 7000 à 10 000 militaires, 20 000 policiers municipaux et 170 000 agents privés, l’un des secteurs qui créent le plus d’emplois. Ces chiffres situent notre pays à un haut niveau, supérieur à celui de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, inférieur à celui de l’Espagne. L’important est moins le nombre que l’usage qui en est fait. Il faut préférer une police d’intervention, mieux pourvue en matériel de transport et de surveillance, en armes aussi, avec des brigades spécialisées, une bonne circulation des informations et une rapidité d’action. Un commissariat de quartier fermé la nuit et le week-end immobilise plusieurs policiers qui seraient plus utiles dans une voiture rapide. Je me souviens de mes nombreuses demandes pour qu’on se décide à remplacer les voitures de la BAC de Tourcoing, de vieilles Ford qui cumulaient 160 000 kilomètres au compteur !
La police de proximité des années Jospin a correspondu à une augmentation du taux de criminalité en France, passé de 60,11/oo en 1997 à 68, 93/oo en 2002. Son abandon a au contraire conduit, malgré les regrettables baisses d’effectifs à une diminution à 54,64/oo en 2012. C’est donc une mauvaise idée qui passe à côté des vrais sujets : la lutte contre la délinquance et la criminalité dépend d’abord de la cohésion de la population, et donc de la restriction drastique de l’immigration, notamment en provenance de pays trop éloignés culturellement. La solidité de l’éducation, à la politesse par exemple demande des familles plus stables et plus unies, une école plus rigoureuse où l’uniforme serait instauré ou rétabli. La sécurité exige un renseignement plus proche du terrain et qui circule mieux. La suppression des Renseignements Généraux a été une erreur. Enfin et surtout, c’est la chaîne judiciaire qui doit retrouver une efficience qu’elle a perdue, en raison de son manque de moyens et de l’idéologie à contre-emploi qui y règne.
« Vaste programme » aurait dit le Général. La police de sécurité du quotidien, c’est de la poudre de Perlimpinpin !
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