Ainsi donc le Parti Populaire Européen et le Fidesz hongrois ont trouvé un habillage pour sanctionner le second, avec son accord, afin de ne pas trop gêner la prétendue « droite » européenne à la veille des élections. Ce règlement de comptes hypocrite et filandreux est à l’image de l’Union Européenne. Celle-ci est une imposture dont le dernier livre de Philippe de Villiers révèle les arcanes : « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu ». L’affiche montrant Juncker comme l’acteur politique au premier plan, et Soros comme l’inspirateur, en arrière-plan, complices tous deux de la submersion de l’Europe sous le flot des migrants, qui a été placardé en Hongrie n’est pas pardonnée. Entre deux libations, le grotesque président de la commission bruxelloise, a exigé l’exclusion du Fidesz hors du PPE et ne l’a pas tout-à-fait obtenue. Philippe de Villiers commente ainsi la rencontre du 27 avril 2017 entre Juncker et Soros : » Sur fond de drapeau étoilé, Soros tient la main de son vassal dans la sienne. Ce jour-là, il est venu parler de l’Ukraine, du Brexit, et il a aussi exigé que soit déclenchée la procédure de sanction contre le Premier ministre hongrois. Juncker a promis de s’exécuter. »
La comparaison entre les hommes permet d’illustrer la dérive européenne par rapport aux intentions apparemment affichées à l’aube de la « construction », et trahies en fait dès l’origine. La première désillusion vient de la prétention démocratique. Au lendemain de la victoire des démocraties occidentales, on pouvait espérer que l’un des buts de la marche vers l’unité de l’Europe était d’y installer et d’y consolider les institutions de la démocratie, fondée à la fois sur la souveraineté des peuples et sur l’Etat de droit. Or la confrontation entre Orban et Juncker, est celle d’un opposant déterminé à la dictature communiste qui a régné en Hongrie pendant 45 ans, et qui est pour la quatrième fois Premier ministre élu par des majorités très confortables, avec l’ex-premier ministre du confetti luxembourgeois, par ailleurs paradis fiscal, battu chez lui, et recyclé à Bruxelles, qui ne détient, lui, aucun mandat populaire. Quant à l’homme de l’ombre, financier et spéculateur, à la fois américain et hongrois, il joue un rôle occulte dans les coulisses de la politique grâce à l’ONG qu’il préside, l’Open Society Foundation, et sa myriade d’associations annexes. Il n’a aucun mandat électif, mais son poids politique international est considérable, à la mesure d’une fabuleuse richesse à l’origine trouble. C’est, toujours selon Philippe de Villiers, le « fils spirituel » de Jean Monnet.
Cette filiation met en lumière la seconde faille originelle de l’Europe. Elle est issue d’un renversement de la hiérarchie nécessaire entre la politique et l’économie. Même, si le monde de la production, des échanges, et de la consommation devait être entièrement laissé aux initiatives de la société civile, au jeu des intérêts privés, et au dynamisme de la concurrence, il faudrait qu’il y ait un Etat qui garantisse la sécurité, assure la justice, et protège le bien commun face aux appétits individuels. Le « père de l’Europe » panthéonisé » par Mitterrand, n’était qu’un « petit financier à la solde de l’Angleterre », selon de Gaulle. Jean Monnet, qui a soigneusement évité de combattre en 1914, a passé la plus grande partie de sa vie au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Chine aussi, et même en Russie soviétique pour y faire des affaires, toujours en lien avec de grandes banques anglo-saxonnes et grâce à des relations privilégiées avec les pouvoirs de l’Angleterre comme de l’Amérique, à la lisière de la politique et de l’économie. Son rôle en France a toujours dépendu de ses attaches américaines. Cela lui ouvrait plus qu’à un autre les portes à Washington, et lui permettait de servir les objectifs de ses amis américains. Soros est dans une situation analogue : aventurier de la finance, lui-aussi, ne disposant d’aucune légitimité démocratique, c’est pourtant lui qui est capable d’agir sur la politique et le destin des peuples. L’Europe ouverte à tous les hommes et à tous les produits, sans frontière ni barrière, est aussi une Europe sans citoyens !
Enfin, c’est au nom des valeurs que la « suspension » du Fidesz a été décidée. La Hongrie a inscrit les valeurs chrétiennes dans sa Constitution. On a fait croire qu’avec Adenauer, De Gasperi et Schuman, la construction européenne était avant tout un projet démocrate-chrétien. On sait maintenant qu’elle est la mise en oeuvre d’une destruction systématique des Etats, de la souveraineté des peuples, de l’identité des cultures, au profit d’un mondialisme où l’homme devient une marchandise, elle-aussi exportable. Que cette trahison se fasse au nom de prétendues valeurs « humanistes » est le comble du mensonge européen !
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