Il y a dix ans, Jacques Faizant s’éteignait

Aucun hommage ne lui a été rendu dix ans après sa disparition. Jacques Faizant est pourtant le grand caricaturiste de droite de la seconde moitié du XXe siècle. Il fut à la caricature ce qu’Hergé fut à la bande dessinée. Leur trait, à tout deux, était étonnement figuratif et évocateur. Leur crayon, discipliné, va droit au but. Leur dessin a juste ce qu’il faut, comme dans une hypothèse d’école. Cette quasi perfection, pure et limpide, ressortit de ce que l’on appelait jadis l’harmonie française. La caricature de Faizant est plus achevée que ne l’était l’ébauche typée du talentueux Trez, sans le côté brouillon de Plantu ou, a fortiori, du regretté Cabu.

Quant à l’humour, il est ravageur, désopilant, réconfortant. En effet, en des temps difficiles que furent, pour l’homme de droite, l’arrivée au pouvoir d’une gauche mitterrandienne à la fois donneuse de leçons et calamiteuse, le dessin de Faizant fut comme une sorte de pied de nez à l’occupant du terrain intello-artistique. Face à cette prétention hégémonique à détenir le monopole de la culture et de l’esprit, le dessin de Faizant permettait à l’homme de droite de recouvrer sa fierté. Chaque jour, au premier coup d’œil, on savait qu’on avait raison de penser ce que l’on pensait. Et l’on jubilait, de surcroît, de vérifier que l’humour, le talent et la fantaisie n’étaient pas, résolument pas, la chasse gardée de la gauche. Savourer le petit croquis moqueur qui lui jouait un tour pendable, c’était comme siffloter un air frondeur.

> Marc Crapez est politologue. Sa page Facebook.

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10 Comments

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  • von reisner , 21 janvier 2016 @ 12 h 38 min

    Oui son trait visait juste et son verbe ne l’était pas moins (juste).
    Un rappel de mémoire : en 1982, quand les revers s’accumulent pour la gauche (prétentieuse) au pouvoir, Mitterrand et Mauroy (alors 1er sinistre) se promènent sur une plage, et l’un dit à l’autre l’air tout désolé :
    “Je ne comprends pas, à part avoir ruiné le pays et mentit tout le temps aux français, la gauche n’a jamais rien fait de mal…”
    Nul besoin de rien changer à sa formule pour décrire en peu de mots la situation actuelle !

  • FIFRE Jean-Jacques , 21 janvier 2016 @ 13 h 52 min

    Je ne me suis jamais senti “charly” quand tous les autres se la jouaient charlot, mais, là, je me serais volontiers senti Jacky”…Mais c’est vrai cela fait peu tendance.

  • marie-france , 21 janvier 2016 @ 15 h 41 min

    ,oui,oublié des merdias ,pourtant c’était autre chose que les “charlots” …….pardon charly

  • marc crapez , 21 janvier 2016 @ 16 h 21 min

    N’était la “chanson de Jacky” qui interfère, moi aussi!

  • marc crapez , 21 janvier 2016 @ 16 h 24 min

    Très bon!
    Il y avait aussi Marianne leur disant “vous n’êtes décidément bon à rien” et eux (Delors de mémoire) répliquant “pardon, nous excellons à être nuisibles!”

  • Leonetta , 22 janvier 2016 @ 8 h 42 min

    Oui Faizant était grand mais
    Il nous reste Chard , la dessinatrice de Présent et de Rivarol, aussi précise ,aussi poétique et aussi incisive.

  • Daniel chaudron , 22 janvier 2016 @ 19 h 24 min

    Bon, c’est vrai, Faizant a fait une quantité de très bons dessins politiques.
    Ce qui ne l’empêchait pas d’être un fieffé fayot gaulliste.

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