Ukraine : ces médias qui nous mènent droit à la guerre mondiale

Pro-Européens contre pro-Russes ? Jeunesse éprise de « liberté » et de Coca-Cola, contre nostalgiques de l’Armée rouge et du goulag ? Gentils progressistes féministes multiculturels (Ouais! Trop lol !) contre méchants réactionnaires homophobes racistes (Bouh ! facho !) ? Êtes-vous sûr de posséder les bonnes grilles de lecture du monde, celles qui, par exemple, vous permettent de comprendre la fracture apparue violemment en Ukraine en ce début d’année 2014 ?

Fin de l’Histoire ?

Peut-être avez-vous l’intuition que ces oppositions binaires sont un peu courtes, voire trompeuses ? Peut-être êtes-vous parfois saisi par l’étrange sentiment que le prêt-à-penser servi nuit et jour sur nos écrans par la société du spectacle ne fournit pas à votre entendement le moindre début d’explication du monde satisfaisante ?

L’Histoire des hommes naît des tensions entre ceux-ci : ces tensions créent des conflits, des victoires, des défaites, et des changements dans l’ordre établi. Notre société occidentale de ce début de XXIe siècle vit dans la croyance que l’Histoire est finie (cf. théorie de Francis Fukuyama) : le mur de Berlin est tombé, on a gagné, et le monde va progressivement converger vers une “civilisation” unifiée parlant anglais, buvant du Coca et pianotant sur Facebook. Toute alternative et forcément mauvaise et rétrograde, l’Autre n’est plus un concept possible, les tensions sont supprimées, l’Histoire est finie.

Mais il se pourrait que l’Histoire ne soit pas finie. Peut-être le pensez-vous aussi ?

La tectonique des plaques

De la même façon que les forces souterraines président aux tensions qui travaillent la croute terrestre, les idées des hommes président aux tensions qui travaillent l’humanité ; elles sont irrépressibles, leurs effets sont invisibles en surface, mais leur puissance s’emmagasine petit à petit dans les profondeurs de la société. Jusqu’au jour où les résistances cèdent, et c’est le tremblement de terre.

Connaître les idées qui travaillent le monde, c’est avoir la grille de lecture permettant de comprendre les lignes de fractures. Au XVIe siècle, c’est le schisme dans l’Église qui explique les conflits qui déchirent l’Europe et la France ; catholiques et protestants portent deux conceptions antinomiques de ce que doit être la société. Grâce à ce prisme que nous fournit la connaissance des idées religieuses, nous donnons du sens aux événements, nous comprenons l’Histoire ; nous comprenons par exemple pourquoi, par une belle nuit d’été de l’an de grâce 1572, des milliers de Parisiens ont assassiné leurs voisins.

Mais comprend-t-on pourquoi il y a 15 jours, en Ukraine, 100 personnes se sont entretuées sur en une journée ? Le comprenez-vous vraiment ?

Et en France comprend-t-on vraiment ce qui est à l’origine des tensions de plus en plus vives au sein de la société ? Que nous propose-t-on comme grille de lecture ? La gauche contre la droite ? Les républicains contre le Front national ? La République contre Dieudonné ? Les racistes contre les immigrés ? Les progressistes contre les réactionnaires ? L’ordre républicain contre les forces sombres ?

Vous savez bien que ces étiquettes éculées ne disent rien, ne sont que des facilités de langage pour journalistes fainéants et radoteurs, des oppositions imaginaires qui en disent plus long sur ceux qui les assènent que sur la réalité qu’elles sont censées décrire. Les médias ne voient plus le monde depuis longtemps, ils projettent sur lui leurs fantasmes, leur morale binaire.

En réalité, la mécanique médiatique à l’œuvre face à une tension qui se fait jour est toujours la même ; derrière des mots apparemment descriptifs mais en vérité largement connotés (islamistes, Al-Qaïda, extrême droite, intégristes, nationalistes, homophobes, réactionnaires, etc,) il s’agit de faire passer un message simple ; d’un coté il y a les gentils, et de l’autre, il y a  les méchants.

Les méchants contre les gentils

World Trade Center ? Gentils contre méchants. Irak ? Gentils contre méchants. Afghanistan ? Gentils contre méchants. Libye ? Gentils contre méchants. Mali ? Gentils contre méchants. Centre-Afrique ? Gentils contre méchants. Ukraine ? Gentils contre méchants ? Si, parfois, certains émettent des doutes, BHL se rend sur place pour bien nous confirmer qui est qui.

Outre le fait que cette approche manichéenne constitue le niveau zéro de l’analyse géopolitique, c’est surtout criminel. À longueur d’articles et de journaux télévisés, c’est la légitimation de la guerre, lentement mais sûrement, qu’on installe nos esprits. Présenter celui avec lequel on est pas d’accord comme un méchant, un anti-démocrate, un anti-républicain, un anti-droits de l’homme, un anti-progrès, un antisémite, un anti-IVG, bref un anti-bien, c’est dire : « un jour, il faudra le tuer ».

Or il n’y a jamais de gentils ni de méchants. Et les pires sont certainement ceux qui cherchent à se faire passer pour les gentils. Gentils, les cowboys ? Gentils, les Robespierre ? Gentils, les Républicains ? Gentils, les Américains ? Gentils, les Israéliens ? Gentil, le FLN ? Gentils, les bolchéviques ? Gentils, les rebelles de Maïdan ?

Bien sûr, ni les Palestiniens, ni les Indiens d’Amérique, ni les Russes, ne sont « gentils » non plus. Mais ils n’ont jamais osé en appeler au « Bien » pour légitimer la défense de leurs intérêts et de leurs modes de vie. On est toujours le gentil à ses yeux et le méchant aux yeux du camp d’en face, évidemment. Chacun estime toujours qu’il a raison. C’est une lapalissade qui n’explique rien. Les Américains sont, à leurs yeux, les gentils injustement agressés. Pour autant, sommes-nous tous Américains comme nous l’enseigne les médias (cf. l’édito du Monde du 12 septembre 2001) ? Je précise : devons-nous voir le monde à travers les yeux des Américains ? Ou ceux des pays musulmans ? La réponse de tout homme de raison est NON.

Vous le savez bien, ce sont les idées, les modes de vie, les intérêts, qui s’opposent, pas des gentils et des méchants. Qu’on arrête de ne nous parler comme à des enfants de 2 ans. Les Russes ne sont pas méchants, pas plus que les Américains. La seule chose qui puisse garantir la paix c’est l’équilibre, ce qui dans les relations internationales correspond au respect mutuel entre des peuples libres.

À cet égard, des pays indépendants et des peuples souverains sont la meilleure garantie d’un monde en paix, (c’est d’ailleurs ce qui explique l’article 1 de la charte des Nations Unies : le droit d’un peuple à disposer de lui-même), bien plus qu’un monde sous hégémonie américaine ; cette “pax Americana” qui, en condamnant les peuples à l’américanisation ou au bannissement, conduit en réalité à la guerre.

Alors, d’après vous, quelles sont, en ce début de XXIe siècle, dans notre monde apparemment sécularisé, les idées, les modes de vie alternatifs, les intérêts, qui permettent de comprendre les tensions croissantes, et, demain, de justifier le meurtre de son voisin ?

Voici ici et quelques pistes pour les esprits curieux…

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68 Comments

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  • 0 / 10
  • Marie Genko , 22 mars 2014 @ 13 h 48 min

    Cher Monsieur,

    Votre article sur le lien est aussi obsolete que déprimant!
    Pour avoir un esprit positif, allez donc faire un petit séjour aux USA!
    Nos amis américains sont les champions de l’optimisme, et vous en avez bien besoin!
    L’Histoire ne se répète pas, les mentalités changent et le monde aussi!
    J’ai posté ci-dessous un article écrit par un Canadien, article plein de bon sens et de réalisme…
    Allez, courage! le monde peut encore être multi polaires et les civilisations peuvent encore survivre, envers et malgré les gens qui raisonnent comme vous !
    Pour moi qui suis chrétienne, c’est une certitude, puisque Dieu est avec nous!

  • Marie Genko , 22 mars 2014 @ 14 h 00 min

    Le rejet du chrisitianisme, il vient de l’hérésie interne à certaines confessions chrétiennes!

    Ce sont les intransigeances et les erreurs glissées par Satan à l’intérieur de certaines confessions qui ont éloigné celles-ci de la Vérité évangélique et qui ont sali l’image du christianisme tout entier.

    Voilà pourquoi il est si important aujourd’hui que le dialogue inter religieux aboutisse à l’Union des chrétiens catholiques et orthodoxes.
    Lorsque nous aurons dépassé nos divisions et nos erreurs, le Christ triomphera à nouveau dans le coeur des hommes et nous mènera vers notre Salut.

    Ne croyez pas que le christianisme puisse mourir!

    Car Dieu est avec nous!

  • rocardo , 22 mars 2014 @ 14 h 24 min

    La guerre au MO existe depuis 1400 ans.Lez muzz ont même un terme pour ça:fitna.
    Et puis,les ressources pétrolières honteusement “pillées” par les méssants Occidentaux:
    first/qui les a trouvées et amené les techniques nécessaires pour les exploiter?pas les enculeurs de chèvres locaux,en tout cas.
    deuz/on leur paye,leur putain de pétrole,non?Il existe bien des cours mondiaux,non?

  • Colargol , 22 mars 2014 @ 14 h 51 min

    La Russie a bien mis l’embargo sur l’importation de viande venant de l’Union européenne prétextant des cas de peste porcine en Biélorussie ( 2 cas) et en Pologne ( 2 cas).
    Mais là évidemment, c’est une décision tout à fait sensée de pénaliser les agriculteurs Danois ou Français, puisque c’est le gouvernement de Poutine qui l’a prise.
    Et Poutine a toujours raison bien entendu et Obama a forcément tort puisqu’étatsunien.

  • patrick Canonges , 22 mars 2014 @ 15 h 50 min

    vous m’avez mal lu. La cible à abattre c’est l’Amérique. Poutine est donc dans le camp du bien, donc de l’Islam, contre ces pauvres ukrainiens abrutis par le christianisme.

  • patrick Canonges , 22 mars 2014 @ 15 h 52 min

    Rien compris. Les homo sont les rois en Russie. La fameuse loi de Poutine est contre la pédophilie, pas contre les homos qui étaient et sont toujours très nombreux chez les bolchéviks ou leurs héritiers. Et c’est très bien.

  • Eric Martin , 22 mars 2014 @ 16 h 52 min

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