Michel Houellebecq a été courageux de donner au Monde un commentaire critique de la mort de Vincent Lambert le 11 juillet dernier à l’hôpital de Reims.
S’il n’avait que des tirages moyens, sa carrière littéraire se serait terminée là. Heureusement , ce n’est pas le cas.
Mais a-t-il compris ce qui s’est passé ?
Il dénonce l’Etat mais l’Etat a un chef , au moins sous la Ve République.
Qui peut croire qu’il ne s’en est pas mêlé, quoi qu’il ait prétendu ?
« J’aurais dû me méfier d’Agnès Buzyn » dit l’écrivain. Et de se dire « sidéré » qu’elle se soit pourvue en cassation contre l’arrêt de la Cour d’appel de Paris favorable à Vincent Lambert. Mais qui peut croire que, dans une affaire aussi médiatisée, le ministre de la santé a agi sans l’aval, et plus probablement l’ordre exprès du président de la République ?
Quant aux juges , s’ils ont , au plus haut degré de la hiérarchie judiciaire, le Conseil d’Etat et la Cour de cassation, déclaré légal l’arrêt sordide de l’alimentation de Vincent Lambert , il ne l’ont pas ordonnée. La décision a été prise par le pouvoir exécutif de qui dépend, on le rappelle, l’hôpital public.
Il y a un responsable suprême de la mort de Vincent Lambert , il s’appelle Emmanuel Macron. Les Français doivent le savoir . En particulier les 43 % de catholiques pratiquants qui votent pour lui. Encore que la défense de la vie humaine ne devrait pas être l’apanage des croyants.
Je ne crois pas , en fait, que Michel Houellebecq ne sache pas tout cela , ni qu’il soit naïf . Il n’a pas à craindre de représailles. Mais qui dit que le journal qui fut de référence et qui n’est plus qu’officiel, Le Monde , aurait publié un article mettant directement – et légitimement – en cause le chef de l’Etat ?
Roland HUREAUX