Laurent Waucquiez veut limiter le « droit du sol ». Il a raison, mais trop peu et trop tard. Au Parlement, avec mes amis de la Droite populaire, au sein de l’UMP, j’ai défendu l’abrogation de ce droit dont l’érection en tabou de la République est une imposture. J’aurais aimé, à l’époque, que l’actuel Président des « Républicains » fût déjà sur cette ligne, mais ce n’était pas le cas. La sagesse populaire dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Certes, mais on perçoit la difficulté : comment faire confiance à un parti qui propose aujourd’hui de prendre des mesures qu’il n’a pas mis en oeuvre lorsqu’il était au pouvoir ? La posture est facile : d’abord, on s’attaque au droit du sol ce qui permet, si j’ose dire, de reprendre pied sur le terrain de la vraie droite, puisque Macron captant l’électorat centriste, c’est là que se trouvent désormais les électeurs, par ailleurs supposés déçus par le Front National ; ensuite, comme LR ne compte que cent députés, on ne risque pas de faire passer une loi en ce sens ; enfin on botte en touche référendaire pour faire gaulliste et démocrate, sans la moindre chance que la consultation soit organisée, puisque Nicolas Sarkozy s’est ingénié à rendre le référendum d’initiative populaire à la suisse impraticable lors de la réforme constitutionnelle de 2008.
Les réactions à la proposition de Laurent Waucquiez éclairent non seulement la situation présente mais le lourd passé de la droite parlementaire dans notre pays, à laquelle j’ai malheureusement appartenu. Chaque fois que la droite a esquissé le désir d’être une vraie droite, comme semblait l’être le RPR jusqu’en décembre 1986, elle a séduit les électeurs mais elle s’est trouvée confrontée à une quadruple opposition : en premier celle d’une large partie des médias empressés à relayer les éléments hostiles de la société civile ; en second, la réticence du parti centriste avec le risque qu’il rejoigne une partie de la gauche ; en troisième lieu, quelques personnalités du mouvement soucieuses de se différencier médiatiquement en se drapant dans le progressisme et l’humanisme ; enfin, le manque de convictions et la priorité purement carriériste des dirigeants. Les positions actuelles de Juppé qui fut à la tête d’un RPR très droitier soulignent ce dernier point. NKM poussait l’attitude correspondant au précédent jusqu’à la caricature. L’affadissement pour ne pas dire la paralysie réformatrice, et plus largement, intellectuelle de l’UMP a montré que le centrisme a contribué à rendre la droite inopérante. Raffarin fut le champion dans ce domaine. Enfin, le déséquilibre médiatique propre à notre pays pousse les élus à une certaine couardise. Les positions droitières n’ont pas bonne presse, et se trouvent qualifiées de controversées, voire de sulfureuses, et sont systématiquement soupçonnées d’intentions électoralistes indignes, comme si il y avait des électeurs « intouchables » selon un bien étrange système de castes dans notre pays. Un certain nombre de lois liberticides votées par la gauche mais aussi par la « droite » soucieuse de se racheter aux yeux de la presse inquisitoriale permettent en plus de traîner devant les tribunaux, et leurs juges souvent politisés, les mal-pensants, même s’ils sont parlementaires.
Rien de neuf sous le soleil. Ce matin, sur BFMacron, Barbier édictait sur un ton professoral et notation à l’appui un certain nombre de contre-vérités : premièrement, que Waucquiez s’engageait sur la question de l’immigration, parce que Les Républicains soutenaient Macron sur l’économie, ce qui est faux, par exemple en matière de fiscalité ; deuxièmement que le droit du sol était un invariant français, bref un de ces tabous inventés par la pensée unique et le politiquement correct, dont Barbier est l’un des « imams » autoproclamés. Les médias n’ont eu aucun mal à trouver des élus LR, comme Gosselin, ravis de passer à la télévision pour dire qu’ils n’étaient pas d’accord avec leur Président, en s’appuyant eux-aussi sur le fallacieux pilier républicain que serait le droit du sol. Les centristes vont pouvoir exhiber leur pureté idéologique en dénonçant la dérive lepéniste du discours du chef des Républicains. C’est là un processus dont il faut se défaire : la gauche est parvenue à transformer en tabous des mesures dénuées de justification au regard de l’intérêt supérieur du pays, et elle a réussi à convertir une partie de la « droite », soumise par conformisme, par ignorance ou par intérêt électoral à courte vue. L’avortement ou le droit du sol en font partie.
Rien n’est plus faux que de dire que le droit du sol est plus républicain que le droit du sang. C’est exactement le contraire. Le fait de faire dépendre celui qui naît du maître du sol est le droit régnicole, celui qui correspond à la monarchie d’avant 1789. Dès que la République a légiféré sur le sujet, sous le Consulat, elle a imposé le droit du sang, le fait que tous les citoyens héritent leur nationalité de leurs parents, comme ci-devant les nobles de leur noblesse. Ce droit égalitaire entre les citoyens excluait les étrangers dont l’acquisition de la nationalité devait être un acte de volonté, suivant le principe du contrat. Non seulement, le « sang » mentionné n’avait aucun rapport avec la race, mais encore se rapportant à un héritage qu’il n’est pas interdit d’abandonner, il n’avait pas le caractère automatique de la nationalité résultant de l’endroit où l’on vient à la vie, même quand on n’a pas la moindre sympathie culturelle pour le pays. Mayotte et la Guyane sont actuellement des usines à fabriquer des Français d’importation. Le droit du sol a été imposé entre la guerre de 1870 et celle de 1914 pour compenser notre effondrement démographique face à l’Allemagne, et non à un principe juridique intangible. Les temps ont changé. L’intérêt supérieur de la France n’est plus le même, et les immigrés non plus. Le droit doit donc changer !
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